2/5 – Prévention : protéger les patients et la population des infections à méningocoques

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2/5 – Prévention : protéger les patients et la population des infections à méningocoques

Publié le 10 décembre 2024
Par Anne-Gaëlle Harlaut
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Le mode de transmission des méningocoques peut rapidement conduire à des clusters autour d'un cas. La stratégie de prévention s'appuie notamment sur la vaccination afin de limiter les conséquences individuelles et collectives.

Les méningocoques bénéficiant d’un mode de contamination interhumain par contact rapproché avec un possible portage asymptomatique et la prévention individuelle voire collective contre les infections invasives repose essentiellement sur la vaccination. La recrudescence des cas et l’émergence des sérogroupes W et Y en France ont conduit la Haute Autorité de santé à adapter la stratégie de vaccination en 2024. Un deuxième volet de la prévention concerne les cas contacts d’un patient atteint d’une IIM, pour lesquels une chimioprophylaxie, parfois accompagnée d’une vaccination, doit être mise en place.

Nouvelles recommandations :

L’extension de remboursement des vaccins Nimenrix et MenQuadfi mentionnée dans ce Cahier Formation a pris effet à compter du 1er décembre 2024.

Le vaccin Menveo n’a pas bénéficié d’une extension de remboursement et reste pris en charge par l’Assurance maladie en population particulière.

Les vaccins

Le principe

Tous les vaccins antiméningococciques sont fabriqués à base de fragments antigéniques spécifiques d’un ou plusieurs sérogroupes de méningocoques, comme des protéines de surface (vaccin protéique) ou des saccharides capsulaires (vaccin osidique). Inertes, ils présentent l’avantage de ne pas exposer à un risque infectieux, mais leur pouvoir immunisant étant moindre que celui d’un vaccin vivant, ils exigent plusieurs injections et, pour certains, nécessitent l’adjonction d’un adjuvant (un sel d’aluminium). Les vaccins conjugués associent les fragments antigéniques polyosidiques à une protéine vectrice détoxifiée (par exemple l’anatoxine tétanique, une protéine de Corynebacterium diphtheriae) pour amplifier et rendre plus durable la réponse immunitaire.

Vaccins monovalents

Contre le méningocoque B

Il s’agit de vaccins protéiques monovalents. Deux références sont commercialisées : Bexsero, utilisable dès l’âge de 2 mois, et Trumemba, à partir de 10 ans.

Contre le méningocoque C

On dispose de vaccins monovalents osidiques conjugués dirigés contre le sérogroupe C avec 2 références actuellement commercialisées : Menjugate et Neisvac, utilisables dès 2 mois. Leur schéma de primovaccination avant 12 mois différant, Neisvac en 1 dose est, préféré chez le nourrisson. Ces recommandations évolueront a priori au 1er janvier 2025.

Vaccins quadrivalents

Les vaccins quadrivalents osidiques conjugués immunisent contre les groupes A, C, W et Y, avec 3 références commercialisées : Nimenrix (dès 6 semaines), Menvéo (après 2 ans) et MenQuadfi (à partir de 12 mois).

Contre-indications

Les vaccins contre les méningocoques ne doivent pas être utilisés en cas d’allergie à l’un des composants ou après une réaction ayant mis en jeu le pronostic vital à la suite d’une précédente administration. L’administration doit être différée en cas de maladie fébrile aiguë sévère pour ne pas sursolliciter le système immunitaire.

Grossesse et allaitement

En l’absence d’études spécifiques, l’administration pendant la grossesse ou l’allaitement ne doit être envisagée que si nécessaire. Plus particulièrement, devant la gravité des IIM, la vaccination ne doit pas être exclue pour les femmes enceintes définies comme cas contact d’un malade.

Voies d’administration

Tous ces vaccins s’administrent exclusivement par voie intramusculaire, de préférence dans la face antérolatérale de la cuisse chez les nourrissons et, aux autres âges, dans le muscle deltoïde. Ils peuvent être utilisés en même temps que d’autres vaccins mais en des sites distincts.

