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Pharmacien correspondant : tout savoir sur ce nouveau rôle
Depuis ce lundi 31 mai, le pharmacien peut devenir pharmacien correspondant. Le décret a été publié au Journal officiel du 28 mai 2021. Il est pris en application de la loi relative à l’organisation et à la transformation du système de santé, dite loi de Santé de 2019. Concrètement, qu’est-ce que le pharmacien correspondant ?
Qui peut devenir pharmacien correspondant ?
Les pharmaciens titulaires d’officine ou gérants d’une pharmacie mutualiste ou de secours minière. Les adjoints ne sont pas mentionnés dans ce décret. Toutefois, le texte précise que le pharmacien titulaire désigné pharmacien correspondant peut être suppléé dans cette fonction, après accord du patient, par un pharmacien exerçant dans la même officine.
Dans quel cadre s’exerce le pharmacien correspondant ?
Le pharmacien d’officine peut être désigné comme correspondant par le patient, dans le cadre d’un exercice coordonné et soumis à des protocoles de soins, avec l’accord du médecin, afin de renouveler tout ou partie des traitements chroniques et d’en ajuster, le cas échéant, la posologie.
Le pharmacien ne peut donc pas être correspondant s’il ne fait pas partie d’une communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS), d’une équipe de soins primaires (ESP) ou d’une maison de santé pluriprofessionnelle (MSP). Attention ! Le pharmacien correspondant doit appartenir à la même structure d’exercice coordonnée que le médecin traitant.
La pharmacie doit disposer de lieux de confidentialité, à savoir « des locaux avec une isolation phonique et visuelle permettant un accueil individualisé des patients. La même condition s’applique lorsque le pharmacien intervient auprès d’un résident en établissement médicosocial. »
Quels patients peuvent désigner un pharmacien correspondant ?
A priori tous car aucune limite n’est fixée par le décret. Il semble toutefois logique qu’il s’agisse de patients adultes, souffrant de pathologies chroniques stabilisées.
Quelle est l’utilité du pharmacien correspondant ?
Les patients chroniques stabilisés n’auront pas besoin de repasser chez leur médecin traitant. Le parcours de soins est simplifié pour une meilleure prise en charge de ces patients. Double intérêt : désengorgement des cabinets médicaux et économies pour l’assurance maladie.
Quant au pharmacien, ce décret renforce son rôle dans la coordination des soins.
Quelles sont les démarches administratives requises ?
Il n’y a aucun caractère obligatoire pour un patient de désigner un pharmacien correspondant. Les modalités de déclaration par le patient de son pharmacien correspondant et d’inscription de ce dernier dans la base de données de l’Assurance maladie sont analogues à celles du médecin traitant. Dans un premier temps, un formulaire Cerfa doit être rempli par le patient pour désigner son pharmacien correspondant puis transmis à l’Assurance maladie. Dans un second temps, un téléservice sera mis en place, permettant la dématérialisation de ce document.
Le pharmacien choisi devra en informer le médecin traitant du patient.
La prescription médicale devra comporter une mention autorisant le renouvellement par le pharmacien correspondant de tout ou partie des traitements prescrits ainsi que, le cas échéant, une mention autorisant l’ajustement de posologie de tout ou partie des traitements.
Quelles sont les limites posées par le protocole de soins ?
Le médecin pourra indiquer dans ce protocole les bornes dans lesquelles l’ajustement de posologie pourra être fait, ou limiter cette possibilité à une partie de l’ordonnance. Par exemple, chez un patient hypertendu stabilisé avec ses médicaments antihypertenseurs, en cas de canicule lors de la période estivale, le pharmacien pourra baisser le temps nécessaire la posologie du diurétique pour éviter tout risque de déshydratation du patient.
Autre exemple : pour un traitement antalgique, si la douleur évolue quelques jours après un passage chez le médecin traitant, ce dispositif va permettre de faire évoluer le dosage par le pharmacien correspondant.
La durée totale de la prescription, renouvellement du pharmacien inclus, ne pourra excéder un an. De plus, un arrêté du ministre de la Santé pourra fixer une liste des traitements non éligibles à ce dispositif.
Que doit inscrire le pharmacien correspondant sur l’ordonnance qu’il délivre ?
Outre la mention portée sur l’ordonnance du renouvellement, le pharmacien correspondant devra indiquer, le cas échéant, au médecin traitant que la posologie a été adaptée, et inscrire ces éléments dans le DMP et dans le DP lorsqu’ils existent.
Est-il prévu une rémunération spécifique du pharmacien correspondant (en plus de la rémunération sur les médicaments délivrés) ?
Ce point est en discussion. Les syndicats pharmaceutiques ont fait savoir à l’Assurance maladie leur refus d’un paiement du pharmacien correspondant sous forme de rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP). Ils demandent un paiement à l’acte.