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Androcur : vers une procédure collective
Le 17 juin, les avocats Christophe Lèguevaques et Romain Sintès ont annoncé la création d’une plateforme destinée à recenser les patientes ayant développé des méningiomes après avoir pris de l’acétate de cyprotérone, Androcur ou ses génériques. Bayer, Viatris et Sandoz sont directement visés.
L’initiative s’inscrit dans la continuité d’un jugement du 3 juin 2025, qui a reconnu la responsabilité conjointe des trois laboratoires, d’un médecin généraliste et d’un pharmacien pour défaut d’information. Une patiente a obtenu 325 000 € d’indemnisation, après plusieurs années de traitement entre 1990 et 2013.
Un outil pour instruire les dossiers
Les patientes concernées peuvent s’inscrire sur la plateforme MyLéo. Seules sont éligibles celles qui ont pris de l’acétate de cyprotérone entre 1980 et septembre 2013 (sauf Bayer après décembre 2011), qui ont développé un ou plusieurs méningiomes, n’ont pas d’antécédent médical incompatible, et n’ont reçu ni information ni suivi IRM.
Chaque dossier fait l’objet d’un audit facturé 36 euros. « Il est essentiel d’évaluer chaque situation avec précision pour constituer des dossiers solides et comparables », souligne Me Sintès.
Une action collective encore en préparation
La nature de la future procédure dépendra des décrets attendus depuis la réforme d’avril 2025 sur les actions de groupe en santé. Le cabinet espère pouvoir enclencher la démarche judiciaire en janvier 2026. D’ici là, les audits se poursuivent.
L’objectif est double : établir que les industriels avaient connaissance du risque de méningiome, et permettre aux patientes de se défendre collectivement face à des laboratoires dotés de puissants moyens juridiques. « Ce type de regroupement permet d’accéder à la justice pour celles qui, seules, n’en auraient pas les moyens », insiste Me Lèguevaques.
Les pharmaciens concernés par l’obligation d’information
La condamnation de juin 2025 a également impliqué un pharmacien d’officine, jugé coresponsable pour n’avoir pas suffisamment alerté la patiente sur les risques associés au traitement. Une jurisprudence qui doit alerter la profession.
Depuis 2009, l’ANSM avait renforcé les mises en garde sur le produit. Et dès 2018, une surveillance IRM avait été rendue obligatoire, après de nombreux signalements de méningiomes intracrâniens. Aujourd’hui, l’acétate de cyprotérone est réservé à des indications restreintes, avec un encadrement strict.
Une procédure sans seuil de participation
Aucun nombre minimum de dossiers n’est requis pour enclencher la procédure. « Mais il faut que chaque cas soit solide », insiste Me Sintès. Cette démarche pourrait se dérouler en parallèle de celle de l’Aaavam (Association d’aide aux victimes d’accidents de médicaments), qui défend déjà une centaine de femmes dans un recours distinct engagé en 2021.
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