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« Détecter la fragilité d’une personne âgée prend dix minutes »
L’expérimentation Icope, mise en œuvre en Occitanie, vise à détecter les éléments de fragilité des personnes âgées. Pierre-André Raissiguier, installé à Muret, considère que cette action de prévention à grande échelle s’insère naturellement dans sa pratique quotidienne.
Icope en Occitanie, c’est fini. Place au déploiement national de cette expérimentation dont l’acronyme désigne un programme de soins intégrés pour personnes âgées (Integrated Care for Older People). Lancé par le gérontopôle de Toulouse (Haute-Garonne), il consiste à prévenir la dépendance des personnes âgées vivant à leur domicile. Ce programme implique les pharmaciens d’officine à son premier niveau ou « step 1 ». Il s’agit d’évaluer, avec l’appui d’une application numérique, les six critères que sont la mobilité, la mémoire, la nutrition, la vue, l’audition et l’humeur. « Le test peut être réalisé en 10 à 15 minutes selon le degré d’autonomie de la personne et par tout membre de l’équipe formé », témoigne Pierre-André Raissiguier. Cotitulaire à Muret, il fait partie des 250 confrères qui ont participé à l’opération en région Occitanie, en collaboration avec l’union régionale des professionnels de santé (URPS) pharmaciens. Au cours du premier semestre de 2021, 73 patients ont été évalués dans son officine. Le plafonnement à 300 € versé par semestre et par pharmacie (30 € étaient alloués pour chaque test réalisé) a limité le recrutement. Chloé Cabazat, étudiante en 6e année à la faculté de Toulouse, a réalisé une bonne partie des tests. « L’évaluation s’est insérée facilement dans la pratique du comptoir. Le flux de personnes âgées venues se faire vacciner nous a permis de la proposer sans difficulté », souligne le pharmacien.
De la médecine préventive à grande échelle
Cette évaluation pourrait d’ailleurs être le point de départ d’une proposition d’équipement en matériel médical ou de bilans de médication. « Les bilans sont moins faciles à proposer, il faut soigner son argumentaire. Pour ma part, c’est une mission dans laquelle je donne priorité au lien avec le médecin. Plus que délivrer des informations au patient sans trop savoir ce qu’il va en faire, il est essentiel de se coordonner autour de lui. » Le titulaire inscrit donc cette pratique dans le cadre de la maison de santé pluridisciplinaire à laquelle il est rattaché depuis la fin de l’année dernière.
Le projet Icope lui donne également la possibilité d’en référer au médecin traitant si une ou plusieurs anomalies sont détectées. Sinon, une réévaluation est effectuée tous les 4 à 6 mois. Pierre-André Raissiguier a été l’un des maillons du lancement de cette expérimentation dans sa région. Comme pharmacien coordonnateur du Réseau d’enseignement et d’innovation pour la pharmacie d’officine (Reipo) au sein du centre hospitalier universitaire de Toulouse, il s’est impliqué dans la formation des professionnels. Le déploiement national de ce programme est attendu dans les prochaines semaines et le titulaire va évidemment le relancer. « C’est de la médecine préventive à grande échelle. Ce vers quoi va la gériatrie aujourd’hui. Avec cette détection précoce du risque, il est plus facile de faire du curatif. »
BIO Pierre-André Raissiguier
2017 Diplômé de la faculté de pharmacie de Toulouse (Haute-Garonne)
2020 Devient, en décembre, cotitulaire de la pharmacie des Pyrénées à Muret (Haute-Garonne)
2021 Met en application le programme Icope dans son officine