Santé naturelle Réservé aux abonnés

L’AIL

Publié le 9 septembre 2023
Par Chantal Ollier
Mettre en favori

L’ail est l’une des plantes médicinales les plus populaires au monde. Il est également appelé « thériaque des pauvres » ou « thériaque des paysans », en raison de son utilisation d’antan dans la prévention de certaines maladies comme la peste et le choléra.

Description

Cultivé dans le monde entier, l’ail est une plante herbacée annuelle vivace à odeur très forte.

Sa tige droite, cylindrique, de 20 à 40 cm de haut, porte jusqu’à mi-hauteur des feuilles tombantes, linéaires, planes et lisses, souvent engainantes à la base. Les fleurs, blanches à rougeâtres, sont disposées en ombelle simple, terminale, bulbillifère, enveloppée avant épanouissement d’une spathe caduque terminée en pointe très longue.

Le bulbe, sphérique à ovoïde, est composé d’un petit bulbe principal central entouré de bulbes secondaires ou bulbilles (caïeux ou gousses d’ail) comprimés latéralement et recouverts d’une tunique membraneuse commune.

Principaux constituants

L’ail contient des flavonoïdes, des sapogénines et des saponosides, des fructanes, du sélénium, mais il est surtout remarquable par son exceptionnelle richesse en composés soufrés. L’ail frais et entier contient des cystéines sulfoxides dont l’alliine, des dérivés γ-glutamylcystéines, de l’adénosine et une enzyme, l’alliinase. Le fait de couper l’ail et de le chauffer dans un récipient fermé met en contact l’alliinase avec l’alliine qui se décompose en dialkyl-thiosulfinates, dont l’allicine (allyl-thiosulfinate) instables. Alliine et allicine sont les principaux composants de la poudre d’ail.

Les thiosulfinates se décomposent eux-mêmes :- dans l’huile essentielle obtenue par entraînement à la vapeur d’eau en allyl-oligosulfides,- dans le macérat huileux d’ail en vinyl-dithiines et ajoène,- dans les préparations d’ail vieilli obtenues par macération d’au moins 10 mois d’ail frais coupé dans un mélange hydroalcoolique en S-allyl-cystéine et S-allyl-mercaptocystéine.

Mécanisme d’action

Les principales propriétés de l’ail sont attribuées à ses composés soufrés.

Publicité

Hypolipémiant, il diminue le taux de cholestérol en inhibant la HMG-CoA-réductase et le taux de triglycérides sanguins par action sur l’acide gras synthase.

Son activité antihypertensive et vasorelaxante résulte d’une modulation de la production de facteurs relaxants (activation de la formation de monoxyde d’azote au niveau de l’endothélium) et de facteurs constricteurs (inhibition de l’endothéline-1).

Son effet antiagrégant plaquettaire a été largement étudié vis-à-vis de divers facteurs activateurs des plaquettes et est dû à une inhibition de la cyclooxygénase et à une interaction directe avec le fibrinogène.

Son pouvoir hypoglycémiant est controversé, il augmenterait la sécrétion d’insuline.

Antioxydant et antiradicalaire, il s’avère également antibactérien et antifongique.

Les études cliniques, très nombreuses, donnent toutefois des résultats contradictoires, ce qui peut s’expliquer par la diversité des préparations d’ail utilisées, ayant donc des compositions qualitativement et quantitativement différentes, et par des études parfois anciennes de qualité méthodologique critiquable, ce qui ne permet pas de proposer l’ail en pratique courante dans le traitement de l’hyperlipidémie ou de l’hypertension, par exemple. Mais prises dans leur ensemble, elles permettent de déduire un faisceau d’indices en faveur d’une diminution d’un taux de cholestérol trop élevé, d’une baisse de la tension artérielle chez l’hypertendu, d’un possible effet antithrombotique, d’une action, quoique limitée, sur l’augmentation de l’activité fibrinolytique. Si l’ail ne peut être proposé dans la prévention cardiovasculaire, une étude met en évidence une diminution de la rigidité aortique liée à l’âge indiquant un effet protecteur des propriétés élastiques de l’aorte.

Les données des études cliniques sont également contradictoires ou insuffisantes pour conclure à une activité hypoglycémiante de l’ail tant chez le sujet normal que diabétique.

Pour le rhume, là encore, les études chez l’homme sont peu concluantes, allant d’une absence d’effets à une moindre incidence des taux de rhume ou grippe ou à une moindre sévérité des symptômes. Elles permettent toutefois de conforter son usage traditionnel dans cette indication.

Précautions d’emploi et contre-indications

L’ail est déconseillé en cas de grossesse et allaitement et, selon l’indication, chez les moins de 12 ans ou 18 ans faute de données de sécurité suffisantes.

Il est contre-indiqué en cas de traitement concomitant avec le ritonavir (risque de diminution de la concentration plasmatique et perte de réponse virologique car l’ail pris en usage prolongé peut être un inducteur enzymatique).

La prise d’ail doit être interrompue 7 jours avant une opération chirurgicale en raison d’un risque augmenté de saignement postopératoire.

Posologie

Prévention de l’athérosclérose, réservé à l’adulte : poudre d’ail, 300 mg à 750 mg par prise, 3 à 5 fois par jour pour une dose journalière de 900 à 1 380 mg sans limitation de durée.

Rhume à partir de 12 ans, extrait sec, 100 à 200 mg par prise, 1 à 2 fois par jour pour une dose journalière de 100 à 400 mg durant 1 semaine au maximum au-delà de laquelle il convient de consulter si les symptômes persistent.

Effets indésirables

L’odeur malodorante de l’haleine et de la peau est un effet attendu mais peut être gênante.

La survenue de douleurs abdominales, de flatulences, de ballonnements, de sensation de satiété, de perte d’appétit est possible.

Dans quelques études cliniques sont également notés vertiges, maux de tête et transpiration profuse.

Le risque allergique, parfois sévère, est croisé avec l’oignon et la tulipe (dermatite de contact, rhinite, conjonctivite, bronchospasme).

Le patient est également exposé à un risque de saignement.

Interactions médicamenteuses

 

Au vu des études in vitro et des études cliniques, l’utilisation de l’ail doit être prudente chez les personnes traitées par anticoagulants oraux ou antiagrégants plaquettaires en raison du risque d’augmentation du temps de saignement.

                     
 

FICHE TECHNIQUE

Nom latin : Allium sativum L.

Famille : Alliaceae.

Partie utilisée : bulbe séché réduit en poudre.

Monographie de contrôle : Pharmacopée européenne.

Propriétés :

– hypolipémiant,

– hypotenseur et vasorelaxant,

– antiagrégant plaquettaire.

Utilisations traditionnelles :

– adjuvant dans la prévention de l’athérosclérose,

– soulage les symptômes du rhume.

 
  • Sources : European Herbal monograph et Assessment report on Allium sativum L, bulbus, Agence européenne des médicaments (EMA), 18 juillet 2017 ; Plantes thérapeutiques, Wichtl M., Anton R., Tec & Doc, Paris, 2003.