Réforme de la rémunération : pas de « big bang », selon l’Assurance maladie

© « Il n’y a pas de big bang de la rémunération, a estimé Mathilde Lignot-Leloup, dimanche 3 avril, lors d’un débat organisé par Le Moniteur des pharmacies au salon PharmagoraPlus. - © D. R.

Réforme de la rémunération : pas de « big bang », selon l’Assurance maladie

Publié le 5 avril 2016
Par Matthieu Vandendriessche
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« Il n’y a pas de big bang de la rémunération. Il faut faire en sorte qu’avec la profession, nous nous engagions sur une évolution programmée et progressive pour en mesurer les effets », a estimé Mathilde Lignot-Leloup, dimanche 3 avril, lors d’un débat organisé par Le Moniteur des pharmacies au salon PharmagoraPlus.

Selon la directrice déléguée à la gestion et à l’organisation des soins à l’Assurance maladie, l’introduction d’honoraires a eu des premiers effets « intéressants, même si pas spectaculaires » sur la nouvelle rémunération des pharmaciens, leur permettant un gain net de 50 millions d’euros en 2015. « Cela s’est mis en place rapidement et sans difficulté technique », a ajouté Mathilde Lignot-Leloup.

Gilles Bonnefond, président de l’USPO (Union des syndicats de pharmaciens d’officine), estime pour sa part que la perte pour le réseau officinal est établie à 146,7 millions d’euros l’an dernier, soit une baisse de 2,7 %. Sur les deux premiers mois de 2016, le repli a été de 4,9 %, soit 44,4 millions d’euros de moins, a-t-il rappelé.

« Quand on fait une réforme, il faut la réussir. Là, c’est complètement raté. On voulait se détacher de la boîte mais on est resté fixé à la boîte. Et on a perdu de la marge sur les traitements chroniques », a indiqué Gilles Bonnefond. Il met à nouveau en cause la mise en place des honoraires pour ordonnance complexe alors que l’Assurance maladie demande aux médecins de moins prescrire.

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Concernant les honoraires à l’ordonnance, qu’appellent de leurs vœux les trois syndicats de titulaires, Gilles Bonnefond a rappelé qu’il faut se pencher en priorité sur les ordonnances « mal rémunérées », pour lesquelles le pharmacien perçoit parfois un montant inférieur à 1,50 euro « alors qu’il délivre des médicaments extrêmement sensibles à des patients sensibles ». Il s’agirait de fixer pour toute ordonnance un seuil minimal de rémunération, soit par exemple 3 ou 4 euros.

Eric Myon, secrétaire général de l’UNPF, estime pour sa part que la réforme de la rémunération est une « catastrophe économique et pour l’avenir du métier ». « On a transféré sur les complémentaires et sur les volumes notre rémunération au lieu de la garder sur les volumes notre rémunération au lieu de la garder sur nos métiers d’avenir qui sont les pathologies avec des traitements à marge thérapeutique étroite et l’accompagnement », a-t-il indiqué.

Les représentants de l’USPO et de l’UNPF ne veulent pas perdre de temps. La profession ne peut pas attendre la mise en œuvre de la prescription électronique, telle que le prévoit l’Assurance maladie.
« Ce sera un moyen de pouvoir identifier plus facilement l’ordonnance dès son origine », précise Mathilde Lignot-Leloup, indiquant que ce point prévu par les avenants conventionnels devra être évoqué alors que la convention arrive à échéance en mai 2017.

La profession est dans une situation telle qu’il faut en discuter dès 2016, et non 2017, a rappelé Gilles Bonnefond.