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Antennes de médecine d’urgence : ce qu’elles peuvent changer pour l’officine
Instaurées par deux décrets et un arrêté publiés fin 2023, les antennes de médecine d’urgence visent à renforcer la réponse sanitaire dans les zones sous-dotées, sans recourir à un service d’accueil des urgences hospitalière. Ouvertes 7 jours sur 7, avec au moins 12 heures de service continu, et adossées à un SMUR, elles ambitionnent d’assurer un accueil médicalisé de premier recours, en journée et en soirée, hors nuit profonde.
La mesure s’inscrit dans une logique de gradation territoriale de l’offre de soins, défendue par la Société française de médecine d’urgence (SFMU) et le Samu-Urgences de France (SUdF). Mais, près de six mois après la création de ces antennes, le démarrage s’annonce modeste. Lors du congrès Urgences 2025, les représentants des professionnels concernés ont indiqué que seules trois à quatre antennes pourraient être effectives en Occitanie d’ici fin 2025, loin des dix envisagées initialement.
Un potentiel relais prescripteur pour les officines
Pour les pharmacies d’officine, notamment rurales, ce type de structure pourrait pourtant jouer un rôle d’appoint précieux. Dans des bassins où les médecins généralistes disparaissent ou ferment leur cabinet, toute présence médicale régulée est déterminante pour maintenir un minimum d’activité.
En effet, 75,4 % du chiffre d’affaires hors taxes des pharmacies provenaient encore en 2024 de la dispensation de médicaments remboursables à 2,1 %. Cette structure rend l’économie officinale directement corrélée à l’accès aux prescripteurs. Sans ordonnance, pas de passage au comptoir — et sans passage, pas de marge.
L’installation d’une antenne, si elle est bien connectée au maillage existant, pourrait assurer une continuité minimale de prescriptions, évitant ainsi le basculement d’une officine vers la sous-activité, voire la fermeture.
Une fragilité structurelle accentuée en zone sous-dotée
Cette dépendance au prescripteur rend les pharmacies extrêmement sensibles à la désertification médicale. En milieu rural, les effets s’enchaînent : traitements chroniques moins suivis, consultations plus espacées, ordonnances renouvelées en flux tendu, avec un impact direct sur la rentabilité de l’officine. Ce n’est plus la demande qui structure l’offre, mais l’absence d’offre qui détruit la demande.
Une coordination encore balbutiante
Pour l’heure, les antennes ne sont pas intégrées dans les dispositifs territoriaux incluant les pharmacies. Leur articulation avec les Services d’accès aux soins (SAS), les Dispositifs d’appui à la coordination (DAC), les centres de soins non programmés ou les maisons de santé demeure floues. Le risque d’un millefeuille structurel guette, sans logique claire d’intégration officinale. La SFMU plaide pour une organisation en équipes de territoire. Mais dans les faits, l’officine reste en marge, alors même qu’elle joue un rôle crucial dans la délivrance, l’accompagnement, la gestion des urgences légères et la continuité des soins.
Des Assises pour agir sur l’avenir du maillage pharmaceutique
L’homogénéité de la répartition démogéographique des officines est l’un des piliers du modèle pharmaceutique français. Présentation d’un livre blanc riche de propositions pour optimiser la présence des officines sur le territoire au service des patients, étude de projection économique pour évaluer les conséquences d’une dérégulation… Les Assises du maillage pharmaceutique, organisées par Le Moniteur des pharmacies se dérouleront le 24 juin 2025 à l’Institut Pasteur (Paris).
Pour participer à cette initiative concernant l’ensemble des acteurs (officinaux, syndicats, groupements, grossistes-répartiteurs, industriels du médicament, collectivités locales, payeurs publics et privés, prestataires bancaires, etc.), l’inscription est gratuite.
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