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Les balanites
Les balanites correspondent à des inflammations du gland et/ou du prépuce dont il faut rechercher la cause pour orienter le traitement. Une simple rougeur sans signe spécifique justifie un prélèvement car la clinique n’est pas toujours discriminante.
La maladie
Définitions
• Une balanite correspond à une inflammation du gland du pénis, qui peut être associée à une inflammation du prépuce, ou posthite, pour donner une balanoposthite. En pratique, le terme balanite est couramment utilisé pour désigner une inflammation du gland et/ou du prépuce, quelle que soit son étendue.
• Les balanites ont de nombreuses étiologies et les signes cliniques ne sont pas toujours discriminants.
• Leur épidémiologie n’est pas connue, mais les balanites toucheraient plus de 10 % des hommes au cours de leur vie. Plus souvent les hommes non circoncis que ceux circoncis. « Une balanite est plus un symptôme qu’une maladie dont il faut chercher la cause pour pouvoir traiter en conséquence », explique le Dr Jean-Noël Dauendorffer, dermatologue au Centre de pathologie génitale et infections sexuellement transmissibles (IST) de l’hôpital Saint-Louis, à Paris.
• Elles peuvent être aiguës, chroniques lorsqu’elles durent plus de quatre à six semaines, ou intermittentes dans le cas des balanites récidivantes.
→ Les balanites aiguës sont le plus souvent d’origine infectieuse, dues à un champignon ou une bactérie, irritatives, allergiques ou traumatiques. Les balanites infectieuses ne sont pas forcément sexuellement transmissibles
Une forme particulière d’allergie à un médicament, appelée érythème pigmenté fixe, doit également être envisagée (voir encadré p. 37).
→ Les balanites chroniques ou récidivantes sont souvent des balanites inflammatoires, rarement des balanites infectieuses.
Physiopathologie
• Le couple gland/prépuce réalise un pli, sujet à la macération et aux intertrigos (voir Dico + p. 37), particulièrement en cas de prépuce long.
• Le gland est une semi-muqueuse (voir Dico + p. 36), faiblement kératinisée, exposé :
→ à une colonisation multibactérienne en raison de la proximité du périnée ;
→ aux micro-organismes vénériens des flores vaginale, buccale et anale, lors des rapports sexuels non protégés.
• Deux conséquences sont possibles :
→ une prolifération de ces germes favorisée par la macération provoquée entre le gland et le prépuce à cause de l’humidité ;
→ certains germes saprophytes, habituellement présents au niveau génital, peuvent devenir pathogènes lors d’une baisse de l’immunité locale ou générale.
Étiologies
Les balanites ont des causes multiples à distinguer afin d’orienter le traitement. Chronique ou aiguë, la balanite, ou balanoposthite, peut être d’origine infectieuse (Candida albicans, streptocoque…), inflammatoire (balanite de Zoon, lichen plan, psoriasis…), allergique ou irritative (voir Signes cliniques p. 36).
Lorsqu’aucune cause n’est identifiée, une balanite non spécifique doit être évoquée.
• Cause physiologique : présence d’un prépuce long ou très serré (phimosis).
• Cause infectieuse : bactérienne, fongique, virale.
• Balanites liées à une pathologie : diabète sous-jacent (voir Info + p. 40).
• Iatrogène : prise de médicament (antibiotique, AINS…).
• Manifestation d’une dermatose de localisation génitale : psoriasis, lichen, balanite de Zoon…
• Environnementales : allergie ou irritation due à un savon, un détergent, ou à un abus de crème antifongique…
• En lien avec une hygiène génitale insuffisante, avec des toilettes trop rares ou excessives effectuées avec des savons agressifs et/ou des antiseptiques.
Signes cliniques
Les manifestations cliniques varient en fonction de l’étiologie, mais des causes différentes ont parfois des tableaux cliniques proches.
