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© jpthierry
Pourquoi la future réforme des ALD peut se révéler dangereuse
L’Assurance maladie envisage une refonte du dispositif des Affections longue durée (ALD), qui couvre 20 % de la population et représente les deux tiers des dépenses de santé. Alors que la prise en charge à 100 % est remise en question, les associations de patients s’inquiètent de l’impact d’une telle réforme sur les patients, en particulier les plus vulnérables. Trois questions à Jean-Pierre Thierry, conseiller médical à France Assos Santé.
La Cnam propose de retarder l’entrée en ALD par la création d’un statut de « risque chronique » en amont. Que pensez-vous de cette mesure ?
Les pathologies pour lesquelles l’Assurance maladie veut instaurer ce nouveau dispositif sont l’hypertension artérielle, l’obésité, le diabète de type 2 sans comorbidités et l’hypercholestérolémie. Ces maladies concernent des millions de patients. La Cnam souhaite diminuer le coût certes élevé des Affections longues durées. Mais moins rembourser les soins de patients en phase précoce de la maladie est à l’inverse d’une logique de prévention secondaire. Il est proposé de remplacer l’exonération du ticket modérateur par un panier de soins et un suivi médical, dans une logique de gradation de la prise en charge médicale et financière selon chaque pathologie et ses spécificités. Il faudra être vigilant face à cette mesure car le diable peut se cacher dans les détails. Si nous ne faisons pas attention, une médecine préventive à deux vitesses peut se créer, mettant de côté les patients les plus précaires.
L’Assurance maladie veut également réévaluer le dispositif des ALD pour les patients en rémission, au moyen d’entrées et de sorties du système « plus dynamiques. »
Cette proposition soulèvera aussi une grande vigilance des associations de patients car le risque de perte de chance pour de nombreux malades se pose, notamment en cas de rechute. La Cnam suggère que les patients en rémission se voient proposer une « surveillance renforcée » au lieu d’une exonération sur tous les actes en lien avec leur pathologie. Qu’en sera-t-il du reste à charge du patient s’il doit basculer dans le droit commun en phase de rémission ? Un tel recul de la prise en charge risque d’impacter les personnes n’ayant pas les moyens de souscrire une complémentaire santé suffisamment protectrice.
Quelle alternative permettrait de couvrir au mieux les patients chroniques tout en réalisant des économies ?
Il faut améliorer la pertinence des soins. Les patients en ALD sont généralement âgés et souffrent de multiples pathologies pour lesquelles ils sont polymédiqués voire hyperpolymédiqués. Or, la France est très en retard sur la déprescription, notamment en Ehpad. Lorsqu’on voit l’exemple canadien, où les médecins suppriment facilement jusqu’à la moitié des prescriptions, la marge est importante. Il faut aussi une meilleure coordination entre les professionnels de santé. Aujourd’hui, les liaisons ville-hôpital sont extrêmement insuffisantes. Malheureusement, la pression du gouvernement pour réaliser des économies de court terme est forte alors que ce qu’il nous faut, ce sont des réformes structurelles.
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