Missions officinales : 105 millions d’euros générés en 2024, la vaccination en tête

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Missions officinales : 105 millions d’euros générés en 2024, la vaccination en tête

Publié le 6 mai 2025 | modifié le 12 mai 2025
Par Sana Guessous
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L’Observatoire de l’économie officinale dresse le bilan 2024 des nouvelles missions en pharmacie. Portée par l’essor de la vaccination et des Trod, l’activité a généré plus de 100 millions d’euros de rémunérations. Mais les entretiens pharmaceutiques peinent encore à convaincre, malgré une nette progression.

En 2024, 99 % des pharmacies ont vacciné contre la grippe, pour une rémunération totale de 48 millions d’euros, en hausse de 8 % par rapport à 2023. Les rappels vaccinaux ont été réalisés dans 95 % des officines, générant 24 millions d’euros, soit + 182 % en un an.
« La vaccination commence à avoir un certain poids dans l’économie officinale. La progression est constante, en particulier sur la grippe », analyse Julien Chauvin, président de la commission études et stratégie économiques à la FSPF.
Pour lui, cette dynamique confirme que les pharmaciens s’emparent des missions dès lors qu’elles sont rentables, peu chronophages et intégrées au flux d’activité.
L’avenir s’annonce encore plus favorable : « L’avenant économique prévoit une revalorisation conséquente de la prescription vaccinale, qui passera de 2,10 € à 7,50 € d’ici 2027 », ajoute-t-il.

Trod et dépistage colorectal : forte montée en charge

Les Trod angine ont été réalisés dans 81 % des officines, pour un total de 5,3 millions d’euros, contre 60 % en 2023.
Quant aux Trod cystite, ils ont été déployés dans 68 % des pharmacies, représentant 2,6 millions d’euros, contre 0 % l’an passé.
« L’adhésion des officines à ces dispositifs de diagnostic rapide progresse très vite », souligne Pierre-Olivier Variot, président de l’USPO.
Autre indicateur en forte hausse : la remise du kit de dépistage du cancer colorectal, désormais généralisée à 100 % des officines, contre 89 % en 2023, pour une rémunération globale de 8,6 millions d’euros.
Julien Chauvin se félicite de l’efficacité du dispositif : « On navigue entre 150 000 et 200 000 kits distribués chaque mois. Le taux de conversion – nombre de kits remis débouchant sur une analyse – dépasse les 80 % dans notre groupe de pharmaciens en Touraine. Cela démontre notre vraie valeur ajoutée, et je pense que ce chiffre reflète assez fidèlement la tendance nationale. »

Entretiens : croissance significative mais couverture faible

Le bilan partagé de médication a généré 2,6 millions d’euros en 2024, soit une hausse de 157 %, mais n’a été réalisé que dans 19 % des officines. « C’est toutefois mieux que les 6 % enregistrés en 2023 », relativise Pierre-Olivier Variot.
Même constat pour les accompagnements pharmaceutiques AOD, AVK et asthme, effectués dans 19 % des pharmacies contre 4 % l’an passé. Ces entretiens ont rapporté 1,6 million d’euros, soit le double de 2023.
Pour Christophe Le Gall, président de l’UNPF, les freins sont clairs : « Les entretiens et bilans ont longtemps pâti d’une complexité administrative et de modalités de rémunération peu incitatives. Le passage à une facturation à l’acte est une avancée notable. »
Mais selon lui, le principal enjeu reste organisationnel et managérial : « Il faut continuer à structurer ces missions avec des procédures claires pour les rendre plus rentables. Cela implique une réflexion sur la gestion du temps officinal. »

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La Rosp exceptionnelle a dopé l’implication

Pour Pierre-Olivier Variot, l’effet d’entraînement de la Rosp exceptionnelle versée par l’Assurance maladie est indéniable. D’un montant de 950 € par officine, elle a représenté un total de 13 millions d’euros pour le réseau. « Cette Rosp a clairement insufflé une dynamique nouvelle chez les pharmaciens », analyse-t-il.