Dispensation sous protocole : les médecins généralistes n’en veulent pas (bis)

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Dispensation sous protocole : les médecins généralistes n’en veulent pas (bis)

Publié le 1 mars 2019
Par Anne-Hélène Collin
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L’amendement sur la dispensation sous protocole (permettant au pharmacien de délivrer sans ordonnance des médicaments à prescription médicale obligatoire pour certaines pathologies) que compte déposer le député Thomas Mesnier (LREM) dans le cadre du projet de loi Santé met en colère les médecins généralistes.

Ainsi, le syndicat MG France « s’oppose fermement et sans concession » au projet. Tout comme il s’y était d’ailleurs opposé en octobre dernier, lorsqu’un amendement similaire avait été déposé au projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2019 : « La prescription définit l’action du médecin, la délivrance définit le rôle du pharmacien ».

Aujourd’hui encore, le syndicat réfute les arguments des porteurs du projet. La dispensation sous protocole pour parer à la difficulté d’obtenir un rendez-vous avec le médecin traitant ? « Pas recevable » : le délai moyen pour obtenir un rendez-vous chez le médecin généraliste est de deux jours, avec une consultation dans la journée en cas d’urgence, selon une enquête de le DREES (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) de 2018 citée par MG France. « Prétendre ainsi rendre service à la santé publique est donc fallacieux et surtout, dangereux », argue le syndicat. « Qui peut imaginer que le pharmacien va distinguer au simple regard la cystite aiguë de la pyélonéphrite, l’angine bactérienne de la mononucléose ? Qui peut croire que sans diagnostic les prescriptions seront moins nombreuses et mieux adaptées ? Qui peut prétendre que le pharmacien sera mieux armé que le médecin traitant pour refuser une demande de prescription injustifiée ? »

Quant au choix de la molécule, de son dosage, de sa durée de traitement, il « relève d’un acte médical ». MG France s’interroge : « Quel sera le critère de choix du produit par le pharmacien ? Comment fera t-il pour choisir entre un des nombreux produits « en vente libre » ornant ses rayons et une des molécules dont le prix, les effets indésirables et les risques ont jusque là interdit la délivrance sans ordonnance et la publicité ? »

Ce que MG France n’entend pas, c’est que la dispensation sous protocole est présentée comme une « ordonnance collective », élaborée en concertation avec le médecin.

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Même son de cloche pour l’UFML-syndicat (Union française pour une médecine libre – syndicat) : « Aux médecins il ne resterait que les actes lourds. Ces actes lourds, maladies chroniques, seraient évidemment payés au forfait. » La Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) semble plus mitigée : « La médecine évolue et les rôles de chacun aussi. Mais les évolutions doivent se faire après réflexions entre professionnels, avec l’aide des règles de bonnes pratiques, en dehors du contexte politique (…) Si les choses doivent évoluer, c’est bien après des discussions entre médecins et pharmaciens que cela doit se faire et pas dans l’enceinte de l’Assemblée nationale. » Ce que font précisément l’Ordre des pharmaciens et l’Ordre des médecins.