4/5 – Conseils associés : limiter les nausées et vomissements sous chimiothérapie

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4/5 – Conseils associés : limiter les nausées et vomissements sous chimiothérapie

Publié le 9 janvier 2025
Par Maïtena Teknetzian
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Savoir prodiguer au malade, mais également à son entourage, les conseils adéquats pour limiter les nausées et vomissements est fondamental pour éviter une dénutrition.

Les nausées et vomissements vus par les patients

Impact psychologique

Constituant, avec l’alopécie, l’un des effets indésirables liés aux cytotoxiques les plus connus du grand public, les nausées et vomissements sont redoutés par les patients traités par chimiothérapie.

L’anxiété liée au diagnostic, au pronostic et à la mise en œuvre du traitement anticancéreux majore leur incidence.

Impact sur la qualité de vie

Les nausées et vomissements peuvent provoquer une appréhension des repas et constituent une réelle entrave à une alimentation orale correcte. Ils ont des répercussions sur la vie professionnelle et sociale du patient.

Leurs complications (carences alimentaires, anorexie, dénutrition qui peut, par ailleurs, aggraver une immunodépression liée à une leucopénie elle-même chimio-induite, pertes hydroélectrolytiques, insuffisance rénale aiguë fonctionnelle) contribuent à altérer l’état général du patient et sa qualité de vie.

Impact sur l’entourage

Les nausées et vomissements peuvent s’accompagner de troubles olfactifs et de dysgueusies, également liés au traitement anticancéreux. Souvent méconnus par l’entourage, ces troubles renforcent les nausées et sont parfois source d’incompréhension des proches (aidant, conjoint, par exemple). En effet, ce dernier peut être déçu lorsqu’il a préparé avec soin un repas dont il se voit reprocher le mauvais goût et la mauvaise odeur par le patient. Les proches peuvent alors se sentir désemparés et ne plus savoir que faire pour redonner de l’appétit au malade.

L’essentiel

  • Insister sur l’importance de respecter rigoureusement les protocoles antiémétiques.
  • Recommander de fractionner les repas, de les prendre dans le calme et d’éviter les aliments fortement odorants.
  • Insister sur l’importance de l’hydratation et de la surveillance du poids.

À dire aux patients

A propos des traitements antiémétiques

Insister sur l’importance de respecter rigoureusement les protocoles antiémétiques et l’heure de prise des différents médicaments, pour prévenir les complications des nausées et vomissements.

Certains conseils sont importants pour limiter les effets indésirables des antiémétiques et optimiser ainsi l’adhésion au traitement.

Les antagonistes 5HT3 (sétrons) peuvent être responsables de vasodilatation transitoire se manifestant très fréquemment par des céphalées (10 % des cas), mais aussi par des bouffées de chaleur, des flushes faciaux et, éventuellement, par de l’hypotension. Conseiller de prendre du paracétamol pour soulager les céphalées et de réduire les changements brusques de position afin d’éviter les manifestations d’hypotension orthostatique.

Les sétrons et les anti-NK1 sont susceptibles de diminuer le péristaltisme intestinal et d’induire fréquemment une constipation. Il est important d’en informer le patient, notamment en cas de traitements pouvant entraîner une constipation (risque d’occlusion intestinale), tels que les morphiniques ou la chimiothérapie par vinca-alcaloïdes (qui provoquent une altération de l’innervation neurologique intestinale). Prodiguer des conseils hygiénodiététiques : maintenir une activité physique dans la mesure des capacités du malade, enrichir l’alimentation en fibres, insister sur l’apport hydrique, aménager des conditions d’exonération adaptées à l’état du patient (surélever les pieds avec un tabouret pour améliorer la position défécatoire, prévoir, pour ceux qui ont des difficultés motrices et/ou restent alités, une chaise garde-robe ou un bassin). Si un traitement laxatif n’a pas été prescrit, conseiller un laxatif osmotique (plus efficace que les laxatifs de lest dans un contexte oncologique).

Alerter sur les risques de somnolence, notamment avec l’olanzapine, et déconseiller dans ce cas la conduite automobile.

