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4/5 – Conseils associés : accompagner les patients atteints d’herpès
L’herpès vu par les patients
Impact psychologique
Des récurrences rapprochées d’herpès sont à même d’influer lourdement sur la qualité de vie. L’herpès génital en particulier peut profondément handicaper la vie intime et affective, entraînant parfois un sentiment de honte, de peur d’être rejeté(e), voire le renoncement à une vie sexuelle.
Impact sur le quotidien
L’herpès génital peut être à l’origine d’ulcérations très douloureuses impactant fortement les activités quotidiennes. L’herpès labial entraîne une gêne esthétique mais aussi parfois des symptômes incommodants : les relations avec les autres sont perturbées durant les poussées par crainte de la contagion.
Impact sexuel
Comme toutes les infections sexuellement transmissibles, l’herpès génital peut faire peur d’autant que le virus ne peut être éradiqué. Aborder la maladie avec son ou sa partenaire est difficile. Ce ou cette dernière n’est pas forcément la personne qui a transmis l’infection. Le virus a pu être contracté des années auparavant sans manifestation clinique.
À dire au patient
À propos de la maladie
Comprendre l’infection
L’herpès se transmet par contact direct le plus souvent avec des lésions d’herpès d’une autre personne. Un herpès génital est une infection sexuellement transmissible qui ne peut pas s’attraper sur des toilettes, à la piscine ou au sauna. Outre l’impact psychologique et les douleurs qui en découlent, l’herpès est le plus souvent bénin chez une personne immunocompétente. En revanche, le portage du virus persiste toute la vie, expliquant la possibilité chez certaines personnes de voir apparaître des récurrences cliniques ou poussées. Au niveau labial et surtout au niveau génital, celles-ci tendent généralement à s’espacer avec le temps. Les premières récurrences peuvent toutefois se manifester plusieurs années après la contamination initiale : elles sont imprévisibles et variables selon les personnes. Un traitement préventif par antiviral est recommandé à partir de 6 poussées annuelles.
Facteurs favorisants les récurrences
Ce sont la fatigue, les baisses de l’immunité, une pathologie infectieuse, le stress notamment. S’y ajoutent l’exposition au soleil ou au froid pour l’herpès labial, les menstruations ou l’effet mécanique des rapports sexuels pour l’herpès génital. Les récurrences génitales liées au HSV-1 sont moins fréquentes et sévères que celles liées au HSV-2.
Reconnaître
Des prodromes précèdent souvent de 24 à 48 heures une poussée : picotements, brûlures (pouvant faire évoquer une cystite au niveau génital). Les lésions surviennent toujours au même endroit (bouton de fièvre sur le bord des lèvres généralement ; fesses, cuisses, anus ou muqueuses au niveau génital) sous la forme d’un bouquet de vésicules qui guérit après une semaine environ, parfois davantage au niveau génital.
Personnes à risque
Sont susceptibles de développer des formes graves : les personnes immunodéprimées, les femmes enceintes et surtout les nouveau-nés. Toute poussée d’herpès génital au cours de la grossesse doit être signalée au gynécologue qui évaluera la nécessité d’un suivi rapproché ou de l’instauration d’un traitement antiviral à visée préventive à l’approche du terme. Le risque de transmission est surtout important au moment de l’accouchement où la présence de lésions d’herpès fait indiquer une césarienne. Attention aussi à ne pas négliger le risque de transmission du virus au nouveau-né via un bouton de fièvre.
À propos du traitement
Antiviraux per os
Ils sont d’autant plus efficaces pour limiter la durée et l’intensité d’une poussée, voire l’interrompre, qu’ils sont administrés tôt, dès les prodromes : d’où l’intérêt d’avoir une boîte « d’avance » de l’antiviral prescrit (l’ordonnance étant souvent « à renouveler »). Recommander une bonne hydratation pour limiter les effets indésirables rénaux. Prévoir une photoprotection sous valaciclovir.
