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Coqueluche : « Les bénéfices de la vaccination pendant la grossesse sont incontestables »

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Coqueluche : « Les bénéfices de la vaccination pendant la grossesse sont incontestables »

Publié le 9 janvier 2025
Par Nathalie Belin
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Face à la recrudescence des cas de coqueluche en France, le Pr Julie Toubiana, pédiatre infectiologue à l’hôpital Necker-Enfants malades et directrice adjointe du Centre national de référence de la coqueluche et autres bordetelloses (Institut Pasteur), fait le point sur l'épidémie en cours et insiste sur l'importance cruciale de la vaccination des femmes enceintes.

La recrudescence des cas de coqueluche depuis le début de l’année a été particulièrement intense. Peut-on prévoir la durée de l’épidémie ?

© DR
Julie Toubiana : Par rapport aux deux cycles épidémiques précédents, 2012-2013 et 2017-2018, le nombre de cas confirmés de coqueluche en ville est environ trois fois plus important. La cause n’est pas encore bien comprise, mais il est possible que la bactérie qui circule soit plus virulente car c’est une souche différente de celle des épidémies précédentes. Par ailleurs, un défaut de rappel naturel d’immunité de la population générale vaccinée, à la suite de l’arrêt de la circulation de la bactérie liée aux mesures de distanciation sociale de la période Covid-19, peut aussi être en cause. Dans tous les cas, on ne peut prédire la durée d’un cycle épidémique. Celui-ci s’interrompt quand un nombre suffisamment important de personnes ont rencontré la bactérie et se trouvent donc immunisées. Un cycle dure généralement deux ans, donc même si la maladie est saisonnière avec des hausses observées au printemps et en été, il ne faut pas baisser les bras !

Où en est-on question vaccination des femmes enceintes ?

J.T. : Le taux de couverture vaccinale ne cesse d’augmenter en France. Les données EPI-PHARE tout récemment publiées sur le statut vaccinal de plus de 300 000 femmes ayant débuté leur grossesse entre le 1er août 2023 et le 31 mars 2024 et ayant atteint au moins 34 semaines de grossesse au 1er octobre 2024, révèlent que près de deux tiers d’entre elles avaient été vaccinées. Cela veut dire que les recommandations ont été largement suivies durant l’épidémie 2023-2024, permettant d’atteindre, par exemple, des taux de vaccination similaires à ceux relevés en Angleterre, d’environ 70 %. Avec un recul d’utilisation de plus de dix ans dans de nombreux pays, on sait que cette vaccination ne présente aucun risque en matière de prématurité, notamment. Les professionnels de santé, dont les officinaux, doivent en être convaincus afin de la promouvoir largement, car ses bénéfices sont incontestables : les études montrent une protection du nourrisson avant sa première dose vaccinale d’environ 80 %, avec une très bonne efficacité contre les formes les plus graves. Elles révèlent aussi un gain supplémentaire de protection dans les mois qui suivent la première dose à l’âge de 2 mois. La mortalité infantile attribuable à la coqueluche après vaccination maternelle est ainsi quasi nulle. L’adjonction du cocooning en période épidémique – gestes barrières et vaccination de l’entourage – augmente encore la protection des tout-petits. Il est essentiel de promouvoir la vaccination contre la coqueluche chez la femme enceinte pour augmenter le niveau de couverture vaccinale à l’échelle de tout le territoire. Pour que cette vaccination soit bien comprise, il est important d’en rappeler le mécanisme : elle doit être impérativement réalisée durant la grossesse pour produire un taux suffisamment élevé d’anticorps maternels. Avoir été vaccinée juste avant la grossesse ne protège pas le bébé.

Quelle conduite tenir devant une personne qui tousse ?

J.T. : D’abord, recommander de mettre un masque ! Ensuite, il faut consulter si la toux dure plus de 7 jours, d’autant plus si elle est quinteuse, à recrudescence nocturne ou très gênante, afin de prescrire une antibiothérapie si le diagnostic est confirmé. L’objectif étant de limiter la contagion.

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