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Open comptoir

Publié le 30 mars 2024
Par Laurent Lefort
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Les comptes sociaux sont dans le rouge et l’ambiance générale est à la recherche d’économies. On l’avait « un peu » compris dans le cadre des négociations de l’avenant économique à la convention nationale pharmaceutique. On l’avait un peu mieux compris après l’échange entre Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités, et une délégation de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) le 18 mars. On l’a bien voire très bien compris après l’intervention de Bruno Le Maire sur RTL, le 26 mars. S’exprimant sur le déficit public plus important que prévu en 2023, le ministre de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, va réclamer de nouvelles coupes. Interrogé puis relancé sur l’hypothèse d’un remboursement des soins en fonction des revenus et/ou d’une contribution accrue pour les personnes en bonne santé qui gagnent bien leur vie, il a plutôt approuvé cette éventualité, indiquant un peu plus tôt dans l’entretien que « les médicaments, désolé, ça ne peut pas être open bar ».

 

« Gagner plus pour payer plus », la mesure accompagnée de juste ce qu’il faut de démagogie saura certainement séduire. Elle interpellera aussi celles et ceux qui n’oublient pas que l’Assurance maladie s’est construite depuis 1945 sur l’égalité d’accès aux soins, leur qualité et la solidarité. Sans distinction, ni dans un sens ni dans l’autre. En instaurant des paliers de solidarité, les plus gros contributeurs se sentiront-ils en droit d’exiger davantage de considération, un temps médical accru, une prise en charge plus haut de gamme ? Revendiqueront-ils avec insistance la liberté de préférer un système assurantiel qui pourrait leur être plus favorable ? Assisterons-nous, en attendant, à un comportement proche d’une assurance privée, à ceci près qu’il s’agira des deniers du public ? Les trois fondamentaux de la Sécurité sociale risquent à la longue d’avoir bien du mal à tenir le choc.

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