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Test HPV : quelle place pour l’autoprélèvement vaginal ?
Inclus dans le référentiel de l’Institut national du cancer (INCa) d’avril 2022, l’autoprélèvement vaginal permettant la réalisation d’un test de dépistage du papillomavirus humain (HPV) est désormais officiellement inclus dans le dépistage organisé du cancer du col de l’utérus. En théorie. Car, en pratique, plusieurs points doivent encore être précisés.
L’arrêté du 16 janvier paru au Journal officiel du 26 janvier 2024 actualise les conditions de mise en œuvre des programmes de dépistage organisé des cancers dont celui du col de l’utérus. Ce cancer, lié dans quasiment 100 % des cas à une infection à HPV à haut risque oncogène (HPV-HR), bénéficie d’un moyen efficace de prévention par la vaccination. Parllèlement, un dépistage est recommandé chez les personnes ayant un utérus, comprenant un examen cytologique de 25 à 29 ans puis un test HPV-HR de 30 à 65 ans. Le prélèvement de référence est le prélèvement cervico-utérin réalisé par un médecin, une sage-femme ou en laboratoire d’analyses médicales. « Le taux de participation au dépistage de ce cancer reste insuffisant, autour de 60 %, alors que l’objectif est fixé à 80 % de la population ciblée », rappelle le Pr Carcopino, président de la Société Française de colposcopie et de pathologie cervicovaginale (SFCPCV), « Toute une génération de femmes est plus réticente face aux examens gynécologiques et certaines populations ont difficilement accès à des structures médicales. La possibilité de réaliser un autoprélèvement vaginal constitue alors une chance supplémentaire d’atteindre des personnes qui ne participent pas au dépistage ».
Les caractéristiques de l’autoprélèvement
« L’autoprélévement est un dispositif dont l’efficacité est reconnu. Il est déjà utilisé depuis plusieurs années aux Pays-Bas, surtout par des femmes jeunes. Il présente une sensibilité quasiment identique au prélèvement réalisé par un professionnel de santé pour le diagnostic des lésions cancéreuses du col de l’utérus », précise le président de la SFCPCV. Simple d’utilisation, rapide et non douloureux, l’autoprélèvement consiste à récupérer quelques cellules au niveau du vagin à l’aide d’un grand coton-tige. Le prélèvement est ensuite envoyé par la Poste pour être analysé en laboratoire.
Les limites et les conditions d’utilisation
Dans le référentiel national paru en 2022, l’INCa place l’autoprélèvement vaginal comme une solution alternative au prélèvement médical destinée aux femmes âgées de 30 à 65 ans, non dépistées ou insuffisamment dépistées, à l’occasion d’une relance à participer au dépistage du cancer du col de l’utérus. « Si l’autoprélévement vaginal est une possibilité utile et nécessaire, il présente quelques limites », explique le Pr Carcopino, « En effet, il ne permet pas de ramener des cellules de desquamation du col, contrairement au frottis médical. Ainsi, si le test HPV-HR est positif, la patiente devra quand même se rendre chez un clinicien pour réaliser un frottis permettant un examen cytologique. Or, par nature, l’autoprélèvement, envoyé par la Poste, est réalisé par la femme seule, sans intervention d’un professionnel de santé et donc sans conseil ou éducation sur son usage et la conduite à tenir en fonction du résultat du test ».
Par ailleurs, les conditions pratiques de mise à disposition du kit de dépistage restent floues. L’Assurance maladie est désormais chargée d’envoyer les invitations aux patientes ciblées, mais « à l’heure actuelle, on ne sait pas quel kit sera envoyé ni qui sera chargé de son envoi, ni encore comment les résultats du test seront rendus aux patientes », pondère le spécialiste des pathologies cervicovaginales. Il alerte également sur certaines dérives qui pourraient se développer : « Certains laboratoires d’analyses médicales proposent déjà des kits d’autoprélèvement pour test HPV-HR. Or, cette option doit rester une solution de 2e intention, utilisée dans une population bien ciblée. Il faut attendre que le cadre d’utilisation soit clairement défini avant de le promouvoir ».