L’inflammation, la balanite proprement dite, se manifeste le plus souvent par une rougeur diffuse du gland sous forme de plaques ou de points rouges. Ces rougeurs plus ou moins étendues peuvent s’accompagner :
→ de douleurs et/ou de démangeaisons ;
→ d’œdèmes, de suintements, de pustules ou vésicules ;
→ de sécheresse de la peau, douloureuse sur le pénis, de desquamations ;
→ de difficultés ou douleurs lors des mictions ;
→ de douleurs durant les rapports sexuels ;
→ d’odeur désagréable…
Balanites d’irritation
Les balanites irritatives ou caustiques sont fréquentes parmi les balanites aiguës. Elles sont souvent fluctuantes, avec des périodes d’amélioration et d’aggravation.
→ Elles sont favorisées par un terrain atopique, par un prépuce long, un excès ou un défaut d’hygiène, l’utilisation de savons sans rinçage, l’application d’antiseptiques, en particulier les ammoniums quaternaires, la friction, l’incontinence urinaire, l’application d’antimycosique. La dermite d’irritation peut précéder un eczéma de contact, particulièrement sur terrain atopique.
→ Manifestations : rougeur sèche ou érosive marquée par une disparition de la couche de cellules superficielles de la muqueuse.
Balanites allergiques
Elles peuvent être aiguës ou chroniques.
→ En cause : les eczémas de contact de la muqueuse génitale masculine sont dus à des topiques utilisés pour l’hygiène ou pour une maladie (antifongiques, dermocorticoïdes, latex des préservatifs, parfums, lubrifiants, antiseptiques…), au transport passif d’un allergène par les mains lors de la miction, à une sensibilisation à un produit utilisé par les partenaires (spermicide, lubrifiant, rouge à lèvres…).
Des tests allergologiques sont réalisés lorsqu’une allergie est suspectée.
→ Manifestations : eczéma avec rougeur, œdème, suintement, parfois érosions, brûlures ou démangeaisons.
Balanites infectieuses
Ce sont des intertrigos balano-préputiaux.
→ En cause : le gland est exposé aux micro-organismes par la proximité du périnée et les rapports sexuels non protégés. L’humidité et la macération locale favorisent la prolifération de ces germes. Un prélèvement bactériologique et mycologique détermine le germe en cause.
Remarque : les balanites infectieuses sont rarement des infections sexuellement transmissibles (IST), sauf infections à Herpes simplex virus (herpès), Trichomonas vaginalis (trichomonase), Treponema pallidum (syphilis) ou Mycoplasma genitalium (urétrite)(2). Un bilan complet des IST est le plus souvent prescrit, surtout chez les patients jeunes.
→ Manifestations : des tableaux cliniques proches ont des étiologies variées. Par exemple, les pustules superficielles qui caractérisent une candidose peuvent aussi évoquer un herpès.
Balanites chroniques
Elles peuvent être d’origine inflammatoire ou pré-cancéreuse (voir Dico + p. 38). « Il n’y a pas de définition stricte de cette balanite », précise le Dr Jean-Noël Dauendorffer, rappelant qu’« en dermatologie, le terme chronique s’emploie en général pour une durée supérieure à trois mois ». Moins fréquentes que les formes aiguës, les balanites chroniques représentent néanmoins davantage de jours d’atteinte.
Deux formes inflammatoires doivent être particulièrement recherchées (voir ci-après).
• La « balanite non spécifique », plus souvent récidivante que chronique, correspond à une irritation du gland et/ou du prépuce.
→ En cause : souvent prise à tort pour une mycose récidivante, la balanite non spécifique correspond à une irritation, secondaire à l’humidité et à la macération entre le gland et le prépuce. Elle survient à tout âge chez l’homme non circoncis. Bien que sans gravité, elle entraîne une gêne psychologique jusqu’à la perte de confiance en soi et l’évitement des rapports sexuels.
→ Manifestations : la clinique est pauvre, limitée parfois à un vague érythème et à des sensations de brûlures(1).