Effets indésirables

Comme avec tout vaccin, des effets indésirables transitoires d’intensité légère à modérée peuvent survenir, généralement dans les premières heures et jusqu’à 48 heures en moyenne après l’injection. Les réactions locales au point d’injection telles qu’œdème, douleur, induration, rougeurs, sont parmi les plus fréquentes. Des réactions générales (fièvre modérée, céphalées, myalgies, arthralgies, irritabilité, pleurs chez l’enfant, somnolence, fatigue, notamment) sont très courantes. Elles témoignent de l’activation du système immunitaire. Des troubles digestifs (nausées, diarrhées, perte d’appétit) sont également rapportés. Bexsero étant un vaccin particulièrement réactogène, avec des douleurs du bras et une fièvre modéré, un traitement systématique avec du paracétamol peut être conseillé (voir encadré ci-contre). Tout effet indésirable suspecté, déjà connu ou non, devrait faire l’objet d’un signalement pour surveillance du rapport bénéfice/risque du vaccin sur le portail de signalement des événements sanitaires indésirables.

Prise de paracétamol systématique avec Bexsero

La fièvre apparaît dans au moins 70 % des cas lorsque Bexsero est administré avec d’autres vaccins, le plus souvent résolutive en moins de 48 heures. Il est recommandé d’administrer systématiquement du paracétamol lors de la vaccination de l’enfant : sans diminuer la réponse, l’antalgique réduit le risque de fièvre, améliore le confort et limite les consultations secondaires. La posologie recommandée est de 1 dose/kg juste avant ou après l’administration puis 1 dose/kg 4 à 6 heures après. Une 3e dose peut éventuellement être administrée 6 heures plus tard selon le comportement de l’enfant et du niveau de la fièvre. Cette recommandation est transposable chez l’adulte pour qui le vaccin entraîne très souvent des douleurs au bras durant environ 24 heures.

Vaccinations en population générale

Contre le méningocoque B

Stratégie

La vaccination contre le méningocoque B commence dès l’âge de 2 mois et avant l’âge de 2 ans avec Bexsero pour protéger les nourrissons chez qui les IIM sont majoritairement dues à ce sérogroupe. Bexsero n’ayant pas montré d’efficacité pour diminuer le portage des méningocoques au niveau rhinopharyngé, il ne devrait pas avoir d’impact sur la transmission interhumaine de ce sérogroupe et ne permet donc pas de protection collective. Aussi, cette vaccination vise essentiellement une protection individuelle directe des enfants au cours de leurs premières années de vie. Limites : la durée de protection pourrait être limitée dans le temps, évaluée cependant à 3 ans au moins par les études, soit jusqu’à l’âge de 4 ans. Selon les analyses du Centre national de référence des méningocoques de l’Institut Pasteur, le vaccin ne protège pas contre toutes les souches de méningocoques B circulant en France, mais au moins contre 70 % d’entre elles.

Recommandations en vigueur en 2024

La vaccination est recommandée pour les nourrissons avant l’âge de 24 mois avec un schéma en 3 doses : 2 doses de primovaccination en respectant un intervalle minimal de 2 mois entre chaque, suivies de 1 dose de rappel dont le délai après la dernière dose de primovaccination varie selon l’âge du début de la vaccination :

  • au moins 6 mois si la vaccination a commencé entre 2 et 5 mois ;
  • au moins 2 mois si elle est initiée entre 6 et 11 mois ;
  • 12 à 24 mois si elle a été réalisée d’abord entre 12 et 23 mois.

Le calendrier vaccinal français recommande une dose de Bexsero à l’âge de 3 mois, une 2e dose à 5 mois puis un rappel à 12 mois (M3, M5 puis M12).

Nouvelles recommandations à venir

La HAS a préconisé de rendre obligatoire la vaccination contre les méningocoques du groupe B chez les nourrissons selon le même schéma que celui actuellement recommandé. L’obligation vaccinale est prévue pour le 1er janvier 2025, après parution des textes réglementaires.

À noter : La HAS ne recommande pas, à ce stade, d’élargir la vaccination contre le méningocoque B à tous les adolescents, mais préconise qu’elle soit remboursée chez les 15-24 ans qui souhaitent se faire vacciner.

Contre le méningocoque C

Stratégie

Les vaccins conjugués contre le méningocoque C ont montré une diminution du portage des bactéries de ce sérogroupe et procurent donc une protection individuelle et collective. La primovaccination est devenue obligatoire pour tous les nourrissons nés à partir de janvier 2018.

Recommandations :

  • Avant 12 mois

Recommandations en vigueur

Le calendrier vaccinal français a rendu obligatoire cette vaccination chez le nourrisson en utilisant le vaccin Neisvac, seul à disposer d’une AMM pour la primovaccination en 1 dose avant 12 mois. Le schéma vaccinal est de 1 dose unique à l’âge de 5 mois, suivie par 1 dose de rappel à 12 mois en respectant un intervalle de 6 mois minimum entre les 2 doses.

