La ménopause, on en cause

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La ménopause, on en cause

Publié le 3 juillet 2025
Par Annabelle Alix
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Longtemps méconnue, voire dissimulée par celles qui la traversaient, la ménopause s’impose aujourd’hui comme un enjeu de santé publique majeur. Les clés pour mieux comprendre, détecter et accompagner cette phase de la vie au comptoir.

À la ménopause, quand les règles s’arrêtent, et durant les années qui précèdent – quand l’activité ovarienne devient chaotique –, « 90 % des femmes ont des symptômes […]. Et un quart d’entre elles souffre d’un retentissement sur leur santé : fractures osseuses, signes cardiovasculaires… », décrivait, dans un post publié le 8 mars sur LinkedIn, la députée du Loiret, Stéphanie Rist, auteure du rapport « La ménopause en France : 25 propositions pour enfin trouver le chemin de l’action ». Celle-ci posait alors une intention : « Ces femmes ont besoin de plus d’informations fiables et d’être mieux accompagnées. »

Le sujet de la ménopause sort peu à peu de l’ombre, notamment grâce à des femmes engagées qui partagent leur vécu sur les réseaux sociaux, à des journalistes qui créent des revues spécialisées, à des médecins spécialistes qui conçoivent des podcasts à destination du grand public… Sur la base du rapport Rist, le gouvernement a désormais lancé des mesures pour mieux accompagner la ménopause. Et au comptoir des pharmacies, le rôle de l’officinal est crucial.

4 priorités pour mieux accompagner la ménopause

À l’occasion de la remise du rapport Rist, le gouvernement a annoncé quatre priorités pour accompagner la ménopause :

> Mettre en place une consultation spécifique avec un professionnel de santé (généraliste, gynécologue ou sage-femme), pour chaque femme dès les premiers signes de la ménopause, afin de permettre un accompagnement personnalisé, intégrant les dimensions gynécologique, cardiovasculaire et ostéo-articulaire.

> Renforcer l’information dès le plus jeune âge, notamment grâce à des programmes éducatifs, en lien avec le ministère de l’Éducation nationale et en s’appuyant sur des associations reconnues. Une actualisation des contenus sur les sites publics (ameli.fr, santé.fr, santé.gouv) et une campagne grand public à destination des femmes viendront compléter cette démarche.

> Soutenir la recherche médicale, en faisant de la ménopause une thématique prioritaire dans les appels à projets de recherche pilotés par le ministère de la Santé. Faire progresser les connaissances scientifiques permettra de garantir des soins adaptés.

> Améliorer les conditions de travail :

  • En intégrant la thématique de la ménopause dans les visites médicales de mi-carrière (à 45 ans) ;
  • En lançant une étude économique pour mesurer les conséquences de la ménopause sur l’activité professionnelle des femmes. Si l’initiative peut sembler stigmatisante, le rapport Rist pointe que « 540 000 jours de travail perdus au Canada par an » seraient liés aux symptômes de la ménopause. Le rapport ajoute qu’au Japon, pays pourtant cité comme ayant une approche « positive » de la ménopause, le ministère de l’Économie a estimé que les facteurs de baisse de performance, d’absentéisme et de démission représenteraient l’équivalent de 11,57 milliards d’euros par an. Faire la lumière sur ces réalités permettrait d’organiser les aménagements nécessaires du lieu de travail et de l’activité.

La ménopause : de quoi parle-t-on ?

La ménopause se définit comme une aménorrhée de plus d’un an qui survient, en moyenne, en France, à l’âge de 51 ans. « Elle est dite naturelle, lorsqu’elle survient spontanément après 45 ans, mais peut être provoquée plus tôt, notamment par une chirurgie d’ablation des ovaires, une chimiothérapie, ou encore des rayons », explique la gynécologue Lydia Marié-Scemama, responsable du département Ménopause et Périménopause à l’Institut de la santé de la femme et de la fertilité (service de gynécologie obstétrique et médecine de la reproduction de l’hôpital Foch, à Suresnes).