• Balanite de Zoon. Cette dermatose rare touche les hommes non circoncis après 50 ans(1). D’étiologie inconnue, il s’agirait d’une forme de balanite chronique d’irritation sur un mode inflammatoire particulier, favorisée par la chaleur, la friction, les traumatismes et/ou une hygiène insuffisante avec rétention de smegma (voir Dico + p. 36). La biopsie confirme le diagnostic.
→ Manifestations : cette balanite progresse parfois sur plusieurs dizaines d’années. Peu gênante, sans risque d’évolution cancéreuse, elle s’accompagne parfois de brûlures ou de démangeaisons lors des rapports sexuels.
Remarque : chez les hommes âgés, les balanites chroniques sont souvent des balanites d’irritation favorisées par un prépuce long et la macération d’urine(2).
Balanites pré-cancéreuses
« Ce ne sont pas vraiment des balanites mais plutôt des lésions pré-cancéreuses rouges du gland », remarque le spécialiste. Leur dépistage précoce est fondamental. Le diagnostic repose sur la biopsie de toute lésion balanique suspecte car le carcinome épidermoïde du pénis, environ 500 cas annuels en France, se développe essentiellement sur la muqueuse balano-préputiale. « C’est un diagnostic différentiel dont il faut s’inquiéter chez un homme qui a une rougeur chronique depuis plus de trois mois », estime le Dr Jean-Noël Dauendorffer, également président du groupe Maladies ano-génitales de la Société française de dermatologie.
• La maladie de Bowen du gland est un carcinome in situ se présentant comme une balanite chronique qui évolue vers un carcinome épidermoïde invasif en l’absence de traitement. Elle touche essentiellement l’homme non circoncis après 50 ans.
→ Manifestations : lésion unique, fixe, bien délimitée en périphérie, blanche ou leucoplasique, ou rouge vif, lisse, luisante.
Diagnostic
Il est parfois difficile et nécessite des examens complémentaires.
• Dans la plupart des cas, la recherche de l’étiologie repose sur un examen clinique. Ce dernier renseigne sur le siège et le type de lésion, les signes associés locaux et généraux et sur les complications, ainsi que sur un interrogatoire du patient.
Sont investigués :
→ ses antécédents médicaux, notamment les infections sexuellement transmissibles, dont le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) et le diabète ;
→ ses traitements locaux et systémiques, en particulier antibiotiques, corticothérapie et immunosuppresseurs ;
→ son mode de vie : hygiène intime, habitudes sexuelles…
• Le prélèvement du gland, à l’aide d’un écouvillon, est recommandé dans certains cas pour rechercher des bactéries ou des champignons.?
• Une biopsie du gland ou du prépuce peut plus rarement être réalisée par le dermatologue afin de préciser l’étiologie, notamment en cas de balanite chronique ou récidivante.
Son traitement
Objectif
Le traitement vise à faire disparaître la balanite et à prévenir sa récidive.
Stratégie thérapeutique
Généralités
Les balanites infectieuses aiguës peuvent être traitées en première intention par le médecin généraliste, mais les balanites chroniques relèvent d’emblée du dermatologue.
• Des règles d’hygiène simples sont à observer :
– toilette quotidienne du gland après décalottage, avec un produit doux, suivie d’un rinçage et d’un séchage soigneux ;
– éviction des crèmes irritantes ;
– séchage du gland après la miction ;
– décalottage régulier ;
– toilette immédiate après un rapport sexuel.
• Traitement spécifique en fonction du type de balanite : dermocorticoïdes pour les balanites inflammatoires, antibiotiques ou antimycosiques en cas d’infection causée par des bactéries ou des champignons.
• Traitement chirurgical plus rarement. La question se pose notamment pour la balanite non spécifique et celle de Zoon (voir plus loin). Le traitement chirurgical par circoncision, plastie du prépuce ou plastie du frein, n’est envisagé qu’après discussion avec le patient des bénéfices et inconvénients de ces interventions. Des topiques à base de cuivre et zinc, des pâtes à l’eau(3) ou une solution diluée de nitrate d’argent peuvent être proposés avant la chirurgie.