Afin d’éviter les effets indésirables neurologiques du métoclopramide (dystonies, dyskinésies, syndrome extrapyramidal voire, plus exceptionnellement, syndrome malin de neuroleptiques), bien respecter un intervalle d’au moins 6 heures entre 2 prises (12 heures si forme à libération prolongée), même en cas de vomissement et de rejet de la prise.

À propos des conseils hygiénodiététiques

Alimentation et hydratation

Conseiller de fractionner les repas (en 6 à 8 collations par jour) et de manger lentement dans un environnement calme mais convivial. Manger sans attendre d’avoir le ventre vide (qui peut majorer les nausées).

Se reposer après les repas (en regardant la télévision, en lisant ou en écoutant de la musique) pour diminuer l’anxiété, mais éviter de s’allonger au moins dans les 30 minutes suivant un repas et rester le buste bien droit favorise la vidange gastrique. Si l’état du patient l’oblige à être alité, il doit s’allonger alors de préférence sur le côté droit, dans ce même objectif.

Éviter les plats gras, épicés et les fritures, lourds à digérer (donc susceptibles de rester plus longtemps dans l’estomac et d’être vomis).

Privilégier les aliments qui font envie. Expliquer, en particulier à l’entourage du patient, que certains anticancéreux peuvent induire des troubles olfactifs qui rendent certaines odeurs intolérables (fritures, viandes, poissons, mais aussi les parfums ou le tabac). En cas de gêne due aux odeurs, conseiller au patient, s’il en a la possibilité, de déléguer la préparation des repas. Proscrire les aliments fortement odorants (choux, oignons, ail, par exemple).

Privilégier les repas froids qui limitent les odeurs et sont souvent mieux tolérés. En cas de dégoût pour la viande ou le poisson, opter pour de la volaille, des œufs ou des produits laitiers.

En cas de dysgueusies ou de sensation de goût métallique dans la bouche, conseiller au patient de sucer des bonbons acidulés ou mentholés pour enlever le mauvais goût et stimuler la salivation (une sécheresse buccale renforce une dysgueusie) et la consommation de fruits frais (en prenant soin de bien les laver ou de les peler pour diminuer le risque infectieux).

Insister sur l’importance d’une hydratation suffisante (eau, jus de fruits, tisanes, bouillons ou soupes, boissons gazeuses servies fraîches, eau citronnée), non seulement pour compenser les pertes hydroélectrolytiques dues aux vomissements et prévenir une déshydratation, mais aussi pour maintenir une hydratation buccale satisfaisante. Conseiller au patient de boire par petits volumes, régulièrement répartis dans la journée, de préférence en dehors des repas, et d’éviter l’ingestion de gros volumes qui ont un effet émétisant. Utiliser éventuellement une paille dans un verre ou une tasse fermé pour favoriser la prise de petites gorgées et limiter les odeurs.

Après un vomissement

Attendre au moins 1 heure avant de manger après un vomissement.

Pour limiter le risque de survenue de mucite, il est important de conseiller au patient de se rincer la bouche à l’eau froide après un vomissement pour limiter l’exposition buccale aux résidus de principes actifs dans le bol alimentaire (proscrire les bains de bouche contenant de l’alcool qui exacerbent la douleur).

Conseiller au patient et à son entourage de mettre des gants pour nettoyer les vomissures.

Surveillance

Les patients doivent surveiller leur poids : une perte supérieure à 5 % du poids initial peut être un signe de dénutrition qui doit amener à consulter un médecin.

En cas de vomissements sévères, s’assurer que l’ionogramme du patient est contrôlé, ainsi que sa fonction rénale.

L’aprépitant, à la fois inhibiteur et inducteur de cytochrome P450, est impliqué dans de nombreuses interactions : en particulier, veiller à ce que les patients, par ailleurs traités par antivitamine K, bénéficient bien d’une surveillance renforcée de l’International Normalized Ratio (INR).

En Savoir plus

Société européenne d’oncologie médicale (Esmo)

Les dernières recommandations de prise en charge des NVITAC sont accessibles sur le site de l’Esmo.

Avec l’aimable relecture du Dr Florian Scotté, oncologue à l’Institut Gustave-Roussy, à Villejuif (Val-de-Marne).

Article issu du cahier Formation du n°3504, paru le 9 mars 2024.