Dépenses de santé : sobriété imposée à tous les étages

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Dépenses de santé : sobriété imposée à tous les étages

Publié le 14 avril 2025
Par Sana Guessous
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Les dépenses de l’Assurance maladie ont été passées au crible ce lundi 14 avril 2025 par le premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici. Ces dépenses, en progression accrue depuis 2019, doivent faire l’objet de mesures d’économie, notamment pour faire face aux besoins liés au vieillissement de la population et à la progression des maladies chroniques.

« Dépenser à bon escient, dépenser efficacement, dépenser équitablement » : tel est le credo de la Cour des comptes, qui s’est penchée sur l’Objectif national de dépenses d’Assurance maladie (Ondam), fixé en 2025 à 265,4 milliards d’euros. Ce chiffre, qui n’inclut pas les dépenses liées au Covid-19, progresse de 4,8 % par an depuis 2019, contre une hausse de 2,4 % par an entre 2015 et 2019. Cet emballement des dépenses de santé doit être maîtrisé : la loi de financement de la sécurité sociale impose une trajectoire de + 2,9 % par an d’ici à 2028. Un effort de maîtrise des dépenses qui ne suffira pas à endiguer le déficit de la Sécurité sociale, prévient la Cour des comptes. Ce déficit passerait de 11,8 milliards d’euros en 2024 à 20,1 milliards d’euros en 2028, « représentant une dette sociale de 73,4 Md€ au titre des exercices de 2025 à 2028. »

Médicaments onéreux : un serrage de vis annoncé

La Cour des comptes s’inquiète de la flambée des prix des médicaments innovants, s’appuyant sur l’exemple des anticancéreux, dont le financement passerait de 2,4 milliards d’euros en 2022 à 7 milliards d’euros en 2028. Pour financer les soins « au prix juste », ces médicaments coûteux doivent être « renégociés selon leur efficacité. »

Maladies chroniques : vers plus de prévention

Avec 125 milliards d’euros, les affections longue durée (ALD) représentent plus des deux tiers des dépenses de l’Assurance maladie. Anticipant le développement des maladies chroniques, la Cour des comptes appelle à des actions de prévention ciblées. Deux pistes sont avancées : prendre rapidement en charge les addictions liées aux drogues et à l’alcool chez les jeunes et prévenir la perte d’autonomie chez les personnes âgées, « sachant que le gain d’un an d’espérance de vie sans incapacité ferait économiser un montant estimé à 1,5 milliard d’euros », justifie le rapport de la Cour des comptes.

Lutte antifraude : un important levier d’économies

Les efforts déployés pour lutter contre la fraude sont en net progrès, avec 628 millions d’euros en 2024 (+ 35 %). Mais cela ne suffit pas, quand le montant des fraudes est estimé à 4,5 milliards d’euros. La juridiction financière appelle notamment à remédier aux disparités d’utilisation des outils de contrôle entre les territoires.

Pertinence des soins : la chasse aux prises en charge atypiques ou évitables

Certaines pratiques médicales et leur remboursement sont à surveiller, comme la chirurgie de la cataracte, dont la prise en charge peut différer grandement d’un département à l’autre. De même, 2,5 % des séjours hospitaliers pour insuffisance cardiaque (2017) sont considérés comme évitables.

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Patients et mutuelles appelés à la responsabilité

L’effort de financement des dépenses de santé doit être rééquilibré, prône le rapport de la Cour des comptes : « depuis 2015, la structure du financement des dépenses de santé a évolué sous l’effet d’une progression de l’Ondam plus rapide que les prises en charge des organismes complémentaires de santé ou des patients. » Mutuelles, professionnels de santé et assurés sont à associer à ces efforts.