On parle de ménopause « anticipée » lorsqu’elle survient entre 40 et 45 ans. Avant 40 ans, « il s’agira d’une insuffisance ovarienne prématurée, précise Lydia Marié-Scemama. Les causes seront alors à rechercher, mais dans la majorité des cas, elles sont génétiques ».

Le diagnostic de la ménopause est clinique. « Les échographies ou dosages d’hormones, comme la FSH ou l’œstradiol, ne servent à rien. » Les hormones féminines sont pourtant bel et bien en jeu dans le phénomène, puisque celui-ci consiste en l’arrêt définitif des cycles ovariens qui produisaient œstrogènes et progestérone depuis la puberté. Et la disparition de ces hormones sexuelles n’est pas sans conséquences sur l’organisme : ralentissement du métabolisme engendrant souvent une prise de poids ; syndrome génito-urinaire lié à l’atrophie et à la perte d’élasticité des tissus, entraînant sécheresse vaginale, incontinence urinaire, douleurs pendant les rapports ; déminéralisation à l’origine d’une perte de densité osseuse et de douleurs ostéo-articulaires…

La périménopause : comment décoder les premiers signaux ?

« Au fil du temps, en raison de l’appauvrissement du stock disponible, les ovaires ne libèrent pas d’ovocyte à chaque cycle : ce phénomène est souvent à l’origine d’une anarchie de la sécrétion hormonale qui explique les symptômes de la périménopause. Habituellement, la production de progestérone est la première à devenir déficitaire, suivie par celle des œstrogènes1 », peut-on lire sur le site de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm).

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Durant cette période qui précède la ménopause, « la progestérone étant insuffisante, la femme se retrouve d’abord en hyperœstrogénie relative », explique la gynécologue Odile Bagot, invitée du podcast « Chaud dedans » de la journaliste Claire Fournier2. Avec parfois son lot de symptômes à gérer. Cette phase peut être marquée par « l’apparition, la réapparition ou l’aggravation d’un syndrome prémenstruel pouvant associer maux de tête, douleurs aux seins, gonflements, ballonnement abdominal, œdèmes au niveau des extrémités du corps, irritabilité, fatigue… », liste le gynécologue et cancérologue Michel Mouly dans son livre, Ménopause, tout peut changer ! (éd. Robert Laffont). « Et tout à coup, il n’y a plus de règles. Les bouffées de chaleur signent alors un manque d’œstrogènes », précise Odile Bagot2. Celles-ci sont les plus répandues, parmi une multitude de symptômes qui varient d’une femme à l’autre, mais n’épargneront que 10 à 20 % d’entre elles. Le propre de la périménopause est son caractère irrégulier : il n’est pas rare que les règles cessent pendant plusieurs mois avant de revenir… « Les ovaires alternent entre activité et non-activité, et la carence en œstrogènes, avec cette fluctuation, crée un déficit bioénergétique et une souffrance cérébrale qui expliquent la dépression, les bouffées de chaleur, mais aussi les troubles du sommeil, le brouillard cérébral, les troubles cognitifs et de la mémoire », ajoute Lydia Marié-Scemama.

La perte de libido fait partie de la liste des symptômes de la périménopause. La problématique de la sexualité durant cette période « n’est pas forcément celle du désir, nuance toutefois Odile Bagot, car le peu d’incidence des hormones dans la libido d’une femme est à rechercher du côté de la testostérone. Or, en l’absence d’œstrogènes, celle-ci agira davantage au niveau des récepteurs œstrogéniques. La cinquantaine peut donc se manifester par un regain d’énergie sexuelle, sous réserve que la muqueuse vaginale suive2… ». Et c’est là que le bât blesse : la chute des œstrogènes pouvant entraîner un défaut de lubrification.

Allopathie : les produits qui soulagent

> Contre les symptômes vulvo-vaginaux, sexuels, urinaires et pelviens de type brûlures urinaires (hors cystite), envies pressantes d’uriner, douleurs, défaut de lubrification : penser aux probiotiques et aux œstrogènes locaux (uniquement sur ordonnance).

