Monopole : Leclerc nous casse la tête avec le paracétamol

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Monopole : Leclerc nous casse la tête avec le paracétamol

Publié le 22 avril 2025 | modifié le 28 avril 2025
Par Elisabeth Duverney-Prêt
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Encore et encore. L'enseigne E.Leclerc lorgne une nouvelle fois sur le monopole officinal. Son objectif : distribuer désormais du paracétamol dans ses parapharmacies. L’Union des groupements de pharmaciens d'officine réagit vivement, à l’heure où le paracétamol challenge prend de l’ampleur chez les jeunes.

Michel-Édouard Leclerc n’en démord pas. Après la vitamine C autorisée en grandes surfaces depuis une vingtaine d’années, son objectif est cette fois de distribuer du paracétamol dans ses parapharmacies. Preuve en est la nouvelle campagne de publicité lancée le week-end de Pâques, arborant une boîte de Vitascorbol C1000 à 2,20 € : « Dommage qu’on n’ait pas le droit de faire pareil avec le paracétamol », affiche en grand l’encart publicitaire.

Politique des petits pas

« Alors qu’un français sur deux a déjà dû renoncer à se soigner pour des raisons financières, la loi nous interdit toujours de vendre du paracétamol et tous les autres médicaments sans ordonnance dans nos parapharmacies », ajoute la publicité. Une nouvelle sortie percutante qui n’a pas échappé à l’Union des groupements de pharmaciens d’officine (UDGPO) qui se bat depuis des années contre les géants de la grande distribution : « Nos juristes ont analysé cette publicité qui s’apparente à une campagne d’opinion et n’est donc pas attaquable en l’état. Il est certain que Michel Édouard Leclerc use et abuse de ses dernières victoires en justice en affichant une photo de Vitascorbol C1000 qui a fait l’objet de plusieurs batailles juridiques avec les pharmacies. Certaines ont été gagnées et il compte bien le faire savoir ainsi. Il mise tout sur la politique des petits pas », alerte Laurent Filoche, le président de l’UDGPO.

Risques d’intoxication

« À l’heure où l’on parle de paracétamol challenge chez les adolescents, cette publicité est pour le moins malvenue. Donner libre accès à ce médicament augmenterait considérablement les risques chez les jeunes. Certains pays comme la Suède sont revenus sur leur décision de délister le paracétamol suite à la multiplication des cas de surdosage », s’inquiète le responsable. L’UDGPO constitue actuellement un dossier qui sera remis à tous les députés, contenant de nombreuses études prouvant « une explosion des cas d’intoxications au paracétamol dans tous les pays où il a été délisté. Si une proposition de loi sur la commercialisation possible de paracétamol en parapharmacie venait à passer, les députés seraient responsables des morts qui interviendraient. » Dans un communiqué de presse paru en février, l’ANSM alertait : « En cas de surdosage, le paracétamol peut entraîner des lésions graves du foie, irréversibles dans certains cas, et pouvant nécessiter une greffe. »

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