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Monopole officinal : Leclerc obscur
Le monopole officinal, historiquement fondé sur le médicament, s’étend également à divers produits non médicamenteux ainsi qu’à plusieurs activités spécifiques. En raison de sa complexité, il peut être envisagé comme une construction pyramidale, dont le sommet est incarné par le pharmacien lui-même.
Une réalité en trois dimensions
Cette position repose sur trois dimensions fondamentales :
– un monopole professionnel, conférant au pharmacien l’exclusivité de la dispensation au détail des médicaments et de certains produits annexes ;
– un monopole de lieu, associé à une structure physique spécifique : l’officine ;
– un monopole de capital, imposant que le propriétaire de l’officine soit un pharmacien titulaire. Ce principe permet de maintenir l’indépendance du professionnel vis-à-vis de tout autre intérêt financier, ce qui garantit une prise de décision médicale neutre et indépendante.
L’octroi de ce monopole se justifie principalement par des impératifs sanitaires. Il vise à garantir la protection de la santé publique en assurant un approvisionnement sûr, de qualité et en luttant contre la surconsommation et les pénuries de médicaments. D’un point de vue économique, il contribue à l’équilibre des systèmes de Sécurité sociale tout en assurant la pérennité des officines. En outre, cette position dominante repose sur les compétences scientifiques du pharmacien, qui sont des garantes de la sécurité sanitaire, de prestige et de sérieux dans l’exercice de sa profession.
Cependant, l’exercice officinal implique un ensemble d’obligations, parfois contraignantes et souvent coûteuses, qu’il est difficile d’assumer et de financer. Parmi celles-ci : la notion fondamentale d’indépendance ; la détention d’une autorisation administrative ou d’une licence d’ouverture ; le respect des règles de densité et de maillage territorial ; l’exercice personnel et la nécessité de corréler le nombre de pharmaciens au chiffre d’affaires de l’officine ; l’interdiction d’exercer d’autres professions ; l’obligation de permanences et de gardes ; la pharmacovigilance ; la formation continue obligatoire ; l’interdiction de sollicitation illicite de la clientèle et d’incitation à une consommation abusive de médicaments ; le respect de règles de publicité particulièrement strictes, etc. En somme, l’équation suivante résume cette réalité : médicament = officine = pharmacien.
Un concurrent redoutable
E.Leclerc s’impose comme un véritable vivier de docteurs en pharmacie. Avec un agencement comparable à celui des officines traditionnelles, elle bénéficie également d’avantages significatifs : des règles de publicité favorables, des prix attractifs et une localisation stratégique. Ces atouts permettent à la parapharmacie E.Leclerc de se positionner comme un concurrent redoutable. Cependant, le risque que l’ouverture du monopole s’étende aussi aux commerces de proximité persiste pour E.Leclerc. L’enseigne se concentre ainsi sur le monopole de lieu, en préservant son monopole professionnel, afin de ne pas remettre en cause une stratégie soigneusement élaborée. L’introduction d’une section spécifique à l’Ordre pour l’exercice en parapharmacie pourrait, en effet, exposer les docteurs en pharmacie à des règles déontologiques contraignantes. De plus, un titulaire de ce statut pourrait revendiquer des prérogatives qui vont au-delà de la simple distribution de produits : l’obtention d’une licence, la vente de tous les médicaments, et potentiellement, la remise en cause du dernier rempart monopolistique, celui du capital.
Au-delà du prix…
Restreindre le monopole officinal à la seule notion de prix reviendrait à occulter toutes les responsabilités et obligations du pharmacien, mais aussi à réduire son image et son rôle à une simple fonction de distributeur. Un tel bouleversement sous-estimerait également les risques liés à l’usage des médicaments. Ce faisant, cela bafouerait sa formation et sous-estimerait les risques liés à l’usage des médicaments. Il devient donc difficile d’avoir « le beurre et l’argent du beurre » en pratiquant un tri sélectif.
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