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Déprescription : comment gagner l’adhésion du patient ?
Il n’est pas toujours facile de convaincre un patient de s’engager dans la déprescription de ses traitements. « Lorsqu’il n’a pas eu une information éclairée avec une explication du pourquoi, le patient va certainement revendiquer son médicament au comptoir de la pharmacie. S’il n’a pas compris la démarche, il voudra reprendre son traitement habituel », assure Carmen Hadey, administratrice de France Assos Santé. Le prescripteur est incité à fournir une information claire, complète et adaptée sur sa proposition. « Cela implique aussi d’accepter que le patient lui-même soit proactif pour réévaluer la pertinence ou les risques de ses traitements », complète-t-elle.
Désaccord entre médecins
Selon Jean-Pascal Fournier, médecin généraliste et professeur à l’université de Nantes (Loire-Atlantique), la déprescription peut être un long cheminement. « Ce n’est pas qu’un simple coup de crayon. C’est un processus impliquant différents professionnels à différentes étapes et supervisé par l’un de ces professionnels. » Le patient peut se trouver en porte-à-faux entre plusieurs médecins en désaccord entre eux. « Un compromis doit être trouvé, en incluant le médecin traitant qui peut se poser en arbitre. La hiérarchie entre professionnels se fait selon la volonté et l’approche du patient », estime Jean-Charles Vauthier, médecin généraliste et maître de conférence associé de médecine générale.
Déprescription à l’essai
Près des trois quarts des patients sont prêts à s’engager dans la démarche si leur médecin la propose, pointe Jean-Pascal Fournier. « Le patient attend que le professionnel soit force de propositions », indique-t-il. En engageant l’échange, le médecin explore les réticences, les croyances, les expériences passées et les objectifs de santé du patient, qui ne sont pas forcément stables dans le temps. Différents leviers sont activés, comme de proposer un essai de déprescription ou s’appuyer sur des outils telles que des brochures explicatives ou la carte de suivi de déprescription élaborée par l’agence régionale de santé et l’Omédit du Grand Est.
Prendre le temps d’expliquer
Sur le plan de la communication, la démarche consiste à faciliter les échanges avec les patients et à identifier leur profil. « Lorsqu’ils sont en attente de sécurité, adaptez votre vocabulaire, faites preuve d’empathie et d’écoute active, rassurez, prenez le temps, conseille Cécilia Machado, responsable du Pôle conseil de la CERP. De même, communiquez au temps présent, sous forme active pour développer une relation de confiance, utilisez des mots qui rassurent : améliorer, optimiser, réévaluer, analyser au lieu de déprescrire ».
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