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Pénurie de médicaments : la réalité du surstockage
L’ancien ministre de la Santé et de la Prévention, Aurélien Rousseau, avait déjà accusé, en octobre 2023, certaines grandes pharmacies de surstockage d’amoxicilline, privant ainsi d’autres officines d’un approvisionnement décent. L’agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) ne semblait toutefois pas faire ce constat, les stocks étant, selon elle, principalement localisés chez les industriels. Par ailleurs, les causes de ruptures étant multifactorielles et liées à une augmentation de la demande mondiale de médicaments, le surstockage ne peut expliquer, à lui seul, ces situations. L’enquête réalisée par Cash investigation et diffusée jeudi 9 janvier sur France 2 n’a pas manqué de revenir sur cette pratique.
Surstockage : la faute des pharmaciens ?
Filmé en caméra cachée, un pharmacien titulaire témoigne avoir été encouragé par un industriel à stocker de l’amoxicilline pour 6 mois en prévention du risque de pénurie hivernale. Une proposition adressée, selon lui, aux meilleurs clients par les commerciaux des laboratoires.
L’ancien président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), Gilles Bonnefond, évoque quant à lui des pratiques commerciales de certains laboratoires faisant de l’amoxicilline un produit d’appel. Une officine adhérente du syndicat aurait reçu une proposition d’un génériqueur : 80 boîtes d’amoxicilline garanties pour une commande de 2 000 euros de médicaments génériques ou 160 boîtes pour 4 000 euros de commande. Une méthode de vente jugée « immorale » par l’ancien président de l’Uspo.
Un encadrement des pratiques
En 2023, l’ensemble des acteurs de la chaîne du médicament ont signé une charte d’engagement pour garantir un accès équitable des patients aux médicaments faisant l’objet de tensions d’approvisionnement. Dans ce cadre, les industriels s’engagent à prioriser les flux de distribution vers les grossistes-répartiteurs pour une répartition homogène sur le territoire national. En prévision de l’hiver et pour éviter que ne se reproduise la situation de 2023, l’ANSM a également acté en juillet 2024 un approvisionnement exclusif des pharmacies par les grossistes-répartiteurs pour les médicaments pédiatriques à base d’amoxicilline seule ou en association, empêchant ainsi les ventes directes. Par ailleurs, les signataires doivent s’astreindre à appliquer une démarche éthique excluant tout argument commercial au détriment de la santé publique. Les pratiques dénoncées par Cash investigation ne devraient donc plus avoir lieu si l’ensemble des acteurs respectent leurs engagements.
Bien que la saison hivernale de 2024-2025 ne soit pas encore terminée, les engagements pris par les acteurs du médicament semblent avoir permis d’améliorer la répartition de l’amoxicilline cet hiver.
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