Est-ce que le froid peut perturber l’ effet des médicaments ?

Oui. L’action de certains médicaments peut être perturbée par le froid : à la suite d’une vasoconstriction, les principes actifs peuvent être moins bien distribués dans l’organisme. C’est le cas de la digoxine, de certains antiépileptiques et de tous les principes actifs administrés par voie sous-cutanée ou transdermique (dérivés nitrés…). De même, les sels de lithium peuvent devenir toxiques si leur élimination diminue à la suite d’une vasoconstriction. En cas de grand froid, certaines molécules peuvent induire une diminution des réactions de compensation de la baisse de la température corporelle et aggraver une hypothermie : par exemple les médicaments de l’hypothyroïdie peuvent empêcher l’augmentation du métabolisme nécessaire pour la production de chaleur. Autre exemple, certains neuroleptiques, les benzodiazépines, les barbituriques peuvent perturber la thermorégulation. Certains antihypertenseurs (inhibiteurs calciques, inhibiteurs de l’enzyme de conversion…), ainsi que les vasodilatateurs, limitent la vasoconstriction des vaisseaux de la peau, indispensable à la réaction de l’organisme au froid. Enfin, la plupart des médicaments agissant sur la vigilance peuvent altérer les capacités de l’organisme à lutter contre le froid (sédatifs, hypnotiques), tout comme la consommation d’alcool qui aggrave l’hypothermie. Cependant, même si certains médicaments peuvent avoir un rôle dans l’aggravation des problèmes liés au froid, un épisode de grand froid ne justifie jamais d’arrêter spontanément un traitement, ni de le modifier ou de l’interrompre quelques jours sans avis médical.

Sources : Ameli.fr, « Prévenir les risques liés aux médicaments en cas de grand froid », avril 2018 ; ANSM, Questions-réponses « Traitements médicamenteux et grand froid », décembre 2009.