> Contre la sécheresse vaginale, les douleurs pendant les rapports : proposer hydratants et lubrifiants à l’acide hyaluronique.

> Autres options thérapeutiques innovantes : le laser CO2 fractionné permet de traiter l’atrophie vulvo-vaginale, la photobiomodulation par leds de réhydrater la muqueuse vaginale. En informer la patiente et la renvoyer vers son médecin.

C’est pour quand ?

Si l’on estime l’apparition de la périménopause deux à quatre ans avant la ménopause et pas avant 45 ans, « certaines femmes peuvent remarquer une perturbation de leurs cycles menstruels jusqu’à dix ans avant le début de la véritable ménopause, soit dès le début de la quarantaine », observe le Dr Mouly3. Sauf pathologie particulière, ménopause prématurée ou insuffisance ovarienne, la cause de ces troubles chez les femmes plus jeunes, trentenaires, doit plutôt être cherchée du côté du syndrome prémenstruel (ensemble de symptômes physiques et/ou psychiques lié au cycle) ou du stress. « Certaines périodes de la vie sont soumises au stress, dont l’impact est fort sur le cycle hormonal, explique Lydia Marié-Scemama. Une de mes patientes, par exemple, n’a plus eu ses règles pendant trois mois après que son mari l’ait quittée. » « La fabrication de cortisol qu’entraîne le stress utilise les mêmes ressources que les hormones sexuelles, ce qui favorise les déséquilibres hormonaux, les troubles et les douleurs », observe quant à elle Alice Picard, pharmacienne et fondatrice de la marque de compléments alimentaires Equilibrist.

Prendre les bonnes habitudes de prévention

> Prévenir le risque cardiovasculaire et l’ostéoporose : l’activité mêlant des pratiques d’endurance modérée (marche rapide, gymnastique, danse, jogging) et de renforcement musculaire (pompes, rameur, etc.) réduit la perte de densité osseuse, diminue les bouffées de chaleur et la nervosité, améliore la forme cardiovasculaire et la flexibilité. Pratiquer l’activité sportive de préférence le matin et/ou au moins 3 heures avant le coucher.

> Prévenir la prise de poids : le régime méditerranéen ou toute alimentation équivalente, avec ses apports importants en légumes et en céréales complètes et sa faible consommation de viande rouge, de pommes de terre et de céréales raffinées, permet notamment de diminuer le risque de surpoids et d’adiposité abdominale (épaississement de la ceinture).

> Prévenir les troubles du sommeil : manger léger le soir, bien en amont du coucher, et éviter les stimulants avant de dormir favorisent un meilleur sommeil. S’aménager un nid douillet propice au sommeil réparateur (chambre à 19 °C, calme et sombre) et entamer une routine du soir en commençant à lâcher prise une heure avant le coucher : lire, boire une infusion, se détendre… Écouter son corps, en ne luttant pas contre le sommeil ou en ne se forçant pas à dormir.

> Prévenir le déclin cognitif : le fait de faire travailler la mémoire, conjugué à l’activité physique et au régime méditerranéen, permet de retarder de 3,5 ans l’apparition d’Alzheimer chez une femme prédisposée.

Source : Dr Michel Mouly, Ménopause, tout peut changer !, éd. Robert Laffont, 2022, p. 27 à 33.

La partie émergée de l’iceberg ?

