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Pénurie de personnel : des officinaux pour remplacer en PUI ?
Autoriser des pharmaciens adjoints d’officine à effectuer des remplacements « de courte période » dans les pharmacies à usage intérieur (PUI), c’est l’une des propositions de l’Ordre des pharmaciens pour faire face aux difficultés de recrutement et de remplacement de pharmaciens hospitaliers. Et ça coince.
Les pharmacies à usage intérieur (PUI) sont elles aussi touchées par la pénurie de professionnels de santé. Pour faire face aux difficultés de recrutement et de remplacement dans les PUI, l’Ordre des pharmaciens a présenté à la Direction générale de l’offre de soins (DGOS) plusieurs propositions. Et toutes ne conviennent pas aux représentants de la profession, syndicats de pharmaciens hospitaliers (Syndicat national des pharmaciens des établissements publics de santé – SYNPREFH et Syndicat national des pharmaciens hospitaliers – SNPHPU) et d’internes en pharmacie hospitalière (Fédération nationale des syndicats d’internes en pharmacie et biologie médicale – FNSIP-BM), qui l’ont fait savoir dans une lettre adressée directement à la DGOS le 17 mai.
La création de passerelles entre la formation officinale et le DES de pharmacie hospitalière par « un jeu de validation de blocs de compétences et de stages hospitaliers », et l’autorisation pour des pharmaciens adjoints d’officine à effectuer des remplacements, jusqu’à quatre mois par an, dans les PUI, passent mal. Sur la forme : « L’Ordre nous a présenté des solutions mais seulement à titre informatif. Les décisions ont été prises sans nous avoir concertés », explique Alexis Plan, président de la FNSIP-BM. Et sur le fond : en plus d’une « remise en question du DES de pharmacie hospitalière, incompatible avec le haut niveau de service attendu et rendu par le pharmacien hospitalier […], envisager d’autoriser des pharmaciens adjoints à effectuer des remplacements de courte période en PUI sans activité à risque, sans pour autant avoir l’autorisation d’exercer en PUI, est inconcevable. En effet, dans les établissements de santé, les risques ne sont pas uniquement liés aux activités des PUI, mais surtout aux profils des patients pris en charge », expliquent les syndicats dans leur courrier. « Remplacer quatre années d’internat par des stages et des périodes à l’hôpital, ce n’est quand même pas la même chose », déplore Philippe Meunier, président du SNPHPU. De plus, « nous n’avons pas de détails sur les modalités techniques du remplacement ». A priori, tout adjoint pourrait remplacer en PUI, sans besoin de formation supplémentaire. D’où une pétition mise en ligne le 5 juin. « Nous sommes, au sens large, près de 10 000 praticiens en PUI, et la pétition a déjà recueilli, le 8 juin, 2 000 signatures », annonce Alexis Plan, montrant ainsi l’inquiétude de ses confrères.
Coup de pression ?
Le coup de gueule des hospitaliers n’est pour autant en rien dirigé contre les officinaux. « On veut travailler avec les officines, répète Alexis Plan. Nos professions sont complémentaires. En tant qu’internes, nous voulons accentuer le lien hôpital/ville, c’est le liant de notre projet. Nous demandons juste à être invités à prendre place autour de la table », explique le représentant des internes. D’autant « qu’on nous a donné aucun chiffre sur les besoins », déplore-t-il. « Nous n’avons aucune idée de l’ampleur des manques et du nombre de PUI en difficulté », complète à son tour Philippe Meunier.
Pour Alexis Plan, « on ressent un coup de pression. Il n’y a pas eu de grandes modifications de la PUI depuis plusieurs années et là il faut faire expressément des propositions. À l’approche de l’été, je veux bien que l’on m’explique pourquoi ce tel degré d’urgence. » « On est dans une situation aigüe, on n’a pas de réelles solutions et sous prétexte de vouloir en trouver rapidement, on démantibule le système de santé », ajoute Philippe Meunier. D’autant que cette mesure risque, selon lui, d’accentuer la pénurie d’adjoints d’officine : « On apporte de l’eau au moulin de la désertification », conclut-il amèrement.
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