Le remboursement des protections périodiques réutilisables passera par l’officine

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Le remboursement des protections périodiques réutilisables passera par l’officine

Publié le 2 juin 2025
Par Sana Guessous
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Annoncée par le gouvernement le 28 mai, la prise en charge des culottes et coupes menstruelles en pharmacie devrait entrer en vigueur d’ici fin 2025. Le dispositif ciblera près de quatre millions de femmes concernées par la précarité menstruelle, notamment les moins de 26 ans et les bénéficiaires de la C2S.

Le remboursement des protections périodiques réutilisables par l’Assurance maladie figurait dans la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2024. Il vise deux catégories prioritaires :

– les femmes âgées de moins de 26 ans, sans conditions de ressources ;

– les assurées, sans critère d’âge, éligibles à la complémentaire santé solidaire (C2S).

Le remboursement portera sur les culottes et les coupes menstruelles, à hauteur de 60 % pris en charge par la Sécurité sociale, le reste (40 %) étant couvert par les complémentaires santé. Ces produits seront disponibles en officine, comme l’a confirmé le gouvernement.

Des modalités encore floues

Les conditions opérationnelles n’ont pas encore été fixées. Un décret est attendu avant la fin 2025 pour préciser :

– les modèles et marques autorisés ;

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– le nombre de produits remboursables par bénéficiaire ;

– les modalités de dispensation en pharmacie.

Pour les associations, cette mesure constitue une avancée, mais des zones d’ombre subsistent. L’association Règles Élémentaires s’inquiète du manque d’information adressée aux industriels :

« Les fabricants n’ont toujours pas été informés du cahier des charges et de la qualité des produits attendus. Nous veillerons à ce que les protections proposées soient les plus saines possibles. »

Une précarité sanitaire et sociale persistante

Selon les données de Règles Élémentaires et d’OpinionWay, près de 4 millions de femmes seraient concernées en France par la précarité menstruelle. Parmi elles :

– 1,7 million d’étudiantes et de mères célibataires ;

– 53 % des jeunes filles auraient déjà manqué l’école à cause de leurs règles ;

– 30 % des femmes auraient renoncé à aller travailler pour la même raison.

Au-delà des conséquences sociales, les effets sanitaires sont également préoccupants : infections, démangeaisons, risques accrus de syndrome du choc toxique.

« Les règles ne devraient jamais être un sujet de honte, d’ignorance ou de précarité », martèle l’association.

Quel rôle pour les pharmaciens ?

Avec la dispensation en officine, les pharmaciens seront amenés à :

– informer les bénéficiaires sur les critères d’éligibilité ;

– orienter le choix des produits selon les prescriptions réglementaires ;

– assurer un conseil adapté, notamment pour les premières utilisations de ces dispositifs.

Le sujet, parfois tabou, nécessite un accueil bienveillant, rigoureux et confidentiel. Le pharmacien devient un acteur clé d’accès à une hygiène menstruelle digne et encadrée, dans une logique de santé publique élargie.