Cystites : alerte en Paca sur les prescriptions d’antibiotiques mal ciblées

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Cystites : alerte en Paca sur les prescriptions d’antibiotiques mal ciblées

Publié le 21 mai 2025
Par Christelle Pangrazzi
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Deux femmes sur trois seront confrontées à une cystite au cours de leur vie. En Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca), les professionnels de santé, à l'exception des pharmaciens, relancent une campagne d’information pour prévenir les traitements antibiotiques inadaptés et limiter l’antibiorésistance.

Les infections urinaires touchent chaque année des millions de femmes, avec une prévalence estimée à près de 70 % au cours d’une vie. Pourtant, les traitements restent souvent inadaptés. C’est le constat à l’origine de la campagne CBU Resist II, portée par les unions régionales des professionnels de santé (URPS) Paca des médecins libéraux, biologistes et sages-femmes, avec le soutien du Centre de prévention des infections associées aux soins (CPIAS) et du Centre régional en antibiothérapie (CRATB) Paca.

« L’infection urinaire est l’une des plus fréquentes dans la population, et les prescriptions sont souvent inadaptées », souligne Jean-Christophe de La Rozière, membre du CPIAS Paca. « Pendant des années, on a prescrit des fluoroquinolones pour des cystites simples, ce qui est une hérésie. »

Objectif : un usage raisonné des antibiotiques

La campagne vise à corriger les mauvaises pratiques : prescriptions systématiques sans diagnostic fiable, examen cytobactériologique des urines (ECBU) réalisés sans symptômes, traitements à spectre large inappropriés… Le message central : toute suspicion de cystite ne justifie pas une antibiothérapie, et tout ECBU ne signifie pas infection.

« Nous voulons alerter les prescripteurs pour limiter l’émergence de résistances bactériennes, insiste Jean-Christophe de La Rozière. Il faut réserver les traitements aux situations justifiées, et privilégier des antibiotiques à spectre étroit comme Monuril ou Selexid. »

Des outils pour accompagner le changement de pratiques

Pour appuyer ce message, la campagne déploie plusieurs supports pédagogiques :

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– une vidéo d’animation de 3 minutes pour le grand public ;

– un poster avec QR code à installer dans les lieux de soins ;

– des fiches de recommandations pour les prescripteurs et les préleveurs ;

– une fiche technique sur le bon prélèvement urinaire.

Ces outils sont diffusés via les professionnels de santé et relayés sur les réseaux sociaux.

L’URPS Pharmaciens non impliquée sur ce projet

Alors que les pharmaciens peuvent désormais délivrer certains antibiotiques dans le cadre de cystites simples, leur URPS ne figure pas parmi les partenaires de la campagne. Interrogée, Félicia Ferrera,présidente de l’URPS Pharmaciens Paca, explique : « Nous n’avons pas travaillé avec eux sur ce sujet. Ce n’est pas par opposition, mais simplement parce que nous avons déjà de nombreux chantiers en cours et ne pouvons pas tous les suivre. »

Mieux prescrire, moins prescrire

En toile de fond, c’est la logique du bon usage des soins qui est visée. « Il ne s’agit pas de priver les patientes d’un traitement, mais de l’adapter. Et d’éviter les antibiotiques inutiles qui favorisent les résistances », résume Jean-Christophe de La Rozière.

Une campagne régionale qui pourrait faire école, à condition que tous les acteurs de la chaîne de soins soient mobilisés.