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Pourquoi la dispensation protocolisée de médicaments listés fait sens
La prescription définit l’action du médecin, la délivrance définit le rôle du pharmacien », clame MG France, syndicat des médecins généralistes. Les médecins sont en colère depuis que la dispensation sous protocole – permettant au pharmacien de délivrer sans ordonnance, pour certaines pathologies, des médicaments à prescription médicale obligatoire – a ressurgi, soutenue par le député Thomas Mesnier (LREM), pour intégrer la future loi Santé. MG France fulmine : « Qui peut imaginer que le pharmacien va distinguer au simple regard la cystite aiguë de la pyélonéphrite, l’angine bactérienne de la mononucléose ? » En réalité, le pharmacien devrait disposer d’outils élaborés : des arbres décisionnels, réalisés en collaboration avec les médecins, les sociétés savantes et les instances sanitaires. C’est plus qu’une évaluation par un simple coup d’œil. En prime, la future loi Santé pourrait donner au pharmacien l’autorisation d’utiliser des tests rapides d’orientation diagnostique (TROD) de l’angine. « Et ça, le pharmacien peut le faire, a précisé Thomas Mesnier au micro d’Europe 1 le lundi 4 mars. Il a déjà le droit d’en avoir dans sa pharmacie, mais il n’a pas le droit de les utiliser. On marche sur la tête ! » D’autant qu’aujourd’hui, seuls 40 % des généralistes utilisent les TROD pour diagnostiquer une angine.
Autre grief des médecins, le choix par le pharmacien de la molécule et de sa posologie : « Comment fera t-il pour choisir entre un des nombreux produits “ en vente libre ” ornant ses rayons et une des molécules dont le prix, les effets indésirables et les risques ont jusque-là interdit la délivrance sans ordonnance et la publicité ? », s’agace MG France. Les arbres décisionnels seront là pour guider l’officinal. Ils devraient aboutir à la dispensation de médicaments remboursables par l’assurance maladie, « pour ne pas créer d’inégalités », avait anticipé l’Association nationale des étudiants en pharmacie de France (Anepf), auditionnée en fin de semaine dernière à l’Assemblée nationale. Loin, donc, l’idée de « prescrire » des compléments alimentaires à la canneberge pour traiter une cystite aiguë.
Que les médecins se rassurent : pour Thomas Mesnier, « le médecin doit rester le pillier du parcours de soins. Il est évident que le pharmacien sera obligé de transmettre [ les informations, NdlR ] au médecin du patient. » Quant au conflit d’intérêt que la dispensation sur protocole peut engendrer, le pharmacien devenant à la fois « prescripteur » et vendeur, un simple regard vers le Canada peut apporter la solution : au Québec, le pharmacien perçoit la même rémunération, qu’il dispense un médicament ou non. §
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