Nouvelles recommandations à venir

La HAS recommande que la vaccination monovalente contre le méningocoque C soit remplacée chez le nourrisson par la vaccination avec un vaccin quadrivalent ACWY. Cette obligation vaccinale quadrivalente est prévue pour le 1er janvier 2025 après parution des textes.

  • À partir de 12 mois

Recommandations en vigueur en 2024

La vaccination de rattrapage était recommandée pour toute personne âgée de 12 mois à 24 ans révolus n’ayant pas reçu de primovaccination antérieure, avec 1 dose unique.

Nouvelles recommandations à venir

La HAS recommande la vaccination des adolescents de 11 à 14 ans indépendamment du statut vaccinal antérieur et le rattrapage de 15 à 24 ans avec 1 dose unique de vaccin quadrivalent ACWY en remplacement du rattrapage par le vaccin monovalent C.

Ces recommandations pourront être mises en œuvre dès que les vaccins seront pris en charge dans le cadre du droit commun.

Contre les méningocoques A, C, W135 et Y

Recommandations en vigueur en 2024

Jusqu’ici, la vaccination quadrivalente contre les sérogroupes A, C, W et Y n’était recommandée en France qu’en population particulière, chez certains professionnels et voyageurs. L’augmentation des cas d’IIM en 2022-203, notamment dues aux sérogroupes W et Y, et l’efficacité démontrée des vaccins quadrivalents pendant au moins 10 ans a motivé de nouvelles recommandations vaccinales de la HAS.

Nouvelles recommandations à venir

Ces recommandations seront effectives dès que les vaccins seront pris en charge par l’Assurance maladie et l’obligation vaccinale, prévue pour le 1er janvier 2025, après parution des textes réglementaires.

  • Nourrissons

La HAS recommande de rendre obligatoire le vaccin ACWY pour les nourrissons en remplacement de la vaccination monovalente contre le méningocoque C, selon un schéma à 2 doses du vaccin Nimenrix (seul utilisable avant 12 mois) : 1 dose à 6 mois et 1 dose de rappel à 12 mois.

À noter : une vaccination commencée par un vaccin monovalent C peut être poursuivie avec un vaccin tétravalent ACWY. En revanche, tout schéma vaccinal réalisé au départ avec le vaccin Nimenrix devra être complété avec ce même vaccin. Il est possible de coadministrer ce vaccin, en des sites séparés, avec les autres vaccins du calendrier vaccinal.

  • Après 12 mois

En raison d’une incidence des IIM plus faible après 12 mois jusqu’à l’adolescence, la HAS ne recommande pas la mise en place d’un rattrapage de la vaccination ACWY chez les enfants de plus de 1 an et de moins de 11 ans. Néanmoins, si le vaccin n’est pas remboursé dans cette tranche d’âge, il semble cohérent d’effectuer un rattrapage par un vaccin quadrivalent pour les enfants n’ayant pas été vaccinés avant l’âge de 2 ans.

  • Adolescents de 11 à 14 ans

La HAS préconise la vaccination – ou le rappel – chez les adolescents avec 1 dose unique de vaccin ACWY (Nimenrix, MenQuadfi ou Menvéo), indépendamment de leur statut vaccinal (ayant déjà reçu ou non un vaccin monovalent C ou quadrivalent).

  • Entre 15 et 24 ans révolus

La HAS recommande un rattrapage de vaccination avec 1 dose unique de vaccin tétravalent ACWY (Nimenrix, MenQuadfi ou Menvéo).

Question de patient

« Pourquoi une première dose de Niminrix se fait à 6 mois et non à 5 mois comme avec le vaccin Neisvac ? »
Pour conserver un schéma à 2 doses selon l’autorisation de mise sur le marché du vaccin Nimenrix, seul utilisable avant 12 mois, pour lequel une primovaccination avant l’âge de 6 mois nécessite 3 doses contre 2 doses à partir de 6 mois.

Vaccinations en populations particuliѐres

Personnes particulièrement à risque

Les personnes spécifiquement à risque de contracter une IIM* sont les patients souffrant de déficit en fraction terminale du complément ou recevant un traitement anticomplément (ravulizumab, éculizumab, pegcécatoplan), porteurs d’un déficit en properdine, aspléniques ou ayant reçu une greffe de cellules hématopoïétiques.

