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Économie officinale : les remises sur les génériques divisées par deux
C’est une proposition qui fait l’unanimité contre elle. Lors d’une réunion de concertation tenue vendredi 20 juin, les représentants du ministère de la Santé ont proposé de réduire de moitié les remises commerciales sur les médicaments génériques, en les plafonnant entre 20 % et 25 %, contre environ 40 % actuellement. Une mesure qualifiée d’« inacceptable » par les syndicats officinaux et de « déclaration de guerre » par l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). « C’est insultant de la part de la Direction de la Sécurité sociale de faire ces propositions-là. C’est une attaque frontale contre notre économie », dénonce Pierre-Olivier Variot, président de l’USPO.
Une promesse bafouée
Cette offensive intervient à rebours des engagements pris quelques mois plus tôt. Lors de la signature de l’avenant 1 à la convention nationale pharmaceutique, Frédéric Valletoux, alors ministre de la Santé, avait assuré que seules les remises sur les biosimilaires seraient concernées par une régulation complémentaire. « Et là, ils divisent de moitié la remise sur les génériques, alors qu’on nous avait promis de ne pas y toucher », déplore Pierre-Olivier Variot.
L’administration évoque également une remise sur les biosimilaires supérieure à 15 %, sans plafond formel, et l’élargissement du plafonnement aux médicaments hybrides. Pour les syndicats, les conséquences sont lisibles : affaiblir structurellement un pilier économique du réseau officinal.
L’heure de la riposte
L’USPO a immédiatement réuni son conseil d’administration et enclenché les premières mobilisations. « Les manifestations ont déjà commencé dans le Sud. Elles vont s’étendre ailleurs, et de façon bien plus forte », affirme Pierre-Olivier Variot. Une grande journée de mobilisation interprofessionnelle est annoncée pour le 1er juillet, en coordination avec l’ensemble des professions libérales de santé.
À la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), Philippe Besset juge la proposition « catastrophique. On parle de 500 millions d’euros de perte cumulée pour le réseau. »
Une deuxième réunion de concertation est prévue dans une quinzaine de jours, les syndicats ayant d’ores et déjà obtenu le report du délai fixé au 1er juillet. Un arrêté fixera une nouvelle échéance, mais la confiance est rompue.
« Ce n’est pas une discussion technique. C’est une volonté délibérée d’asphyxier le réseau », tranche le président de l’USPO.
Un choc économique programmé
Le plafonnement intervient dans un contexte de fragilité croissante du réseau. Pour certaines officines, notamment en zones rurales, les remises génériques représentent jusqu’à 40 % du résultat d’exploitation
« En moyenne, les remises représentent 25 000 euros par pharmacie. Ce n’est pas marginal », souligne Philippe Besset.
À volume constant, une division par deux des remises revient à effacer une part vitale de la rentabilité des officines, alors que celles-ci assument déjà des missions croissantes (vaccination, entretiens, dépistages), avec des charges humaines et logistiques toujours plus lourdes.
Une manœuvre budgétaire sous pression
Ce revirement intervient dans un contexte de dérapage de l’Objectif national des dépenses d’assurance maladie (Ondam), signalé par le Comité d’alerte dès le 19 juin. Le ministère de la Santé multiplie les annonces de rigueur : gel des revalorisations prévues pour les médecins, kinés et dentistes, et volonté d’« économies à tous les niveaux ».
Pour les syndicats, l’officine est prise pour cible par facilité, alors que d’autres gisements d’économies restent ignorés :
– retards sur la substitution des biosimilaires ;
– statu quo sur des médicaments à très fort coût (Humira, Stelara, Vyndaqel) ;
– inflation non maîtrisée des prescriptions coûteuses, sans évaluation de leur bénéfice clinique.
« On nous demande d’assumer un système qu’on n’a pas fait déraper. Ce n’est pas aux pharmaciens de ville de payer les arrêts de travail et les dépenses hospitalières », dénonce Philippe Besset.
Le 1 juillet en ligne de mire
Alors que l’USPO appelle à une grève des gardes dans les Bouches-du-Rhône, la FSPF demande à 90 syndicats départementaux de se mobiliser massivement le 1er juillet, pour obtenir un moratoire. L’objectif est clair : faire pression avant les arbitrages estivaux.
« Cette première mise de jeu est inacceptable. Si on ne commence pas à se mobiliser, elle deviendra définitive. »
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