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Le bouillon-blanc

Publié le 30 janvier 2021
Par Chantal Ollier
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Son nom vient-il de l’usage de ses fleurs en infusion ? Il désigne en tout cas une de nos plus anciennes plantes médicinales dont Dioscoride, médecin grec du Ier siècle après J.-C., mentionnait l’emploi de la racine et des feuilles.

Description

Le terme « bouillon-blanc » désigne en réalité plusieurs espèces de molènes qui s’hybrident entre elles facilement. Commun en France dans les lieux incultes plutôt secs, le bouillon-blanc est une plante robuste bisannuelle recouverte d’un tomentum (poils duveteux) blanchâtre et dense. De la rosette de feuilles de grande taille, épaisses et longuement pétiolées de la première année, s’élève, la seconde année, une tige de 50 cm à 2 m de haut souvent ramifiée. Elle porte des feuilles alternes, décurrentes, oblongues lancéolées à limbe un peu crénelé, plus petites que les feuilles basales. Les fleurs de type 5, légèrement zygomorphes à pétales jaune pâle apparaissent de juin à novembre et sont regroupées en un épi terminal dense autour de la tige.

Principaux constituants

• Mucilage (3 %) : polysaccharide acide soluble dans l’eau de type arabinogalactane.

• Iridoïdes (0,13 à 0,56 % selon l’espèce) : aucuboside, catalpol.

• Flavonoïdes (0,2 à 0, 5 %) : selon l’espèce, hétérosides de la lutéoline, de l’apigénine, de la quercétine, de la tamarixétine.

• Esters osidiques phénylpropaniques : verbascoside (synonyme actéoside).

• Saponosides triterpéniques à structure oléanolique : verbascosaponine A et B, thapsuines A et B.

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• Acides phénols (4,18 %) : acides gallique, férulique, caféique, chlorogénique.

• Autres composants : phytostérols (β-sitostérol), digiprolactone, acides gras.

Mécanisme d’action

• Les constituants du bouillon-blanc ont été plus étudiés que la plante elle-même et leurs effets expliquent son usage traditionnel.

– Son action émolliente est due au mucilage : il donne dans l’eau une solution visqueuse qui, bue lentement, adoucit et recouvre les muqueuses d’une couche protectrice contre les irritations et agressions extérieures.

– Une action antibactérienne (saponosides) et antivirale contre les virus de l’herpès et de la grippe est mise en évidence.

– Son activité expectorante (saponosides) n’a pu être démontrée sur le modèle expérimental de la modification du flux mucociliaire.

– L’aucuboside et le verbascoside exercent un effet anti-inflammatoire.

– Le verbascoside a une action antalgique.

– L’aucuboside s’est montré hépatoprotecteur.

• Le bouillon-blanc n’a pas fait l’objet d’études cliniques. Ses indications actuelles relèvent d’un usage traditionnel reconnu bien avant le Moyen-Age et sa fleur faisait partie des espèces pectorales de toutes les pharmacopées des pays européens.

Utilisation

• Le bouillon-blanc sert traditionnellement à soulager des maux de gorge associés à une toux sèche et à un refroidissement.

• Il est également utilisé en France :

– par voie orale, pour calmer les douleurs abdominales d’origine digestive,

– localement : sur la peau en traitement d’appoint adoucissant et pour calmer les démangeaisons, en cas de crevasses, de gerçures et contre les piqûres d’insectes ; en collutoires, en pastilles pour soulager temporairement les maux de gorge et les enrouements passagers ; en bain de bouche pour l’hygiène buccale.

Posologie

• A partir de 12 ans : infusion 10 à 15 minutes, 1,5 à 2 g (1 cuillère à café = 0,5 g) par tasse, 3 à 4 fois par jour pour une dose journalière de 4,5 à 8 g.

• Bien filtrer pour éliminer les poils, qui peuvent irriter la gorge, et boire lentement. Si les symptômes persistent au-delà de 1 semaine de prise, un avis médical est nécessaire.

• Le bouillon-blanc se trouve en mélanges par exemple dans la Tisane Pectorale Bio de l’Herboristerie du Valmont, la Tisane Pectorale 4 Fleurs de France Herboristerie, la Tisane Fleurs Pectorales du Père Blaize.

Précautions d’emploi, contre-indications

Le bouillon-blanc est déconseillé en cas de grossesse, d’allaitement et chez les enfants de moins de 12 ans faute de données de sécurité suffisantes.

Effets indésirables

Pas de données relevées dans la littérature scientifique.

Interactions médicamenteuses

Non documentées.

Sources : European herbal monograph et assessment report on Verbascum thapsus L., Verbascum densiflorum Bertol (V. thapsiforme Schrad) and Verbascum phlomoides L. flos, mars 2018, EMA ; P. Lieutaghi, Le Livre des bonnes herbes, Marabout, 1978 ; M. Wichtl, R. Anton, Plantes thérapeutiques, Tec et Doc, 2003.

FICHE TECHNIQUE

Nom latin : Verbascum thapsus L., V. densiflorum Bertol (synonyme V. thapsiforme Schrad) et V. phlomoides L.

Famille : Scrophulariaceae.

Partie utilisée : fleur réduite à la corolle et aux étamines.

Monographie de contrôle : Pharmacopée européenne.

Propriétés

– Emollient,

– Expectorant léger,

– Antimicrobien.