Recommandations :

La vaccination est préconisée pour ces patients et leur entourage avec un vaccin quadrivalent ACWY et un vaccin contre les IIM B. Un rappel pour chacun des vaccins est recommandé tous les 5 ans si le surrisque persiste. Dans ce cadre, la vaccination est prise en charge par la sécurité sociale. Ces préconisations demeurent inchangées suite aux nouvelles recommandations de la HAS en mars 2024.

Contre le méningocoque B :

  • Avant 2 ans : selon les recommandations en population générale.
  • À partir de 2 ans : 2 doses de Bexsero, en respectant un intervalle de 1 mois au moins.
  • À partir de 10 ans : soit Bexsero, selon le schéma ci-dessus, soit Trumenba, selon 2 schémas de vaccination possibles : 2 doses à 6 mois d’intervalle, ou 2 doses à au moins 1 mois d’intervalle, suivies d’une 3e dose au moins 4 mois après la 2e.

À noter : hors situation d’hyperendémie liée à une souche couverte par l’un des 2 vaccins, il n’y a pas de raison de privilégier l’un ou l’autre. Néanmoins, Bexsero et Trumenba n’étant pas interchangeables, une vaccination commencée en utilisant l’un des vaccins doit être poursuivie avec le même produit.

Contre les méningocoques ACWY :

  • Nourrissons de 6 semaines à moins de 6 mois : 2 doses de Nimenrix espacées de 2 mois puis un rappel à 12 mois en respectant un intervalle d’au moins 2 mois avec la dernière dose reçue.
  • De 6 mois à 11 mois révolus : 1 dose de Nimenrix puis 1 dose de rappel à 12 mois en respectant un intervalle d’au moins 2 mois avec la deuxième dose reçue. Attention, en cas de vaccination antérieure avec Neisvac, un délai minimal de 1 mois doit être respecté avant l’administration de la première dose de Nimenrix.
  • À partir de 12 mois : 1 seule dose de Nimenrix ou de MenQuadfi ou, après 2 ans, de Menveo.

Professionnels

La vaccination contre les IIM de sérogroupes B et A, C, W, Y est recommandée pour les personnels des laboratoires de recherche travaillant spécifiquement sur les méningocoques. Les modalités sont les mêmes que pour les personnes à risque avec un rappel tous les 5 ans si le risque d’exposition perdure. Les coûts des vaccins et de leur injection sont pris en charge par l’employeur.

Voyageurs

Recommandations

La vaccination contre les IIM des groupes A, C, W et Y est recommandée pour les voyageurs dans des conditions de contact étroit et prolongé avec la population locale :

  • qui se rendent dans une zone d’endémie de ces IIM, en particulier dans la « ceinture de la méningite » en Afrique subsaharienne (zones de savane et Sahel, d’ouest en est, du Sénégal à l’Éthiopie) à la saison sèche durant laquelle la transmission des méningocoques est favorisée, habituellement en hiver et au printemps ;
  • qui se rendent dans toute zone où sévit une épidémie de ces IIM. La vaccination est également recommandée, quelle que soit la saison, pour tous les voyageurs qui se rendent en zone d’endémie de ces IIM dans le but d’y exercer une activité sanitaire ou auprès de réfugiés. Administrativement, la vaccination avec un vaccin quadrivalent est obligatoire pour l’obtention d’un visa dans le cadre du pèlerinage en Arabie saoudite, attestée par le certificat international de vaccination délivré dans un centre de vaccinations internationales. La durée de validité pour le pèlerinage, avec un vaccin tétravalent conjugué (seuls disponibles en France), est de 5 ans.

Vaccins et schéma vaccinal

Il est identique à celui des personnes particulièrement à risque d’IIM pour les méningocoques des sérogroupes A, C, W et Y avec, selon l’âge, Nimenrix, Menveo ou MenQuadfi. Ces vaccins ne sont pas pris en charge par l’Assurance maladie.

Autour d’un ou de plusieurs cas

Signalement

Étant donné leur gravité, tout cas d’IIM doit faire l’objet d’un signalement en urgence par le service hospitalier ou le biologiste à la plateforme de veille et de gestion sanitaires de l’agence régionale de santé (ARS) ouverte 24 heures/24.