Bonne nouvelle, la majorité des symptômes de la périménopause disparaîtront une fois la ménopause installée. Le corps a cette fabuleuse faculté à s’adapter. C’est ainsi qu’en l’absence définitive d’œstrogènes, « il va arriver à les fabriquer à partir des lipides provenant des gaines de myéline, permettant ainsi au glucose de franchir la barrière cérébrale », analyse Lydia Marié-Scemama. Toutefois, à la ménopause, certaines douleurs ostéo-articulaires peuvent se manifester car « les œstrogènes ont une action antidouleur sur le corps et le système nerveux », écrit Michel Mouly. Mais elles seront surtout fréquentes au cours des cinq premières années, car si « la chute d’œstrogènes modifie complètement le seuil de perception de la douleur et la transmission du message douloureux au niveau du cerveau […], avec le temps, le corps […] trouve un nouvel équilibre hormonal ». Pour autant, un symptôme subi pendant la périménopause peut constituer les prémices de troubles plus graves. Comme l’explique Michel Mouly, un symptôme n’est « que la partie émergée de l’iceberg3 ». Les femmes qui ont des bouffées de chaleur et des sueurs nocturnes – troubles vasomoteurs – sont 70 % plus susceptibles d’être victimes d’une crise cardiaque, d’une angine de poitrine ou d’un accident vasculaire cérébral (AVC). Or, les maladies cardiovasculaires – déjà fréquentes en population générale – coûtent la vie à 76 000 femmes par an en France. Elles sont la première cause de mortalité des plus de 65 ans et tuent huit fois plus de femmes que le cancer du sein3. « De fortes bouffées de chaleur pendant la périménopause augmentent aussi le risque d’ostéoporose, de diabète de type 2 et de syndromes neurodégénératifs pouvant aller jusqu’à la maladie d’Alzheimer chez des femmes prédisposées », ajoute Lydia Marié-Scemama. Autres exemples : « les kilos en trop ouvrent la porte à certains cancers et les gonflements favorisent notamment les possibilités de thrombose », ajoute encore Michel Mouly dans son ouvrage3.

Le réflexe comptoir de Lydia Marié-Scemama, gynécologue

« Une patiente en périménopause parlera de bouffées de chaleur, de troubles du sommeil, de sueurs nocturnes… et non pas de sa fatigue, comme pourrait le faire une femme de 30-35 ans qui a deux enfants et qui travaille. Sa problématique à elle, c’est une baisse de qualité de vie liée à des symptômes qui peuvent être divers : arthralgie, insomnie, syndrome génito-urinaire de ménopause… Le premier réflexe à avoir est de la renvoyer vers son médecin traitant ou son gynécologue, véritable chef d’orchestre de la ménopause, qui s’occupera si besoin de l’adresser à un spécialiste (cardiologue, rhumatologue, endocrinologue, neurologue…). »

Une ménopause sociale ?

L’état psychologique entre aussi en jeu. « Entre 45 et 50 ans, on passe un cap dans sa vie, souligne Odile Bagot2. C’est une période sociologiquement, familialement compliquée, l’enfant quitte le nid, ce qui peut aussi contribuer à un syndrome dépressif. » « La femme prend conscience d’une forme de finitude liée à la fin de la fertilité et qui peut parfois déclencher un vide existentiel », décrit le psychosociologue Édouard Mérigaud. La période entre 45 et 50 ans serait même la phase la plus difficile à vivre dans sa vie pour une femme. Dans La Fabrique de la ménopause, la sociologue Cécile Charlap parle d’une « ménopause sociale », qui interviendrait avant la ménopause physiologique et marquerait le passage du pouvoir de procréer à l’injonction de ne plus le faire4. Une norme édictée par l’institution médicale, qui qualifie les grossesses après 40 ans – voire après 38, ou même 35 ans ! – de « tardives », voire de « gériatriques », et par le cadre législatif, qui ne prend en charge la procréation médicalement assistée (PMA) que jusqu’à l’âge de 43 ans.

« Quel regard porte la société sur les femmes qui vieillissent quand elles ne sont plus en capacité physiologique d’être mères ?, se questionne la journaliste Claire Fournier. On ne parle pas du corps des femmes de 50 ans. Au moment où il perd sa fonction fertile, sa jeunesse, sa fermeté, il devient invisible, ou alors l’objet d’un acharnement esthétique pour le maintenir présentable aux yeux de la société patriarcale… » Dès les années 1960, dans son ouvrage Feminine Forever, le gynécologue américain, Robert A. Wilson décrivait même, la ménopause comme « un dysfonctionnement menaçant l’essence féminine ».

Et si on changeait de regard ?

