4/5 – Conseils associés : accompagner les patients atteints de zona

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4/5 – Conseils associés : accompagner les patients atteints de zona

Publié le 11 mai 2025 | modifié le 12 mai 2025
Par Delphine Guilloux
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Le zona pouvant être très douloureux et anxiogène, les patients doivent recevoir des conseils pour aider à les soulager durant la phase aiguë et limiter le risque de surinfection. Il s’agit également d’atténuer les douleurs postzostériennes le cas échéant.

Le zona vu par les patients

Impact physique

Durant la phase aiguë, le zona entraîne une éruption cutanée le long d’un trajet nerveux (dermatome), plus ou moins prurigineuse et douloureuse. De localisation intercostale dans 50 % des cas, les douleurs peuvent aller du simple picotement à des sensations de type décharges électriques.

Si les douleurs de la phase aiguë disparaissent généralement en 2 à 4 semaines, des douleurs dites postzostériennes, c’est-à-dire persistantes au-delà de 90 jours, concernent 12 à 28 % des patients, particulièrement les personnes âgées. Elles peuvent nécessiter une consultation dans un service d’algologie.

Impact psychologique

Le zona qui survient le plus souvent suite à un épisode de fatigue ou de stress, est lui-même source de stress, d’anxiété. Les douleurs postzostériennes peuvent être source d’irritabilité, d’anxiété, voire de dépression.

Impact sur le quotidien

En fonction de la localisation, l’éruption cutanée peut être plus ou moins invalidante. En effet, des lésions sous les aisselles peuvent empêcher la position naturelle du bras le long du corps ; des lésions sur le thorax et le dos peuvent rendre certaines positions de sommeil douloureuses et altérer la qualité de celui-ci.

Impact sur la vie professionnelle

La phase aiguë et les douleurs postzostériennes peuvent nécessiter un arrêt de travail.

À dire au patient

À propos de la maladie

Le virus varicelle-zona (VZV) se contracte le plus souvent dans l’enfance après contact avec quelqu’un déjà contaminé et peut se réactiver sous forme de zona suite à une baisse de l’immunité (traitement immunosuppresseur, maladie auto-immune, par exemple), à une asthénie ou à une période de stress. Le zona guérit généralement spontanément en 3 à 4 semaines et sans séquelles, des douleurs postzostériennes pouvant toutefois survenir.

Les lésions doivent être lavées à l’eau et au savon. Les mesures simples qui s’appliquent à toute lésion doivent être rappelées : ne pas gratter ni percer les vésicules, couper les ongles courts et avoir une bonne hygiène des mains. Ne pas appliquer de talc ou d’éosine sur les lésions car ils pourraient respectivement favoriser et masquer une surinfection. Conseiller le port de vêtements amples qui peuvent être plus confortables et qui limitent le risque de frottement des lésions. En plus de douleurs oculaires sévères, un zona ophtalmique peut entraîner une baisse de l’acuité visuelle, voire une perte de l’œil dans des cas exceptionnels. C’est pourquoi une localisation ophtalmologique ou des lésions concernant le front ou l’aile du nez nécessitent un avis spécialisé.

Question de patient

Puis-je transmettre mon zona ?

« Les patients atteints de zona peuvent transmettre le virus aux personnes naïves d’infection par le virus varicelle-zona (VZV) qui pourront alors développer une varicelle. Il faut être particulièrement précautionneux avec les personnes à risque de varicelle compliquée (personnes âgées, femmes enceintes, personnes immunodéprimées). La contagion débute à l’apparition des vésicules et se poursuit jusqu’à l’apparition des croûtes, c’est-à-dire pendant 1 semaine environ. Faites attention en particulier à ne pas partager votre linge de toilette, si votre entourage n’est pas immunisé. »

À propos du traitement

Traitement antiviral

Le traitement antiviral, recommandé uniquement en cas de localisation ophtalmique, d’immunodépression, d’âge supérieur à 50 ans ou de symptômes importants (éruption grave ou douleurs intenses), permet d’accélérer la disparition de l’éruption, de diminuer l’intensité des douleurs à la phase aiguë et le risque de complications graves. Les principaux effets indésirables des antiviraux (troubles digestifs, céphalées, vertiges, altération de la fonction rénale) peuvent généralement être limités par une bonne hydratation.