Balanites aiguës
• Balanites d’irritation.
→ Traitement : conseils d’hygiène, toilette quotidienne avec un gel nettoyant doux sans savon et arrêt de l’application de tout autre produit, sauf émollient (Dexeryl…).
• Balanites allergiques.
→ Traitement : identification et suppression de l’allergène responsable, associées à des conseils d’hygiène et à un dermocorticoïde de classe 2 d’activité modérée (Locapred, Tridésonit) ou de classe 3 d’activité forte (Betneval, Diprosone, Efficort, Epitopic, Flixovate, Locatop, Locoid, Nérisone)(1).
• Balanites infectieuses.
→ Traitement : il comporte deux étapes, le diagnostic et le traitement de la cause, et la lutte contre les facteurs favorisants communs par l’hygiène, voire la circoncision (voir tableau p. 40).
Balanites chroniques
• Balanite non spécifique.
→ Traitement de première intention : arrêt des traitements intempestifs irritants et caustiques. Toilette quotidienne avec un dermo-nettoyant surgras, en décalottant, en rinçant et en séchant bien. Le nitrate d’argent à 1 % et les pâtes à l’eau peuvent aider dans les balanites très macérées.
→ Traitement de deuxième intention : dermocorticoïde de classe 2 ou 3, tacrolimus topique immunosuppresseur hors AMM (Protopic). Après échec de ces traitements, une circoncision peut être envisagée avec le patient(2).
• Balanite de Zoon.
→ Traitement de première intention : conseils d’hygiène, dermo-nettoyant surgras et éviction des irritants. La circoncision, ou posthectomie, est le seul traitement radical et entraîne une guérison en quelques semaines. Les traitements locaux sont peu efficaces et ne préviennent pas les récidives(1). Ils ne sont pas recommandés, sauf en cas de refus de la circoncision. Les mesures d’hygiène préviennent les récidives.
→ Traitement de deuxième intention : dermocorticoïde de classe 1 ou 2, tacrolimus topique hors AMM (Protopic).
• Maladie de Bowen du gland.
→ Traitement de première intention : posthectomie simple possible en cas d’atteinte limitée au prépuce ; exérèse chirurgicale conservatrice avec des marges de 5 mm, suivie d’une greffe de peau mince en cas d’atteinte du gland.
→ Traitement de deuxième intention : 5-fluoro-uracile topique (Efudix) ou imiquimod (Aldara), modificateur de la réponse immunitaire, 1 application cinq soirs par semaine pendant six semaines(1).
Médicaments
Antimicrobiens systémiques
• Molécules : amoxicilline, benzathine benzylpénicilline par voie intramusculaire.
→ Mode d’action : pénicillines inhibant la synthèse de la paroi bactérienne.
→ Effets indésirables : nausées, diarrhée, éruptions cutanées (amoxicilline), candidoses.
→ Interactions. Déconseillés : méthotrexate. Précautions d’emploi : allopurinol (risque accru de réactions cutanées), mycophénolate (réduction de ses concentrations).
• Molécule : doxycycline.
→ Mode d’action : antibiotique de la famille des tétracyclines inhibant la synthèse protéique des bactéries.
→ Effets indésirables : photosensibilisation, réactions allergiques, dysphagie, œsophagite, ulcérations œsophagiennes, favorisées par la prise en position couchée et/ou avec peu d’eau, nausée, épigastralgie, diarrhée, anorexie, glossite, entérocolite, candidose anale ou génitale, dyschromie dentaire ou hypoplasie de l’émail chez l’enfant de moins de 8 ans…
→ Interactions. Contre-indications : rétinoïdes. Précautions d’emploi : prendre à distance (plus de deux heures) les sels de fer, les topiques gastro-intestinaux ; anticoagulants oraux : augmentation de l’effet anticoagulant.