La représentation sociétale de la ménopause pourrait-elle changer ? Dans certaines sociétés traditionnelles, comme chez les Baruyas, en Nouvelle-Guinée, la cessation des menstruations confère aux femmes « des libertés de parole et d’action que les femmes en âge de procréer ne peuvent pas s’arroger : rôles politiques, décisions lors de conflits de guerre… », raconte Cécile Charlap dans son livre. Une approche à méditer ! En introduction de son rapport, la députée Stéphanie Rist prend ce contrepied : « La ménopause est une chance ! », clame-t-elle. Avec l’arrêt des règles, la fin du souci de la contraception ou les enfants qui grandissent, la ménopause est pour beaucoup synonyme de liberté. Vue comme une fin par certains, elle est en réalité un commencement, une phase de vie inédite, une nouvelle porte qui s’ouvre. Elle « pourrait être une chance, si nous y attachions collectivement plus de considération », nuance-t-elle ensuite. Car cette nouvelle phase de vie coïncide souvent avec un moment charnière de la carrière professionnelle, où les femmes sont au sommet de leurs compétences. Pourtant, c’est là qu’elles peuvent subir une double peine : les préjugés liés à l’âge et les symptômes de la ménopause affectent leur quotidien. « De plus, elles n’osent pas parler d’elles et s’effacent plus facilement derrière les autres… », pointe Olivia Mahieu, coach qui aide les entrepreneuses quinquagénaires à communiquer sur les réseaux sociaux. Au travail, « des postes assis-debout, des tiroirs à hauteur de bras ou des pauses plus fréquentes sont autant de mesures à inclure à la politique de prévention des risques pour prévenir la fatigue, les troubles ostéoarticulaires, etc., et récupérer », note Édouard Mérigaud.

« La traversée de la périménopause pourrait, elle aussi, si elle est bien accompagnée, être une opportunité d’apprendre à faire plus attention à ses besoins, à poser des limites et à faire de meilleurs choix de vie », ajoute Nathalie Loos, fondatrice de Happy Quinquas (coaching auprès des femmes en périménopause). Joëlle Zingraff, cofondatrice de la marque de compléments alimentaires The Women Circle, la rejoint sur ce point : « Ce peut être une période positive si l’on se remet au centre et que l’on prend soin de soi. » Quant à Aude Hayot, autrice du podcast « La fin des règles », elle s’adresse aux femmes ménopausées avec conviction : « La puissance féminine grandit avec l’âge. Embrassez chaque changement et découvrez la force qui sommeille en vous ! »

1. Dossier Inserm « Ménopause : une meilleure sécurité d’utilisation des traitements hormonaux », septembre 2023.
2. Podcast « Chaud dedans » de la journaliste Claire Fournier, épisode 2 : « Hormones en folie, c’est grave docteur ? » sur Binge audio.
3. Dr Michel Mouly, Ménopause, tout peut changer !, éd. Robert Laffont, 2022.
4. Cécile Charlap, La Fabrique de la ménopause, CNRS éditions, 2019.

Le point sur le THM : rassurer et informer

Victime d’un désamour à cause d’une étude américaine révélant les effets néfastes du traitement hormonal de la ménopause (THM) dispensé outre-Atlantique, le THM « à la française » est pourtant efficace afin de prévenir les risques liés à la ménopause et d’améliorer la qualité de vie.

Les études sur le traitement hormonal de la ménopause (THM) « à la française » – œstrogènes biosimilaires administrés par voie cutanée associés à de la progestérone naturelle micronisée – ne démontrent pas de risques pour la santé, si celui-ci est pris sur une durée de cinq ans. En mimant l’activité ovarienne, ce traitement apporte la meilleure réponse aux différents symptômes de la ménopause, tout en stoppant ou en réduisant les risques qui lui sont associés : ostéoporose, risque cardiovasculaire, déclin cognitif, etc. « Au-delà de cinq ans, le traitement multiplie par 1,2 le risque de cancer du sein, mais les dernières études internationales ont démontré qu’il diminuait le risque de cancers digestifs », a précisé la gynécologue Odile Bagot, invitée du podcast « Chaud dedans » créé par la journaliste Claire Fournier1. La balance bénéfice-risque doit donc être étudiée au cas par cas. Par ailleurs, si une augmentation de l’incidence des cancers du sein est, certes, observée au-delà de cinq ans, la mortalité liée à ces cancers est réduite de 50 % car les femmes sous THM font plus de mammographies et bénéficient d’un suivi rapproché2.

