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Masques en rade
La gestion de l’Etat des stocks stratégiques des masques médicaux a très vite suscité de nombreuses questions. Retour sur LA polémique qui a marqué la crise sanitaire.
Les masques sanitaires ont été le grand sujet qui a marqué la crise sanitaire et sa gestion par l’Etat. Alors que l’épidémie de Covid-19 commence à susciter de fortes inquiétudes dans le monde, le 26 janvier, Agnès Buzyn, alors ministre de la Santé, rassure sur les stocks d’Etat des masques. Pourtant, le 30 janvier, le ministère de la Santé, via la Direction générale de la santé (DGS), demande à Santé publique France (SPF) d’acquérir 1,1 million de masques FFP2. Le 4 mars, l’Etat réquisitionne l’ensemble des masques chirurgicaux et FFP2 en stock et en cours de production sur l’ensemble du territoire national jusqu’au 31 mai 2020. La conclusion est on ne peut plus simple : la France manque de masques.
Plus de 4 milliards de masques commandés
Il faut cependant attendre le 21 mars pour qu’Olivier Véran, qui a succédé à Agnès Buzyn, fasse le point sur les stocks d’Etat : au début de l’épidémie du coronavirus, le stock stratégique d’Etat représentait 117 millions de masques chirurgicaux pour adulte et zéro FFP2, contre 1,6 milliard dix ans auparavant. Au cours des semaines suivantes, le ministre annonce des commandes d’au moins 3 milliards de masques. Au 28 mai, le ministère a demandé à SPF l’acquisition de 4,78 milliards de masques, dont 62,85 millions de masques pédiatriques1. A la même date, SPF a procédé à l’acquisition de 3,42 milliards de masques, dont 2,4 milliards de masques chirurgicaux. Ce manque d’anticipation revient cher à l’Etat : le coût moyen d’un masque chirurgical s’élève à 0,41 € et celui d’un FFP2 à 1,56 €1. Quant aux réquisitions, elles vont concerner 44 millions de masques1.
Une distribution en ville au compte-goutte
En ville aussi, les professionnels ont besoin de masques. Le 26 février, le ministère de la Santé demande donc aux pharmaciens d’officine de distribuer les masques des stocks d’Etat aux professionnels de santé libéraux, en premier les médecins et infirmiers. Le maillage territorial du réseau officinal est en effet un atout pour toucher les professionnels de santé de proximité. Tout le monde joue le jeu. Rodé à l’exercice minutieux de la livraison de quantités petites ou moyennes, les grossistes-répartiteurs qui doivent livrer les officines s’acquittent au mieux de leur tâche. Le seul couac sera dû au choix d’un autre prestataire que les répartiteurs pour la deuxième dotation : de nombreuses pharmacies ne sont pas livrées ou partiellement. Après le 11 mai, les dotations augmentent et atteignent 40 millions de masques, contre 15 millions pour la première dotation début mars. Au fil des semaines, les pharmaciens doivent en effet distribuer des masques à plus de vingt professions.
Les patients oubliés
Les patients sont les grands oubliés de la gestion des masques par l’Etat. Dès fin février, la « doctrine » de la DGS est de réserver en priorité les masques chirurgicaux aux professionnels de santé libéraux. Les pharmaciens ne peuvent pas honorer la délivrance de masques sur prescription aux patients. Même si le 26 avril, les officines sont autorisées à vendre des masques grand public (en tissu) puis, le 30 avril, les masques chirurgicaux, les ordonnances ne sont toujours pas honorées. Ce n’est que le 5 mai que la doctrine change avec la distribution par les pharmaciens de masques des stocks d’Etat aux patients atteints de Covid-19, aux personnes contact et aux patients les plus fragiles.
Sources : Le Moniteur des pharmacies, Le Monde, Médiapart, Les Echos, Rapport d’étape de la Mission d’information de l’Assemblée nationale sur l’impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l’épidémie de Coronavirus-Covid-19, ministère des Solidarités et de la Santé.
1 Rapport d’étape en date du 3 juin de la Mission d’information de l’Assemblée nationale sur l’impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l’épidémie de Coronavirus-Covid-19.
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