Indus en officine : les pharmaciens se mobilisent pour une jeune consœur

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Indus en officine : les pharmaciens se mobilisent pour une jeune consœur

Publié le 24 avril 2025 | modifié le 25 avril 2025
Par Elisabeth Duverney-Prêt
La procédure financière dont fait l’objet une pharmacienne installée dans la Meuse suscite la mobilisation de la profession. La jeune pharmacienne n'aura d'autre choix que de mettre la clé sous la porte si la CPAM confirme son indu de 90 000 €.

La pétition approche déjà les 5 000 signatures. Autant de marques de soutien qui portent Juliette Lorrain dans son combat désormais quotidien. La jeune pharmacienne, installée à Montmédy dans la Meuse, a reçu récemment un courrier recommandé de la caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) l’informant d’une procédure financière pour laquelle elle serait potentiellement redevable de 400 000 €.

« Tout cela concerne un même médicament coûteux pour un seul patient. La CPAM a décidé de remonter jusqu’en 2022 et d’invalider certaines prescriptions qui portaient la mention informatique « à retirer en pharmacie hospitalière ». Le médecin prescripteur avait pensé à supprimer la mention sur certaines ordonnances, mais pas sur les autres. Ayant été contactée en amont par ce médecin et par un centre de référence national, j’ai délivré le médicament au patient qui en avait besoin », explique Juliette Lorrain. À ce premier motif de procédure financière, s’ajoute une erreur de manipulation des dossiers : « Des dossiers sont partis avec de mauvaises ordonnances en numérisation. Comme je n’ai jamais ce médicament en stock, j’attends toujours que le patient m’appelle pour le mettre en commande. Pour ne pas faire de bêtises en termes de dosage et de quantité, je mets le dossier en attente avec la numérisation de la précédente ordonnance. À deux reprises, nous avons laissé l’ancienne ordonnance dans la numérisation. Il n’y avait aucune volonté de frauder », regrette la pharmacienne.

Procédure brutale

Convoquée à la CPAM pour présenter ses arguments, il y a quelques jours, Juliette Lorrain a vécu « un moment très difficile. On m’a demandé de décliner mon identité à mon arrivée. Je me sentais accusée de facto. C’était très brutal », confie-t-elle. « Finalement le premier motif de la procédure a été annulé, mais reste le second pour lequel je risque un indu de 90 000 euros. Suite à ce rendez-vous, j’ai reçu un second courrier recommandé m’indiquant que je serai prochainement notifiée de cet indu. Je ressens cela comme une véritable injustice, car cette charge n’est pas supportable pour ma pharmacie. Je serai obligée de fermer si je dois payer cette somme. J’ai pourtant apporté tous les documents prouvant ma bonne foi et régularisé la situation. »

Un combat pour tous

Accompagnée par le syndicat départemental de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) dans cette procédure, Juliette Lorrain ne pense pas qu’à elle dans ce combat. « Il y a énormément d’inhumanité dans ces procédures. Un pharmacien qui est déjà au fond du trou et qui doit faire face à cette situation pourrait facilement perdre pied. Il est primordial d’en parler et de se sentir soutenus. J’ai reçu beaucoup d’appels d’autres pharmaciens que je ne connaissais pas et qui m’incitent à ne pas lâcher. Je ne sais pas quelle sera la suite des événements, mais leur soutien me fait énormément de bien. »

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