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«   Férue de coordination interprofessionnelle   »

Publié le 21 février 2019
Par Magali Clausener
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Convaincue de l’intérêt de la coordination interprofessionnelle, Brigitte Bouzige, titulaire aux Salles-du-Gardon (Gard) et vice-présidente de la Fédération française des maisons et des pôles de santé, a créé dès 2013 une association de professionnels de santé. L’objectif ? Créer une maison de santé. Mission accomplie.

C’est en 2013 que le projet d’une maison de santé pluridisciplinaire (MSP) a émergé. Avec le maire de la commune qui compte 12 000 habitants, nous avons réfléchi à cette solution pour faire face au risque de désertification médicale. Je suis allée voir l’un des médecins de la commune et nous avons décidé de nous lancer dans cette aventure », explique Brigitte Bouzige. Première étape : convier l’ensemble des professionnels de santé (médecins, pharmaciens, infirmiers, kinés… ) du bassin de vie à une première réunion en septembre 2013. « Entre 50 et 60 professionnels de santé sont venus. Ils ont commencé par discuter entre eux, à parler de patients… J’ai pu constater combien ils étaient contents de se rencontrer. Je leur ai présenté notre projet de coordination et ils ont tous été d’accord pour travailler ensemble, se serrer les coudes et s’entraider. Nous avons alors décidé de créer une association, “Les professionnels de santé du bassin des Cévennes”, relate la titulaire. Au départ, nous n’avons pas parlé d’une maison de santé “dans les murs”. Pour commencer à travailler en coordination, nous avons d’abord suivi différentes formations interprofessionnelles. Par exemple, une vingtaine de professionnels de santé ont suivi une formation à l’éducation thérapeutique du patient. Ces actions leur ont permis de mieux se connaître et de mieux comprendre le métier de chacun. » Dans le même temps, l’association élabore un projet de santé qu’elle dépose en 2015 à l’ARS en vue de la labellisation d’une MSP multisites. Si le projet est validé fin 2016, Brigitte Bouzige n’abandonne pas son idée de construire une maison de santé : « J’ai attendu quatre ans pour aborder la question d’une seule MSP “en dur”. Il fallait une maturation pour que les professionnels y adhèrent ».

Une vingtaine de professionnels de santé

Ouverte le 1er avril 2018, la MSP située à La Grand-Combe comprend aujourd’hui une vingtaine de professionnels à temps plein ou à temps partiel : deux médecins et deux internes, neuf infirmières, deux kinés, un orthophoniste, une sage-femme, un pédicure-podologue, un ostéopathe, une diététicienne, un psychologue, un orthoptiste, une sophrologue et une infirmière addictologue. Un laboratoire de biologie médicale est également installé au sein de la maison de santé. Même si les pharmaciens des quatre officines des Salles-du-Gardon font partie de la MSP, aucune structure n’est dans les murs. « Dès le départ, il n’était pas question de transférer une officine à la MSP, observe Brigitte Bouzige. Mais nous avons dû nous équiper en système d’information pour pouvoir communiquer avec la MSP notamment sur les patients dans des situations complexes. » L’adhésion à l’Accord conventionnel interprofessionnel (ACI) permet aux professionnels de bénéficier de 110 000 € par an. Outre les protocoles déjà élaborés pour les patients cardiaques, la MSP a plusieurs projets : mise en place de la télémédecine en lien avec un EHPAD et une clinique pour la cardiologie, la gastro-entérologie et la dermatologie ; mise en place d’une navette avec les mairies pour aller chercher les personnes âgées ; achat d’un rétinographe. La MSP accueille les patients « habituels » tout comme ceux de communes alentour. « Même si la coordination a été longue à mettre en place, aucun d’entre nous ne reviendrait en arrière. Il n’y a plus de barrière et les patients sont mieux pris en charge », conclut Brigitte Bouzige.

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