- Récurrences d’herpès labial : la posologie importante du valaciclovir dans cette indication ne se justifie que durant 24 heures. Le traitement vise à freiner la multiplication virale à son déclenchement, le système immunitaire prend ensuite le relais.
- Récurrences d’herpès génital : le traitement en 1re intention est le valaciclovir sur une seule journée.
Au long cours : signaler la prise de l’antiviral aux professionnels de santé afin de limiter si possible son association à d’autres médicaments néphrotoxiques.
Antiviraux locaux
Peu efficaces et non recommandés, leur usage est néanmoins fréquent dans l’herpès labial : ils doivent alors être appliqués 5 fois par jour dès les prodromes jusqu’à guérison. Le comprimé muco-adhésif Virpax en prise unique est une alternative mais il doit être appliqué dans l’heure qui suit les prodromes.
Autres
L’application d’un antiseptique n’est utile qu’en cas de signes de surinfection (rougeur, pus, etc.) ou en l’absence de cicatrisation d’un herpès labial après 1 semaine, en attendant un avis médical. Le froid (compresses humides, bains de siège) peut aider à soulager les brûlures liées aux lésions d’herpès génital. L’application d’une crème à visée réparatrice sur les muqueuses (par exemple Cicatridine, Cicalfate+, Dermalibour+) ou d’un spray asséchant sur les lésions cutanées suintantes (Cytélium, Bariéderm-Cica notamment) peut aussi apporter un soulagement ou contribuer à la cicatrisation.
À propos de la prévention
Une transmission du virus est possible dès les prodromes (il peut être présent dans la salive et les sécrétions génitales) et jusqu’à guérison complète. Durant cette période, il faut éviter tout contact des lésions avec la peau ou les muqueuses d’une autre personne. La transmission d’un herpès labial au niveau génital, via des rapports orogénitaux, est courante.
Proscrire pour la même raison la manipulation des lésions ou des croûtes au risque de surinfection ou d’auto-inoculation. Prudence lors de la manipulation des lentilles de contact : recommander de s’en passer durant la poussée. Se laver les mains systématiquement après avoir touché les lésions.
Le préservatif féminin ou masculin ne protège que s’il recouvre toutes les lésions, ce qui n’est pas toujours le cas. Les rapports sexuels sont donc déconseillés dès les signes évocateurs (prodromes). En dehors des poussées, même si le risque est plus faible, une transmission du virus reste possible via des épisodes d’excrétion virale asymptomatique (selon le cas au niveau de la cavité buccale, du pénis, de la vulve, de la région anale).
La transmission indirecte est faible mais par prudence, il est recommandé de ne pas partager son verre, ses couverts ou son linge de toilette durant une poussée.
Une protection solaire est recommandée pour prévenir un herpès labial induit par le soleil.
Question de patient
Que penser des patchs, de la propolis ou des huiles essentielles pour soigner un bouton de fièvre ?
« Certaines solutions naturelles ont fait l’objet d’études cliniques mais qui ne sont pas suffisamment nombreuses et rigoureuses pour pouvoir être recommandées. Il est possible que ces solutions fonctionnent parfois selon les personnes, le contexte, le moment d’utilisation, etc. Mais ce bénéfice potentiel peut aussi être le fait du système immunitaire qui parvient parfois à stopper plus rapidement la multiplication virale. Les patchs bouton de fièvre peuvent éventuellement inciter à moins toucher le bouton d’herpès. Mais il n’est pas prouvé par exemple qu’ils en accélèrent la cicatrisation ni qu’ils limitent le risque de transmission (le virus est présent dans les gouttelettes de salive également). »
Avec l’aimable relecture de la Dre Odile Bagot, gynécologue à Strasbourg (Bas-Rhin).
Article issu du cahier Formation du n°3534, paru le 2 novembre 2024, mis à jour le 20 décembre 2024.
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