→ Précautions : éviter toute exposition directe au soleil et aux UV durant le traitement, qui sera interrompu en cas de manifestations cutanées.
• Molécule : pristinamycine (Pyostacine).
→ Mode d’action : antibiotique des streptogramines (synergistines) inhibant la synthèse des protéines.
→ Effets indésirables : pesanteur gastrique, vomissements, diarrhée, nausées, colites hémorragiques aiguës, rash cutané
→ Interactions. Contre-indications : colchicine. Précautions d’emploi : immunosuppresseurs, antivitamines K.
→ Précautions : prendre au moment des repas.
• Molécule : métronidazole (Flagyl).
→ Mode d’action : antibiotique antibactérien anti-parasitaire de la famille des nitro-5-imidazolés inhibant la synthèse des acides nucléiques.
→ Effets indésirables : neutropénie, agranulocytose, thrombopénie, douleurs épigastriques, nausées, vomissements, diarrhée, troubles visuels passagers, hallucinations, glossites, coloration brun-rouge des urines due à la présence de pigments issus du métabolisme du produit…
→ Interactions. Déconseillés : alcool car effet antabuse (chaleur, rougeurs, vomissements, tachycardie), busulfan, disulfirame, médicaments allongeant l’intervalle QT. Précautions d’emploi : anticonvulsivants inducteurs enzymatiques et rifampicine (baisse des concentrations plasmatiques du métronidazole), lithium (augmentation de la lithémie).
→ Précautions : pas d’alcool (boisson, sirop…) pendant le traitement et jusqu’à élimination du produit (cinq demi-vies).
• Molécule : tinidazole (Fasigyne).
→ Mode d’action : antibiotique antibactérien anti-parasitaire de la famille des nitro-5-imidazolés inhibant la synthèse des acides nucléiques.
→ Effets indésirables : nausées, vomissements, douleurs abdominales, anorexie, diarrhée, modification du goût, langue pâteuse. Hypersensibilité, avec éruption cutanée, prurit, urticaire, céphalées, fatigue, vertiges, neuropathies périphériques, voire convulsions, urines foncées.
→ Interactions. Déconseillés : disulfirame (bouffées délirantes, état confusionnel), alcool car effet antabuse. Précautions d’emploi : anticoagulants oraux.
→ Précautions : éviter les produits alcoolisés.
Antiviral
• Molécule : valaciclovir (Zelitrex).
→ Mode d’action : inhibiteur de la synthèse de l’ADN viral des virus Herpes simplex, varicelle-zona, cytomégalovirus, Epstein-Barr et herpès-virus humain de type 6.
→ Effets indésirables : céphalées, nausées, vertiges, vomissements, diarrhée, éruptions cutanées incluant photosensibilité, prurit.
→ Interactions. Précautions d’emploi : médicaments augmentant la toxicité rénale (produits de contraste iodés, aminosides…).
Antimicrobiens locaux
• Molécules : éconazole, bifonazole, omoconazole et ciclopirox olamine.
→ Mode d’action : altèrent la perméabilité de la membrane des champignons, arrêtent la multiplication des levures et ont une activité antibactérienne.
→ Effets indésirables : prurit, brûlures.
→ Interactions médicamenteuses. Précautions d’emploi : hausse de l’effet de l’AVK et du risque hémorragique (éconazole).
Dermocorticoïdes
Ils regroupent les glucocorticoïdes administrés par voie cutanéo-muqueuse.
• Molécules.
→ Les naturels : le cortisol (= hydrocortisone), sous forme de sels dans Efficort, Locoid…
→ Ceux de synthèse sous forme de sel : bétaméthasone (dipropionate dans Diprosone, Diprosalic, Diprolène ; valérate dans Bétésil, Betneval), désonide (Locapred, Locatop, Tridésonit), diflucortolone valérate (Nérisone, Nérisone Gras), difluprednate (Epitopic), fluticasone propionate (Flixovate).
