Médecins libéraux : prêts à collaborer avec les pharmaciens ?

© Getty Images/iStockphoto

Entretiens et bilans Réservé aux abonnés

Médecins libéraux : prêts à collaborer avec les pharmaciens ?

Publié le 5 janvier 2024
Par Véronique Hunsinger
Mettre en favori

La prochaine convention médicale mettra l’accent sur la pertinence des prescriptions. L’Assurance maladie a déjà proposé des pistes. Les syndicats de médecins aussi dont certaines visent à renforcer le binôme médecin-pharmacien.

Comme l’avait souhaité l’ancien ministre de la Santé et de la Prévention, Aurélien Rousseau, les négociations conventionnelles de l’Assurance maladie avec les syndicats de médecins libéraux et ceux des pharmaciens d’officine se tiennent désormais en parallèle. Cette concordance des calendriers vise à mettre la question de la qualité et de la pertinence des soins, en particulier pour le médicament, au cœur des discussions. Avant la trêve des confiseurs, une réunion multilatérale avec les organisations représentatives des médecins libéraux a permis de dresser un premier bilan après huit séances thématiques pour balayer les sujets. Et sur celui de la prescription, des pistes assez concrètes ont été discutées. Ainsi, afin de réduire la consommation d’antibiotiques, un objectif historique de maîtrise médicalisée, la Caisse nationale de l’assurance maladie (Cnam) voudrait une systématisation des tests rapides d’orientation diagnostique (Trod) et souhaite une régulation de l’antibiothérapie prescrite lors d’une téléconsultation. Autre priorité pour laquelle la collaboration entre le médecin et le pharmacien est un moyen mis en avant : la polymédication en particulier des personnes âgées. L’Assurance maladie plaide également une systématisation des échanges à l’intérieur de ce binôme pour « s’interroger sur l’observance et la pertinence des médicaments au long cours ».

Bilans de médication et déremboursements

Certains syndicats de médecins libéraux sont même prêts à aller beaucoup plus loin. En séance thématique, ils ont, par exemple, proposé de « permettre au pharmacien d’accéder à un compteur du nombre de mois de prise de benzodiazépines par patient pour qu’il puisse refuser la délivrance ». D’autres ont suggéré de « renforcer les bilans partagés de médication par le pharmacien et de valoriser la consultation de déprescription, suite à un bilan partagé de médication ». Mais pour les praticiens, la diminution de la consommation de médicaments doit aussi passer par l’officine : ils suggèrent le déremboursement des molécules avec un service médical rendu (SMR) faible ainsi que la réduction de l’accès libre pour certaines classes thérapeutiques dont les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS).

La prochaine séance de travail sur la pertinence et la qualité des soins est prévue le 11 janvier. Les représentants des médecins libéraux devraient croiser dans l’ascenseur de la Cnam leurs homologues officinaux qui ont rendez-vous le même jour pour commencer à plancher sur leur première thématique, à savoir les dépistages des angines et des cystites. L’Assurance maladie attend d’avoir suffisamment avancé lors des cinq nouvelles réunions thématiques avec les médecins en janvier avant d’abattre sa carte sur la case très attendue de la revalorisation de leurs consultations.

Publicité