« Préparateur en pharmacie, j’ai créé mon laboratoire de phyto »

« La vie, c’est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l’équilibre », disait le physicien Albert Einstein. Jérôme Heurtier-Hernandez, préparateur à Saint-André-de-Corcy (Ain), en a fait son leitmotiv. Sa hantise ? S’ennuyer, stagner. Son atout ? Une force de travail rigoureusement ciblée, qui semble inépuisable et le conduit à créer son propre laboratoire de phytothérapie, en parallèle de son emploi à l’officine.

Entre comptoir et technique

Diplômé en 2002 du brevet professionnel (BP) de préparateur en pharmacie, Jérôme a le goût de l’effort. Porté par une inébranlable soif d’apprendre et une passion pour le contact client et la technique de laboratoire, le jeune homme cherche sa place, tâtonne. « Après la fin de mon apprentissage au Centre de formation professionnelle de la pharmacie (CFPP) de Paris, j’ai quitté une officine dans laquelle je m’éclatais pour entamer un BTS (brevet de technicien supérieur) de biologie médicale, confie-t-il. J’avais encore envie d’apprendre et je ne me voyais pas derrière un comptoir toute ma vie. »

Rapidement, pourtant, le contact avec les patients lui manque. Cruellement. Il quitte son BTS pour revenir travailler en officine, à Paris. Mais… ses doutes refont surface : « Décidément, je ne me voyais pas faire toute ma vie à l’officine, je me disais que je n’aurais pas toujours la chance de tomber sur des titulaires aussi humains… ». Jérôme part alors explorer la pharmacie hospitalière à Clichy (hôpital Beaujon, Hauts-de-Seine). Stérilisation, encadrement d’aides-soignants, reconstitution des cytotoxiques, etc., l’expérience est enrichissante. Nouvelle. Variée. Les horaires, en revanche, sont « un peu trop lights, j’ai fini par m’ennuyer un peu », avoue le préparateur qui effectue des remplacements en officine en parallèle. Deux ans plus tard, il suivra finalement un collègue pharmacien dans le 9^e arrondissement de Paris, avant de revenir dans le 16^e.

Un déclencheur…

Ici, c’est encore une rencontre humaine, avec trois pharmaciens, qui l’aiguillera davantage sur sa voie. « Nous avons remis le préparatoire aux normes, puis j’en ai été nommé responsable », raconte Jérôme Heurtier-Hernandez. La persévérance du préparateur le rapproche de son objectif ultime : allier technique et contact client. « Contrairement à l’hôpital, je fabriquais des produits pour des clients que je servais », explique-t-il. Sirop au goût plus attrayant pour les enfants malades, ajustements galéniques, suppositoires aux huiles essentielles, etc., les demandes affluent, stimulent. Jérôme ne mâche pas ses mots : « Ça a été l’éclate pendant 3 ans. C’est à ce moment-là qu’a germé l’idée de créer mon propre laboratoire, les formules existantes en phytothérapie n’étant pas toujours suffisamment dosées. » Son obsession pour le juste remède – quitte à le faire soi-même, s’il n’existe pas – le mène directement à l’entrepreneuriat.

… et l’oiseau fait son nid

Son projet se construit avec méthode. Aguerri à la négociation des matières premières – et fort de son expérience au préparatoire –, Jérôme peut aussi compter sur les conseils d’un titulaire tout droit sorti d’un laboratoire de compléments alimentaires. Il se lance, en confiance, sans compter : « Après 35 heures en trois jours à la pharmacie, je créais mes formules et montais mon projet avec un associé sorti d’école de commerce qui gérait l’administratif. » En 2011, Complépharma voit le jour. Ses segments de prédilection vont des troubles du sommeil à la gestion du stress, en passant par la fatigue, l’immunité, le système veinotonique, la sphère urinaire. Le tout – « bien évidemment ! » –, dans un respect pointu des normes. « Nous travaillons avec un façonnier de renom et bénéficions sur place d’un laboratoire d’analyse chimique. » La clientèle croît via le bouche-à-oreille, d’abord à Paris, puis au-delà, notamment à Lyon, où il vit depuis 2013.

Fidèle à sa nature, Jérôme n’a jamais cessé d’apprendre et, aujourd’hui encore, continue à se former pour enrichir ses compétences en phytothérapie, mais aussi en homéopathie, qu’il conseille très souvent. Suivre la route de ses passions reste ainsi sa formule gagnante pour s’épanouir quotidiennement au travail.

Portrait express

Âge : 45 ans.

Formation : BP de préparateur en pharmacie, diplôme interuniversitaire (DIU) de phytothérapie et aromathérapie, formations en homéopathie délivrées par la Fédération française des sociétés d’homéopathie (FFSH), en cours d’obtention d’un DIU de thérapeutique homéopathique.

Lieu d’exercice : Saint-André-de-Corcy (Ain).