Grippe : la pharmacie est-elle victime de son propre succès ?

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Grippe : la pharmacie est-elle victime de son propre succès ?

Publié le 9 janvier 2025
Par Audrey Chaussalet
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Alors que l'épidémie de la grippe s'intensifie dans l'Hexagone, Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) ne cache pas son ambition « de faire du pharmacien le promoteur de la vaccination de notre pays ». Et d'aller encore plus loin dans son rôle au service de la prévention.

Si la campagne saisonnière de lvaccination contre la grippe 2024-2025 avait mal commencé, la pharmacie est parvenue petit à petit à combler son retard par rapport à l’année précédente. Selon les chiffres d’Iqvia, relayés ce jour par la FSPF, 10,3 millions de doses ont été délivrées depuis le 15 octobre 2024, date du lancement de la campagne 2024-2025. Un chiffre en légère hausse par rapport à la campagne 2023-2024 qui s’était soldée par 10,2 millions de doses délivrées en pharmacie. Encore mieux : le réseau officinal a administré 6,2 millions de doses depuis le 15 octobre, soit 12 % de plus que la saison précédente. Sur le mois de novembre, ce sont 280 000 vaccins qui ont été administrés en pharmacie, dont 67 000 prescrits par les équipes officinales, soit 20 % des vaccinations antigrippales en pharmacie. « Preuve que la profession a su faire preuve de persuasion et lutter efficacement contre le scepticisme vaccinal », estime Philippe Besset. Pour le président de la FSPF, cette situation est d’ailleurs de bon augure « pour faire du pharmacien le promoteur de la vaccination de notre pays », avant de rappeler que cette volonté corrobore pleinement « avec celle des pouvoirs publics qui ont accordé le droit aux pharmaciens de prescrire et d’administrer les vaccins dans le but justement d’augmenter la couverture vaccinale ».

Renforcer le rôle du pharmacien, oui mais comment ?

À l’heure où les précommandes de vaccins antigrippaux s’ouvrent pour la saison 2025-2026, Philippe Besset recommande donc à tous ses confrères et consœurs « de commander 10 % supplémentaires ». Peut-être aussi pour éviter la situation de ces derniers jours, marquée par des stocks semblant manquer à certains endroits, en plein pic épidémique. Pour l’heure, il est impossible de dresser un tableau précis et il semblerait que le niveau de stock d’une pharmacie à l’autre soit hétérogène. Interrogé mardi 7 janvier à ce sujet, Emmanuel Déchin, délégué général de la Chambre syndicale de la répartition pharmaceutique (CERP), n’avait pas eu vent d’une pénurie chez les grossistes-répartiteurs, « même s’ils disposent de seulement 10 % des stocks sur les vaccins contre la grippe, car 90 % des commandes sont passées en direct auprès des laboratoires et près d’un an à l’avance », avait-il déclaré. Même constat au sein d’Iqvia qui recense encore 600 000 doses en stock dans les pharmacies. Parmi les suggestions de Philippe Besset, autoriser la rétrocession de vaccins à titre dérogatoire, proposer une prise en charge sur les tests de dépistage de la grippe au même titre que les tests de dépistage du Covid-19, ou encore donner le droit aux pharmaciens de prescrire et délivrer Tamiflu aux personnes les plus fragiles… Une liste de souhaits juste au moment où le gouvernement Bayrou se lance dans la bataille du budget pour tenter de faire adopter au plus tôt un projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2025.

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