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« Triage » à l’officine : pharmacien régulateur, une mission complémentaire ?
Osys pour orientation dans le système de soins. Cette expérimentation effective depuis l’automne 2021 en Bretagne s’appuie sur le modèle de l’article 51 de la loi de financement de la Sécurité sociale de 2018. Elle permet aux pharmacies situées dans des zones en sous-densité médicale d’orienter vers une consultation médicale, un service d’urgence ou de s’en tenir au conseil officinal dans 13 situations de premier recours bien définies.
Au terme de sa première phase, cette expérimentation livre quelques résultats. Tout d’abord, sur une cinquantaine d’officines, 37 ont été réellement actives dans le triage. Pourquoi les autres ne l’ont-elles pas été ? 10 % d’entre elles n’ont pas pu suivre la formation d’une journée en présentiel imposée par le cahier des charges du projet. En majorité, elles manquaient tout simplement de temps. « Il fallait aussi pouvoir mettre à disposition un espace de confidentialité, qui a été fortement sollicité ces derniers temps », ajoute Martine Costedoat, directrice générale de Pharma Système Qualité (PHSQ), l’association à l’origine du projet.
Parmi les 37 pharmacies engagées, une dizaine a assuré les trois quarts des triages. Ceux-ci ont été au nombre de 1500 en 18 mois et ont concerné principalement six situations : plaies simples, piqûres de tiques, douleurs mictionnelles, brûlures du premier degré, angine et conjonctivite. Dans le cas des piqûres de tiques, une dérogation a été accordée au pharmacien pour lui permettre d’enlever la tique et d’effectuer un suivi de l’évolution de la morsure jusqu’au 21e jour. « D’autres situations, dont trois qui concernent les troubles digestifs (diarrhée, constipation, dyspepsie fonctionnelle), ont eu tendance à être prises en compte dans le cadre d’une conseil officinal traditionnel », explique Martine Costedoat. Les arbres décisionnels amenant au triage en pharmacie ont été bâtis avec la participation de l’union régionale des professionnels de santé (URPS) des médecins libéraux de Bretagne.
De nouveaux pharmaciens entrent dans le dispositif
De manière générale, les trois quarts des patients qui envisageaient de se rendre aux urgences ont été principalement pris en charge au cabinet médical (37 %) ou à l’officine (38 %). Inversement, le quart des situations pour lesquelles les patients sollicitaient un recours au comptoir en automédication ont donné lieu à une orientation vers un médecin (20 %) ou aux urgences (5 %).
L’expérimentation se poursuit dans une seconde phase prévue pour durer 12 mois. Elle doit intégrer une quarantaine de nouvelles pharmacies, soit un total de 74 officines en Bretagne (après que 20 sortent du dispositif). Pas moins de six régions se sont montrées intéressées pour expérimenter Osys. Trois seront finalement désignées pour élargir l’expérimentation. « La poursuite de ce projet doit nous permettre de renforcer l’interprofessionnalité et la communication auprès des médecins. Les officines qui procèdent au triage doivent en effet être facilitatrices d’accès à la consultation médicale. Cela sous-entend que les médecins aient suffisamment confiance dans le triage et dans la pertinence de la consultation », appuie la directrice générale de PHSQ.