Calendrier vaccinal : pourquoi les pharmaciens s’exposent à des indus

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Calendrier vaccinal : pourquoi les pharmaciens s’exposent à des indus

Publié le 15 mai 2025
Par Christelle Pangrazzi
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Le 28 avril, la Direction générale de la santé (DGS) publiait une nouvelle version du calendrier vaccinal. Celui-ci introduit des élargissements notables, notamment la vaccination contre le méningocoque B (vaccin Bexsero) chez les 15-24 ans, désormais recommandée pour tous les jeunes adultes. Problème : l’arrêté autorisant explicitement les pharmaciens à vacciner cette tranche d’âge n’a pas encore été publié.

« Oralement, Grégory Emery, alors encore en poste à la DGS, a confirmé que les pharmaciens étaient autorisés à prescrire et à administrer le Bexsero chez les plus de 11 ans », indique Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officines. « Mais sans texte écrit, impossible de sécuriser les pratiques. Le risque d’indus plane. »

Des autorisations implicites, mais pas explicites

Sur le papier, la situation semble claire : les pharmaciens peuvent prescrire et administrer tous les vaccins inscrits au calendrier vaccinal dès lors qu’ils concernent les plus de 11 ans. C’est ce qu’autorise l’arrêté du 8 août 2023.

Mais dans les faits, les textes d’application peinent à suivre : le Bexsero est bien recommandé chez les 15-24 ans depuis l’arrêté du 4 avril, mais ce même texte n’autorise pas explicitement l’acte vaccinal en officine. « Nous avons relancé le ministère pour obtenir une confirmation écrite. Tant que ce flou persiste, nous conseillons la prudence », souligne l’USPO.

Le cas du vaccin contre le méningocoque ACWY suit la même logique : recommandé et pris en charge pour les jeunes de 11 à 24 ans, il peut être administré en pharmacie.

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Méningocoque B : remboursement oui, administration peut-être

Le vaccin Bexsero est remboursé à 65 % par l’assurance maladie chez les nourrissons et les 15-24 ans, avec un complément de 35 % pris en charge par les mutuelles. En revanche, la tranche 11-15 ans ne bénéficie d’aucune prise en charge à ce stade. Quant au vaccin Trumenba (également contre le méningocoque B), il reste réservé à des contextes particuliers : uniquement en cas de recommandation ciblée par l’ARS, notamment dans les zones d’endémie. Il ne bénéficie pas du même élargissement de remboursement.

Afin d’aider ses adhérents à y voir plus clair, l’USPO a conçu des tableaux synthétiques dédiés aux vaccins Méningocoque ACWY et Méningocoque B, détaillant les classes d’âge, les modalités de prise en charge et les conditions de prescription. Ces outils seront disponibles sur l’espace adhérent du site syndical, et devraient être progressivement étendus à l’ensemble des vaccins administrables en officine.

Entre deux textes, l’incertitude prévaut

Ce décalage entre recommandations vaccinales et arrêtés d’application met les pharmaciens dans une position délicate. « On est toujours entre deux eaux », résume Pierre-Olivier Variot. « Le calendrier nous dit qu’il faut vacciner, les arrêtés nous disent parfois que ce n’est pas encore autorisé. Or les indus peuvent tomber à tout moment. C’est pourquoi nous exigeons des confirmations écrites. »

Le syndicat appelle à une meilleure coordination entre les publications du calendrier vaccinal et les arrêtés d’application qui en découlent. « Ce manque d’alignement génère de l’insécurité juridique et freine le déploiement des compétences vaccinales des pharmaciens », insiste-t-il.

Vaccination des voyageurs : avancées en coulisse

Enfin, une réunion récente avec des médecins de centres de médecine du voyage a permis d’ouvrir une discussion constructive sur la vaccination des voyageurs en officine. Si l’idée d’une vaccination complète reste exclue, une solution partielle est en gestation : un logiciel pourrait permettre aux pharmaciens d’identifier les vaccins recommandés selon les zones de destination et le profil du patient. Une proposition pourrait être soumise au ministère d’ici l’été.