La « grève » des préparations de sertraline se poursuit

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La « grève » des préparations de sertraline se poursuit

Publié le 9 mai 2025
Par Elisabeth Duverney-Prêt
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Face au récent durcissement des conditions de remboursement des préparations magistrales, les préparatoires sous-traitants maintiennent leur décision de cesser la production de sertraline. Les négociations avec l’Assurance maladie se poursuivent, pour l'instant sans succès. D'autres molécules en tension d'approvisionnement pourraient être concernées dans les semaines à venir.

Ne pas laisser le patient sans traitement. Voilà tout l’intérêt de la préparation magistrale en cas de rupture ou de tension d’approvisionnement. Jusqu’ici facile à mettre en œuvre, ce recours s’est considérablement complexifié le 22 avril dernier avec l’annonce du ministère de la Santé imposant une recommandation officielle de substitution émanant de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), ainsi qu’un arrêté de fixation du prix de la préparation pour permettre une prise en charge par l’Assurance maladie. Finie la flexibilité et la rapidité de réaction. Place une nouvelle fois à la complexification des procédures.

Pas plus de 9 euros ?

Médicament emblématique de la situation, la sertraline est en tension d’approvisionnement depuis plusieurs mois. « Dès le mois de février, nous avons commencé les préparations magistrales de cet antidépresseur, qui représente une quantité certaine de notre activité. Mais depuis l’annonce du ministère, nous avons décidé de cesser la production pour deux raisons : en l’absence de recommandation officielle de substitution, la prise en charge du médicament n’est plus possible. Cela signifie que seuls ceux qui peuvent payer pourront se soigner. C’est intolérable. D’autre part, nous avons engagé des discussions sur la fixation du prix, et pour l’heure les propositions de l’Assurance maladie ne sont pas acceptables. Nous produirions à perte », explique Gurvan Helary, président du Syndicat national de la préparation pharmaceutique (SN2P).

« Alors que le coût de la préparation est au minimum de 15 euros, l’Assurance maladie nous a proposé ce matin un prix de 9 euros. On ne peut pas accepter. Je ne comprends même pas qu’on nous fasse une telle proposition », renchérit Fabien Bruno, titulaire de la pharmacie Delpech (Paris), l’un des plus importants préparatoires sous-traitants français.

D’autres molécules bientôt concernées ?

Le bras de fer va donc se poursuivre. Et d’ores et déjà les responsables de préparatoires préviennent : « Nous sommes prêts à arrêter les préparations pour d’autres médicaments qui risquent d’être en rupture dans les semaines à venir, s’il le faut. Je pense au lithium, à la venlafaxine ou encore à la spironolactone qui sont déjà en tension », poursuit Fabien Bruno.

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Déterminée à se faire entendre et à faire reconnaître le rôle primordial des acteurs de la préparation magistrale dans la continuité des soins, la profession ne lâchera rien. Près de 30 % des produits issus de leurs préparatoires concernent actuellement les médicaments en rupture.