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La marge grimpe de 2,8 %, les résultats comptables baissent
La marge réglementée des officines a progressé de 2,8 % en 2024. Cette croissance, qui intègre la marge dégressive lissée (+ 5,3 %) et les honoraires (+ 2 %), représente 160 millions d’euros de rémunération additionnelle par rapport à 2023. « Ce résultat est conforme à nos estimations », confirme Julien Chauvin, président de la commission Etudes et stratégie économiques à la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF).
Mais le chiffre reste sujet à interprétation. Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officines (USPO), se montre plus prudent : « J’ai reçu les données d’Iqvia, qui indiquent une évolution de 2 %. Le Gers, de son côté, chiffre cette hausse à 2,4 %. »
L’effondrement des revenus liés au Covid-19
Le reflux des activités liés au Covid-19 pèse lourd dans les comptes. En 2024, la rémunération liée à ces missions a reculé de 86 millions d’euros, soit une baisse de 47 % par rapport à 2023. Les tests antigéniques accusent une chute de 41 millions d’euros. Quant à la vaccination, elle passe de 83 millions d’euros à 45 millions en un an.
« Cette rémunération va encore se contracter en 2025 », prévient Julien Chauvin. « Au premier trimestre, les tests ont généré 17 millions d’euros. Avec l’arrêt du remboursement, cette activité va disparaître. Il ne restera que la vaccination contre la Covid-19. Et encore, nous ne dépasserons probablement pas les 30 à 40 millions d’euros. »
Remises génériques : – 43,5 millions d’euros
Pour la première fois depuis 2016, la rémunération issue des remises sur les génériques recule. La perte nette en 2024 atteint 43,5 millions d’euros. « Cette baisse ne sera pas compensée par la vaccination ni par les autres missions », déplore Julien Chauvin.
En cause, selon lui : l’augmentation des ruptures d’approvisionnement. « Lorsqu’un générique n’est pas disponible chez notre laboratoire partenaire, on se rabat sur un autre avec lequel on n’a pas de conditions négociées. Résultat : des remises bien moindres. » La FSPF dit travailler avec l’ANSM pour limiter l’impact de ces pénuries.
Une rentabilité sous pression
La croissance de la marge ne suffit pas à inverser la tendance sur le terrain. « L’excédent brut d’exploitation (EBE) a progressé de 5 % sur dix ans, mais les charges ont bondi de 25 %. Dans ces conditions, on n’y arrive pas », tranche Pierre-Olivier Variot. Le président de l’USPO prévoit de consulter son bureau sur les chiffres de la Caisse nationale de l’Assurance maladie (Cnam) avant d’envisager d’éventuelles suites. Même constat à la FSPF. « La hausse 2024 est insuffisante. Les résultats comptables sont en recul par rapport à 2023, avec des EBE en baisse dans la majorité des officines », reconnaît Julien Chauvin.
Une amélioration attendue en 2025
La FSPF mise sur l’avenant économique pour redresser la barre en 2025. « Il ne fallait pas attendre de retombées pour l’exercice 2024, puisque même la rémunération sur objectifs de santé publique (Rosp) exceptionnelle a été versée cette année. En revanche, en 2025, nous aurons des éléments tangibles. » Selon les projections syndicales, la croissance naturelle attendue tournerait autour de 170 millions d’euros. À cela s’ajouteraient les apports de l’avenant économique, estimés à plus de 90 millions d’euros. « On arriverait alors à près de 260 millions. De quoi vraiment soulager les trésoreries », avance Julien Chauvin.
Rendez-vous le 30 juin
Une commission paritaire nationale (CPN) est prévue le 30 juin. Les représentants officinaux y attendent les chiffres complets des Rosp dont le versement a débuté fin avril. Autre sujet sensible : les malus appliqués à la Rosp Busp. « Nombre de confrères sont très remontés sur ce point. Nous en débattrons », prévient Julien Chauvin.
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