→ Mode d’action : ils modulent l’expression de certains gènes avec, au final, plusieurs effets. Ils altéreraient aussi l’électrophysiologie cellulaire, et interagiraient avec les mitochondries.
• Ils ont quatre grandes propriétés :
→ anti-inflammatoire : ils augmentent la production de protéines anti-inflammatoires et diminuent celle de molécules pro-inflammatoires ;
→ immunosuppressive : intéressant dans les dermatoses mettant en jeu le système immunitaire. Sinon, c’est plutôt un effet indésirable car le risque infectieux augmente ;
→ anti-mitotique ou anti-proliférative : intéressant quand on cherche à atrophier des couches cutanées et à limiter la multiplication de cellules. C’est aussi un effet indésirable, avec risque d’atrophie cutanée, dépigmentation… ;
→ vasoconstrictrice : cette propriété est complémentaire de l’action anti-inflammatoire.
• Les dermocorticoïdes sont classés en fonction de leur niveau de puissance, qui représente leur pouvoir anti-inflammatoire. Il existe quatre classes, dont les classes 2 « modérée » et 3 « forte ».
→ Classe 2 : Locapred, Tridésonit.
→ Classe 3 : Bétésil, Betneval, Diprosalic, Diprosone, Efficort, Epitopic, Flixovate, Locatop, Locoid, Nérisone, Nérisone Gras, Nérisone C.
→ Ils ne sont pas classés par DCI car, selon le sel, la concentration, les excipients, la molécule peut se retrouver dans plusieurs classes. Ainsi, le désonide est présent dans Tridésonit, Locapred (classe 2) et dans Locatop (classe 3).
→ Les galéniques ne sont pas interchangeables. Les crèmes conviennent dans la plupart des situations, notamment sur les lésions suintantes et dans les plis. Les pommades et crèmes grasses traitent les lésions très épaisses.
→ Effets indésirables : rares, et surtout locaux, pour des applications importantes et prolongées, avec acné, défauts de pigmentation, atrophie et amincissement cutané, vergetures, infections. Les effets indésirables systémiques (insuffisance surrénalienne, diabète…) sont exceptionnels.
Les conseils aux patients
Observance
• Appliquer les crèmes sur la partie interne du prépuce et sur le gland après avoir bien décalotté, après lavage à l’eau et au savon et séchage, plutôt le soir car il y a moins de mictions la nuit.
• Adopter un discours clair et rassurant sur les dermocorticoïdes. Utilisés conformément à la prescription médicale, ils sont très bien tolérés au niveau génital, y compris sur plusieurs semaines de traitement.
Automédication
• Éviter antiseptiques et « lingettes bébé » au niveau génital à cause des produits chimiques qui peuvent irriter le gland, muqueuse plus fragile que la peau.
Toilette intime
Chez l’adulte(4)
• Les gestes simples de la toilette intime sont à rappeler quelle que soit la cause de la balanite. Ils préviennent aussi les récidives.
• En l’absence de circoncision, le prépuce est doucement tiré vers l’arrière pour découvrir le gland, qui est savonné puis rincé à l’eau tiède et claire avant d’être recalotté.
• En cas de circoncision, le pénis est simplement lavé comme toute autre partie du corps.
• En pratique :
→ nettoyer les organes génitaux tous les jours, dans le bain ou sous la douche ;
→ ne pas utiliser de gant de toilette mais les mains préalablement lavées ;
→ choisir un savon au pH neutre non parfumé pour éviter les irritations ;
→ nettoyer la base du pénis et du scrotum, où la transpiration peut causer des odeurs désagréables ;
→ laver ensuite de la région de l’anus ;
→ s’assurer de la propreté du périnée entre les testicules et l’anus ;
→ bien sécher les plis cutanés ;
→ ne pas utiliser talc, déodorant ou parfum à cause du risque d’irritation.