Recherche des cas contacts

Est considérée comme « cas contact » devant bénéficier d’une prophylaxie toute personne ayant été exposée aux sécrétions rhinopharyngées du malade dans les 10 jours précédant son hospitalisation. Sont concernées d’emblée toutes les personnes qui vivent ou sont gardées sous le même toit que le malade et celles qui ont eu un contact « bouche-à-bouche », y compris à l’extérieur. Pour les autres, le risque de transmission des sécrétions est évalué selon le type de contact, la proximité et sa durée : les contacts en face-à-face, à une distance de moins de 1 mètre et d’une heure ou plus facilitant fortement cette transmission. De même, des symptômes de toux ou d’éternuements du malade sont un facteur de risque de transmission, indépendamment du temps de contact. De façon générale, sauf indication contraire de l’ARS, les personnes qui ont partagé une soirée, un repas, un trajet de bus, échangé une poignée de main, une bise ou autre ne sont pas considérées à risque de transmission du méningocoque.

Antibioprophylaxie

Quel que soit le sérogroupe du méningocoque en cause, une antibioprophylaxie doit être proposée aux cas contacts éligibles dans les plus brefs délais, si possible entre 24 à 48 heures après le diagnostic (au-delà de 10 jours après le dernier contact, elle n’a plus d’intérêt). On utilise de la rifampicine par voie orale ou, en cas de contre-indication ou de résistance documentée de la bactérie, 1 dose unique de ceftriaxone en injectable, ou de ciprofloxacine par voie orale.

Rifampicine

Le traitement est de 48 heures à la posologie de 600 mg 2 fois par jour chez l’adulte, 10 mg/kg (sans dépasser 600 mg) 2 fois par jour entre 1 mois et 15 ans et 5 mg/kg 2 fois par jour en dessous de 1 mois.

À noter : si la rifampicine est utilisée chez la femme enceinte dans les 4 jours précédant l’accouchement, 1 dose de 0,5 à 1 mg de vitamine K1 doit être administrée au nouveau-né à la naissance par voie injectable pour limiter le risque de troubles de la coagulation liés à l’antibiotique.

Conseils : La rifampicine, inducteur enzymatique, peut diminuer l’efficacité des contraceptifs hormonaux, notamment microdosés. Conseiller aux femmes concernées d’utiliser en sus un contraceptif mécanique durant le traitement puis pendant 7 jours. Rappeler aux patients que la rifampicine peut colorer en rouge les urines, les larmes, la salive et les lentilles de contact de façon permanente. Conseiller de les remplacer temporairement par le port de lunettes.

Ciprofloxacine orale

Elle est administrée en 1 dose unique à raison de 500 mg chez l’adulte et de 20 mg/kg chez l’enfant (sans dépasser 500 mg). À noter : Dans ce contexte particulier, la ciprofloxacine peut être utilisée chez l’enfant et chez la femme enceinte, le bénéfice attendu étant supérieur au risque de toxicité articulaire potentiel.

Ceftriaxone injectable

1 dose unique est injectée, à raison de 250 mg chez l’adulte ou de 125 mg chez l’enfant, y compris chez le nouveau-né après avis spécialisé.

Question de patient

« Martin est hospitalisé pour une méningite à méningocoque. Je l’ai croisé la semaine dernière à la boulangerie, je lui ai même serré la main… On m’a dit qu’il n’était pas nécessaire déprendre un traitement antibiotique. Mais pourquoi ne pas en donner à tous ses contacts ? On ne sait jamais… »

Effectivement, les personnes qui n’ont pas eu de contact en face-à-face suffisamment proche et prolongé ne sont pas considérées comme exposées aux sécrétions rhinopharyngées du malade. Le risque de transmission du méningocoque n’est pas supérieur à celui qui existe en population générale. Par ailleurs, l’utilisation abusive des antibiotiques, quand ils ne sont pas nécessaires, comporte un risque de rendre les bactéries résistantes et, à terme, de ne plus être suffisamment efficaces.

Vaccination

La vaccination postexposition, quand elle est indiquée, complète mais ne remplace pas la chimioprophylaxie. Son objectif est de procurer une protection rapide : elle doit être administrée au plus tard dans les 10 jours après le dernier contact avec le malade.

Pour qui ?

Un cas déclaré étant le signe qu’une souche pathogène circule dans une population, la vaccination est généralement proposée aux proches qui vivent de façon régulière avec la personne atteinte : voisins de classe, famille, amis, etc. Le malade, qui a développé des anticorps du fait de l’infection, n’est généralement pas concerné, sauf les nourrissons avant l’âge de 1 an pour lesquels cette immunité ne serait pas durable.