> Une étude non transposable en France

En 2002, l’étude Women Health Initiative (WHI) révélait de nombreux effets néfastes du THM prescrit outre-Atlantique sur la santé des femmes. En réaction, un grand nombre de Françaises ont alors interrompu leur traitement et d’autres l’ont refusé, de sorte qu’en 2024 elles n’étaient plus que 2,5 % à en bénéficierparmi les plus de 45 ans. L’étude WHI portait pourtant sur un traitement bien différent du THM « à la française », puisqu’il associait par voie orale des œstrogènes équins conjugués à un progestatif de synthèse. Surtout, l’étude a été menée sur des femmes bien plus âgées et cumulant des facteurs de risque (obésité, diabète, hypertension…). Or ce profil aurait dû les exclure du traitement. Les conclusions de l’étude WHI ne peuvent donc être transposées aux femmes sous THM en France.

1. Podcast « Chaud dedans » de la journaliste Claire Fournier, épisode 2 : « Hormones en folie, c’est grave docteur ? » sur Binge audio.
2. Dr Michel Mouly, Ménopause, tout peut changer !, éd. Robert Laffont, 2022.
3. Stéphanie Rist, La ménopause en France, 25 recommandations pour enfin trouver le chemin de l’action, avril 2025.

Des solutions non médicamenteuses

En marge du traitement hormonal de la ménopause (THM), certaines thérapies non médicamenteuses ont démontré leurs effets et peuvent être proposés au comptoir.

> L’actée à grappes noires (à raison de 40 à 80 mg par jour) limiterait le nombre de troubles comme les bouffées de chaleur, les insomnies, la sudation, la dysfonction sexuelle, les symptômes vulvo-vaginaux et les maux liés à la santé osseuse. En association avec le millepertuis, elle diminuerait de 50 % certains symptômes, notamment la dépression1.

> Le safran améliore le bien-être, amoindrit de façon drastique le trouble dépressif, agit sur les bouffées de chaleur, les troubles de l’humeur, le sommeil, la digestion, la libido et le vieillissement des cellules, sans aucun effet secondaire s’il n’est pas cumulé avec des antidépresseurs médicamenteux ni prescrit aux femmes enceintes ou aux patients souffrant de problèmes de coagulation sanguine1.

> Les extraits purifiés de pollen2 et les phyto-œstrogènes ont montré une certaine efficacité contre les bouffées de chaleur. Mais attention ! Les phyto-œstrogènes comportant les mêmes contre-indications que les œstrogènes, ils sont à proscrire en cas de risque (ou d’antécédents) cardiovasculaire ou de cancer hormono-dépendant.

« Le gattilier peut contribuer à réduire les symptômes d’une hyperoestrogénie relative liée à une baisse de la progestérone, soit les douleurs aux seins, des règles irrégulières et le syndrome prémenstruels : fatigue, ballonnements, irritabilité, maux de tête… », indique David Brousseau, préparateur et fondateur de NaturOwl, organisme de formation en médecines naturelles. Là encore, tout en veillant aux contre-indications que sont les antécédents de cancer hormono-dépendant et l’interaction théorique avec les antagonistes dopaminergique et œstrogénique.

> Les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) et l’hypnose ont été décrites comme efficaces contre les bouffées de chaleur3. L’hypnose les réduirait de 75 %1.

1. Dr Michel Mouly, Ménopause, tout peut changer !, éd. Robert Laffont, 2022.
2. Dr Odile Bagot, gynécologue, dans le podcast « Chaud dedans » de la journaliste Claire Fournier, épisode 2 : « Hormones en folie, c’est grave docteur ? » sur Binge audio.
3. Dossier Inserm « Ménopause : une meilleure sécurité d’utilisation des traitements hormonaux », septembre 2023.