Chez le petit garçon(5)
→ Lavage des organes génitaux avec de l’eau et un savon doux sans aucune tentative de décalottage ;
→ rinçage même avec un savon « doux » ;
→ lavage du gland lorsque le prépuce peut se décalotter un peu ou complètement ;
→ ne pas chercher à nettoyer le smegma à tout prix, il s’éliminera spontanément lorsque l’enfant pourra se décalotter.
Surveillance
Palper la zone anale et les testicules une fois par mois et signaler toute anomalie (grosseur, gonflement…) au médecin traitant.
Vêtements
• Privilégier les sous-vêtements en coton, à changer chaque jour, surtout en cas de transpiration abondante.
• Éviter les pantalons serrés, qui peuvent provoquer un frottement sur les organes génitaux.
Avec l’aimable participation du Dr Jean-Noël Dauendorffer, dermatologue au Centre de pathologie génitale et IST de l’hôpital Saint-Louis, à Paris, et président du groupe Maladies ano-génitales de la Société française de dermatologie.
(1) Balanites, Thérapeutique dermatologique, 16 juillet 2012.
(2) Balanite, recommandations diagnostiques et thérapeutiques pour les maladies sexuellement transmissibles, Société française de dermatologie, février 2016.
(3) Pâte de consistance fluide à base d’eau et d’oxyde de zinc isolant, astringent et siccatif (qui dessèche), au minimum, à visée émolliente et protectrice.
(4) Quelques conseils pour réaliser sa toilette intime, site de l’Assurance maladie, novembre 2022. Sur ameli.fr
(5) Décalotter ou pas mon petit garçon ?, association Sparadrap, 2019. Sur sparadrap.org
Dico+
→ Semi-muqueuses : la peau est en continuité avec les muqueuses orale et génitale par l’intermédiaire de zones de transition entre la peau et une muqueuse appelées semi-muqueuses. L’épiderme y est mince et peu kératinisé.
→ Smegma : substance blanchâtre et pâteuse, ressemblant à du fromage blanc, naturellement présente sur le gland et au niveau des petites lèvres chez la femme. Chez l’homme, il est composé de la macération du pli balano-préputial, de la desquamation des cellules épithéliales et de la colonisation par la flore balano-préputiale. Quand le gland n’est pas décalotté lors de la toilette quotidienne, son accumulation sous le prépuce favorise le développement de bactéries et peut causer une balanite.
Point de vue“Les balanites sont plus fréquentes chez les hommes non circoncis
Dr Jean-Noël Dauendorffer, dermatologue au Centre de pathologie génitale et infections sexuellement transmissibles (IST) de l’hôpital Saint-Louis, à Paris, et président du groupe Maladies ano-génitales de la Société française de dermatologie.
Chez les hommes non circoncis, l’humidité entre le gland et le prépuce peut donner de simples balanites d’irritation ou de macération, appelées balanites non spécifiques. Ces balanites irritatives très fréquentes touchent seulement les hommes non circoncis puisque, sans prépuce, les hommes circoncis ne connaissent pas de macération entre le gland et le prépuce. D’autres étiologies sont également davantage retrouvées chez les hommes non circoncis, comme des balanites infectieuses ou inflammatoires. Ces hommes sont aussi plus à risque de développer une lésion pré-cancéreuse car ils ont davantage de maladies inflammatoires qui prédisposent au cancer du pénis, notamment le lichen scléreux (balanite chronique inflammatoire). Et ils sont plus concernés par l’infection à papillomavirus humains (HPV), infection sexuellement transmissible la plus fréquente pouvant également prédisposer au cancer du pénis.
Pour autant, le corps médical n’a pas pris de position pour préconiser la circoncision à visée préventive chez les enfants, ni en France, ni en Europe. La prévention des balanites repose donc sur l’éducation des petits garçons en termes d’hygiène et de gestes simples pour la toilette intime.