Traitement antalgique en phase aiguë

Alerter le patient quant à l’utilisation des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) ou d’aspirine, qui doit être proscrite en raison d’un risque de complications cutanées avec les AINS et de syndrome de Reye avec l’aspirine. La douleur à la phase aiguë est traitée par du paracétamol ou des opiacés de palier II, voire III. Conseiller, dans ce cas, la prise de laxatifs osmotiques pour soulager/limiter le risque de constipation et déconseiller la conduite automobile, ainsi que la consommation d’alcool qui pourrait augmenter le risque d’effets indésirables de type somnolence et vertiges notamment.

Traitement des douleurs postzostériennes

Les douleurs postzostériennes peuvent être difficiles à soulager et nécessiter une prise en charge spécialisée. Les molécules le plus souvent prescrites pour la traiter sont la gabapentine, les antidépresseurs tricycliques et les emplâtres de lidocaïne. Ceux-ci doivent être appliqués, entiers ou coupés à la bonne taille, sur la ou les zones douloureuses 12 heures maximum sur 24, et sans dépasser 3 emplâtres à la fois. Si besoin, couper les poils de la zone concernée avant application de l’emplâtre, mais ne pas raser. Éviter de conduire en cas de prise de gabapentine ou d’antidépresseur tricyclique en raison des risques de somnolence.

Question de patient

Mon mari vient d’avoir 67 ans, le médecin lui a parlé du vaccin contre le zona, mais il a eu un zona il y a 14 mois, n’est-il pas immunisé ?

« La durée de protection après un zona n’étant pas connue, la Haute Autorité de santé (HAS) recommande la vaccination par Shingrix à partir de 65 ans avec un délai de 1 an entre un épisode de zona (ou une vaccination par Zostavax) et l’administration du vaccin. Par ailleurs, il faut savoir que dans certains cas, comme les patients qui font des zonas à répétition ou ceux qui vont être traités par immunosuppresseur, le vaccin peut même être administré dès la guérison du zona. Donc dans le cas de votre mari, il n’y a vraiment aucun problème et il est recommandé qu’il se fasse vacciner. »

À propos du vaccin

Le vaccin Shingrix est pris en charge à 65 % par l’Assurance maladie depuis le 14 décembre 2024 pour les populations recommandées par la Haute Autorité de santé (HAS), c’est-à-dire les personnes de 65 ans et plus, et les personnes de 18 ans et plus ayant un système immunitaire défaillant et donc un risque accru de zona (déficit immunitaire primitif ou acquis, traitement immunosuppresseur).

Bien qu’associé à davantage d’effets indésirables locaux (rougeur, douleur au site d’injection) que le vaccin Zostavax (qui n’est plus commercialisé), Shingrix n’a pas présenté de différence statistiquement significative quant à la survenue d’effets indésirables graves ou de décès.

Le schéma de vaccination est de 2 doses avec un intervalle de 2 mois entre chaque dose, et au maximum 6 mois. La nécessité d’une dose de rappel n’a pas été établie. Shingrix peut être administré de façon simultanée avec le vaccin contre la grippe saisonnière, celui contre les pneumocoques, contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite associés ou non à la valence coqueluche, et le vaccin contre le Covid-19. Outre ces valences, en raison de l’absence de données, l’administration concomitante de Shingrix avec d’autres vaccins n’est pas recommandée.

L’essentiel

  • Les lésions doivent être lavées à l’eau et au savon. Éviter les antiseptiques, le talc et l’éosine. Ne pas gratter les lésions, couper les ongles courts.
  • Proscrire l’utilisation d’AINS et d’aspirine.
  • Les patients atteints de zona peuvent transmettre la varicelle aux personnes non immunisées. Ils sont contagieux depuis l’apparition des vésicules jusqu’à ce qu’elles soient recouvertes d’une croûte.
  • La vaccination par Shingrix, qui est remboursé depuis le 14 décembre 2024, est recommandée pour les personnes de 65 ans et plus, et les personnes ayant un système immunitaire défaillant.

En savoir plus

Avec l’aimable relecture du Dr Johan Courjon, infectiologue au service maladies infectieuses et tropicales du centre hospitalier universitaire de Nice (Alpes-Maritimes)

Article issu du cahier Formation du n°3550, paru le 22 février 2025