5/6 – Observance : conduite à tenir en cas d’oubli de prise d’un anticoagulant oral

Cas : « J’ai oublié mon Xarelto ! »

Amir B., 63 ans, est traité depuis près de 15 jours pour une thrombose veineuse profonde (TVP) par rivaroxaban (Xarelto, 15 mg matin et soir). En ce début d’après-midi, il appelle la pharmacie car il vient de comprendre qu’il a oublié de prendre son comprimé ce matin. Elina, l’étudiante en pharmacie, qui a décroché le téléphone, va trouver la pharmacienne.

Analyse du cas

La dose recommandée de rivaroxaban pour le traitement d’une TVP ou d’une embolie pulmonaire (EP) en phase aiguë est de 2 prises quotidiennes de 15 mg pendant les 3 premières semaines. À partir du 22e jour, le traitement est poursuivi à la dose de 20 mg en 1 prise par jour (si la fonction rénale n’est pas altérée). Généralement, en cas d’oubli d’un anticoagulant oral direct (AOD) administré 2 fois par jour, le comprimé oublié peut être pris dans les 6 heures après l’heure de la prise habituelle. Cependant, le résumé des caractéristiques du produit (RCP) de Xarelto stipule que, si l’oubli a lieu pendant la phase aiguë de la TVP ou d’une EP, le patient doit rattraper l’oubli dès que possible afin d’assurer une dose quotidienne de 30 mg de rivaroxaban et qu’il est possible de prendre simultanément 2 comprimés de 15 mg. Le traitement est ensuite poursuivi normalement le lendemain, avec 2 prises quotidiennes de 15 mg.

Attitude à adopter

La pharmacienne invite Elina à consulter la monographie de Xarelto. Elle reprend le combiné téléphonique pour rassurer M. B. et lui conseiller de prendre immédiatement son comprimé oublié. Le second comprimé journalier pourra être pris ce soir à l’heure habituelle. La pharmacienne suggère à M. B. des astuces pour éviter les oublis, comme la mise en place de rappels sur son smartphone, par exemple, ou l’utilisation d’un pilulier.

À retenir : Le plus souvent, en cas d’oubli d’un AOD administré 2 fois par jour, le comprimé peut être pris dans les 6 heures suivant l’oubli. Cependant, en phase aiguë d’une TVP, il est possible de prendre simultanément 2 comprimés de rivaroxaban à 15 mg, afin d’assurer une dose de 30 mg par jour.

Conduite à tenir en cas d’oubli de prise d’un anticoagulant oral

Dans tous les cas, inciter les patients à noter l’événement dans leur carnet de suivi, a fortiori lorsque l’oubli n’a pas pu être rattrapé. Le lendemain, ne pas doubler la dose pour compenser l’oubli de la veille. En cas de doute, il est préférable de s’abstenir de rattraper un oubli que de risquer un surdosage en rattrapant un « faux oubli ».

Oubli d’un AVK

En cas d’oubli, la prise oubliée peut être rattrapée dans un délai de 8 heures. Passé ce délai, il ne faut pas rattraper l’oubli et prendre la dose suivante à l’heure habituelle.

Oubli d’un AOD

Les préconisations sont moins consensuelles que pour les AVK. Cependant, la plupart des spécialistes s’entendent pour différencier la conduite à tenir en fonction du nombre de prises quotidiennes d’AOD.

• Schémas à 1 prise par jour :

Selon plusieurs observatoires des médicaments, dispositifs médicaux et innovations thérapeutiques (Omédit), tenant compte des demi-vies des molécules, l’oubli peut être rattrapé dans un délai de 12 heures après la prise normale habituelle, puis le traitement poursuivi à l’heure normale le lendemain. Passé ce délai, l’oubli ne sera pas rattrapé et le patient attendra l’heure de la prise suivante sans doubler la dose. Cependant, la LIVE (Ligue française contre la maladie veineuse thromboembolique) et le GITA (Groupe interdisciplinaire Trousseau sur les antithrombotiques), se calquant sur le délai de rattrapage de la fluindione et de la warfarine, préconisent un délai de rattrapage plus court, de 8 heures.

• Schémas à 2 prises par jour

D’après différents Omédit, la dose oubliée peut être rattrapée dans un délai de 6 heures après l’oubli, puis le traitement poursuivi normalement. Selon la LIVE et le GITA, le délai de rattrapage est de 4 heures.

Avec l’aimable relecture du Pr Ludovic Drouet, hématologue, professeur émérite des universités, référent médical du Centre de référence et d’éducation des antithrombotiques d’Île-de-France (Creatif) et de Claire Bal dit Sollier, directrice du Creatif.

Article issu du cahier Formation du n°3547, paru le 1^er février 2025.