L’érythème pigmenté fixe (EPF)
→ C’est la seule éruption spécifiquement médicamenteuse*. Elle peut atteindre n’importe quelle zone du tégument, mais la localisation génitale est prépondérante chez l’homme.
→ Les lésions surviennent entre un et sept jours et jusqu’à deux semaines après la prise du médicament en cause. Elles réapparaissent en quelques heures au même endroit, à chaque nouvelle prise du médicament. Les AINS sont les médicaments les plus souvent responsables d’un érythème pigmenté fixe, suivis des antibiotiques, surtout l’amoxicilline, du paracétamol et de la carbocistéine.
→ Le traitement repose sur l’éviction du médicament responsable et sur une corticothérapie locale au besoin. Elle perdure tant que le médicament en cause est administré.
(*) Dictionnaire médical de l’Académie de médecine, version 2023.
Dico+
→ L’intertrigo, du latin inter, entre, et trego, je frotte, est une dermatose située dans un endroit où deux zones de peau frottent. Cette dermatose localisée aux plis cutanés peut être d’origine infectieuse ou non, sèche ou suintante.
Dico+
→ Pré-cancéreux : état ou lésion caractérisé par un développement, une apparence et une organisation anormaux des cellules (= dysplasie), qui se différencient des cellules normales par leur taille, leur forme et leur organisation dans les tissus.
Ces modifications sont considérées comme une première étape du processus de cancérisation et concernent particulièrement les muqueuses génitales, digestives, respiratoires et le sein.
Variantes anatomiques normales
→ Considérées à tort comme des lésions, les variantes anatomiques normales touchant la zone gland/prépuce peuvent occasionner des demandes de traitement alors que ce sont des aspects normaux observés chez certains hommes. Le gland scrotal est rare et se manifeste par des sillons verticaux multiples et profonds allant de l’urètre à la couronne. Les papules perlées, principales variations physiologiques observées sur le gland à partir de l’adolescence, sont fréquentes.
Avis du spé“Les balanites candidosiques sont très rares”
Dr Jean-Noël Dauendorffer, dermatologue au Centre de pathologie génitale et infections sexuellement transmissibles (IST) de l’hôpital Saint-Louis, à Paris.
Il y a une tendance à souvent traiter les balanites comme des candidoses, alors que les balanites candidosiques sont plus rares chez l’homme que les candidoses vaginales fréquemment rencontrées chez les femmes. De nombreux patients ne sont pas soulagés par un traitement antifongique car il n’est pas adapté. Par exemple, une balanite chez un jeune homme qui n’a pas d’antécédent particulier, qui n’est pas diabétique et n’a pas pris d’antibiotique, ne doit pas être considérée a priori comme une candidose. Alors qu’une balanite candidosique peut être suspectée et traitée sans faire de prélèvement en présence de petites pustules chez un homme qui vient de prendre des antibiotiques. Dans le cas d’une simple rougeur sans signe spécifique, il est préférable de faire un prélèvement pour orienter le traitement.
Info+
→ L’adhérence naturelle à la naissance entre le gland et le prépuce diminue peu à peu avec l’âge. La libération des adhérences est favorisée par les érections et les manipulations de son sexe par l’enfant. Vers 3 ans, 90 % les ont libérées. Seuls 5 % des nouveau-nés ont un prépuce totalement rétractable avec un décalottage complet du gland.
Source : therapeutique-dermatologique.org
Info+
→ Une hyperglycémie chronique favorise les infections cutanées bactériennes ou les mycoses, comme certaines balanites chez l’homme ou les vaginites chez les femmes. Rééquilibrer le diabète est impératif pour guérir l’infection qui repart en cas de nouveau déséquilibre.
Source : Complications du diabète : des répercussions sur la sexualité, Fédération française des diabétiques.
En savoir +
→ Diagnostic et traitement des balanites, Dr Jean-Noël Dauendorffer, EMC Urologie, juin 2022.
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