Autour d’un seul cas d’IIM

  • Des groupes A, C, W et Y

De par leur efficacité sur la diminution du portage rhinopharyngé, les vaccins quadrivalents Nimenrix, Menvéo ou MenQuadfi (selon l’âge), peuvent être utilisés en vaccination post-exposition dès l’âge de 6 semaines. L’objectif étant de procurer une protection rapide, seule la première dose sera administrée dans les tranches d’âge où le schéma vaccinal nécessite habituellement plusieurs doses. La survenue d’une IIM peut être l’occasion de mettre à jour, sans considération de délai, les vaccinations de l’entourage suivant les recommandations en vigueur contre les sérogroupes A, C, W et Y.

  • Du groupe B

La vaccination postexposition avec un vaccin contre le sérogroupe B, sans efficacité prouvée sur le portage rhinopharyngé, nécessitant 2 doses et au moins 2 mois pour l’acquisition de la protection et ne couvrant pas toutes les souches, n’est pas recommandée pour les sujets contacts de cas sporadiques.

Autour de plusieurs cas

L’apparition de 2 ou 3 cas au moins dans un délai inférieur à 6 mois au sein d’un même groupe social justifie des investigations menées par les cellules interrégionales et régionales d’épidémiologie (CIRE) et les cellules de veille et de gestion des alertes sanitaires (CVGAS) en partenariat avec la Direction des maladies infectieuses (DMI) de Santé publique France. Si celles-ci confirment des grappes de cas, une épidémie ou une hyperendémie, des mesures régionales ou nationales peuvent être mises en place par l’ARS ou la Direction générale de la santé : antibioprophylaxie élargie (par exemple à une classe entière), recours à un autre antibiotique en cas de récidives dans une même communauté, vaccination contre les IIM B si la souche est couverte par le vaccin, vaccination contre les sérogroupes A, C, W et Y, etc. les personnes et zones cibles étant déterminées par des experts.

Une grappe de cas se définit par la survenue d’au moins 2 cas rattachables à des souches identiques anormalement rapprochés dans le temps, dans une même collectivité́ ou un même groupe social. Une épidémie correspond à la survenue dans une même communauté́, dans un délai inférieur ou égal à 3 mois, d’au moins 3 cas sans contact direct entre eux, rattachables à des souches identiques. L’augmentation durable de l’incidence pour un sérogroupe et dans un secteur géographique donné est qualifiée d’hyperendémie.

À savoir

Le méningocoque ne survivant pas dans le milieu extérieur et la transmission nécessitant un contact rapproché, les sujets contacts et/ou la fratrie ne sont pas soumis à une éviction de la collectivité. La désinfection des locaux est inutile, de même que la désinfection rhinopharyngée des sujets contacts.

Vaccination à l’officine

Sous réserve d’y être formés, les pharmaciens peuvent prescrire et/ou administrer les vaccins aux adultes et enfants à partir de 11 ans pour les vaccins prévus par le calendrier vaccinal en population générale et particulière. Les étudiants en 6e année d’études de pharmacie, également sous condition de formation, sont autorisés à les administrer. Les vaccins contre les méningocoques étant inertes, la vaccination à l’officine est possible pour les personnes immunodéprimées. Elle n’est, en revanche, pas autorisée, à l’instar de tout autre vaccin, pour les voyageurs. Selon les recommandations à venir (soit en 2025 soit dès la prise en charge par l’Assurance maladie de Nimenrix, MenQuadfi et Menveo), en population générale, la vaccination – ou le rappel – des adolescents de 11 à 14 ans par le vaccin A, C, W et Y puis du rattrapage jusqu’à 24 ans révolus peut être prescrite. La vaccination de rattrapage contre le méningocoque B, si elle n’est pas systématiquement recommandée dans le calendrier vaccinal, peut être proposée. La HAS s’est prononcée pour son remboursement par l’Assurance maladie.

Attention au risque de syncope

Comme avec tout vaccin, un évanouissement est susceptible de survenir en réaction psychogène (peur de l’aiguille) avant, pendant ou après l’injection, cette réaction étant notamment décrite chez les adolescents. Penser à sécuriser la zone d’administration (fauteuil confortable, éloignement d’objets ou meubles pouvant occasionner une blessure, etc.), vacciner de préférence en position semi-allongée et surveiller le patient quelques minutes après l’administration, si besoin en lui proposant de s’asseoir par terre, entouré de coussins.

En collaboration avec le Pr Muhamed-Kheir Taha, responsable de l’unité des infections bactériennes invasives et directeur du Centre national de référence des méningocoques de l’Institut Pasteur (Paris).

Article issu du cahier Formation du n° 3538, paru le 30 novembre 2024.