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© Getty Images/iStockphoto
Antalgiques opioïdes : un report de prescription sur les médicaments à base de poudre d’opium
Une prescription sur ordonnance numérique sécurisée pour une durée maximale de 12 semaines. C’est une obligation pour trois principes actifs opioïdes depuis le 1er mars 2025 : le tramadol, la codéine et la dihydrocodéine. Pour s’affranchir de cette contrainte réglementaire et faciliter la prescription d’antalgiques de palier II, certains médecins se reportent sur les médicaments à base de poudre d’opium, soit les spécialités Lamaline et Izalgi, qui en contiennent. « Cela s’inscrit dans une période transitoire d’adaptation des logiciels de prescription », indique un jeune médecin francilien, reconnaissant pratiquer ce « switch » lorsque le choix de la codéine ne s’impose pas.
Un report des ventes
Cette tendance s’inscrit dans les chiffres*. En mars 2025, les volumes de vente de tramadol ont chuté de 26 % par rapport à 2024. Le recul atteint 30 % en comparant avril 2024 et avril 2025. De même, pour la codéine, les médicaments perdent le quart de leurs volumes de vente en avril 2025 versus 2024. L’an dernier, les références de tramadol se sont écoulées à 32,1 millions d’unités. Pour la codéine, c’est près de 27,5 millions de boîtes. Pour leur part, les médicaments à base de poudre d’opium marquent une progression : + 10 % en mars 2025 versus 2024, + 13,2 % en avril 2025 versus 2024. Les deux spécialités concernées étaient déjà largement prescrites. Elles se sont écoulées à 26,4 millions d’unités l’an dernier.
Vigilance de l’Agence nationale du médicament
« La surveillance des signaux d’addictovigilance a mis en évidence une problématique d’abus ou de dépendance avec le tramadol et la codéine, qu’il s’agisse notamment de décès liés à des situations d’abus ou d’ordonnances falsifiées, justifie l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), à l’origine des nouvelles règles de prescription et de dispensation. À ce jour, alors même que les consommations de ces médicaments sont très voisines, il n’y a pas de signal de même nature mis en évidence pour les médicaments à base de poudre d’opium. » L’agence précise qu’elle « étudie de façon resserrée les ventes des différents antalgiques de palier I et II et d’éventuels reports en complément des éventuels signaux de vigilance ». Ceci afin d’ajuster le dispositif si nécessaire.
Une contestation de la concurrence
Au sein de l’industrie pharmaceutique, cette exemption des spécialités à base de poudre d’opium est perçue comme un traitement de faveur. « Sans ordonnance sécurisée, elles pourraient être banalisées et devenir des médicaments d’autant plus faciles à détourner et à prendre hors de tout cadre médical, accentuant les risques de pharmacodépendance et de toxicité communs à toutes les molécules opioïdes, estime le représentant d’un laboratoire concurrent. La prescription des antalgiques opiacés doit résulter d’un choix raisonné pour répondre au mieux à la situation clinique des patients, pas d’une facilité administrative ». Il est vrai que ni l’ANSM ni la Haute Autorité de santé ne pratiquent de différenciation entre molécules opioïdes faibles eu égard aux risques de mésusage et d’addiction. Pas plus que l’Assurance maladie ne fait pas l’impasse sur les spécialités à base de poudre d’opium dans les entretiens pour les patients sous traitement opioïde de palier II proposés dans les officines depuis janvier 2025.
* Source : Iqvia
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