Cannabidiol (CBD) : propriétés et usages

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Cannabidiol (CBD) : propriétés et usages

Publié le 24 janvier 2025
Par Nathalie Belin
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Désormais largement présent en pharmacie, le cannabidiol est utilisé pour ses effets bénéfiques sur l’anxiété, le stress, le sommeil, voire les douleurs. Qu’en est-il vraiment et quelles précautions d’usage donner ?

Le cannabidiol, ou CBD, est l’un des principaux cannabinoïdes extraits des fleurs, ou parfois des feuilles, de chanvre (Cannabis sativa L.), au même titre que le THC (ou tétrahydrocannabinol). Contrairement à ce dernier, il n’a que peu d’effet sur les récepteurs endocannabinoïdes. Il interfère toutefois avec des dizaines d’autres récepteurs, dont, au niveau cérébral, ceux à la sérotonine et à la dopamine, ce qui pourrait expliquer son action sur l’humeur et sur l’anxiété. Il exerce également un effet « inhibiteur » en favorisant la libération de l’acide γ-aminobutyrique (GABA), ce qui contribuerait à réduire les ruminations, donc le stress et l’anxiété, à favoriser le sommeil, voire indirectement à apaiser certaines douleurs chroniques.

Que montrent les études ?

Le CBD, sous la forme d’une spécialité pharmaceutique (Epidyolex), bénéficie d’une seule indication thérapeutique : le traitement de certaines crises d’épilepsie. Aucune allégation ne lui est à ce jour reconnue quant à ses usages « bien-être », y compris l’anxiété, indication pour laquelle ses bénéfices sont le mieux documentés, à des doses d’au moins 300 mg par jour. Les études cliniques sont moins concluantes pour les troubles du sommeil. Toutefois, des effets indésirables à type de sédation et somnolence ont été rapportés chez certaines personnes, dans le cadre de protocoles d’expérimentation du cannabis médical. Quant à ses effets antalgiques, ils ne sont significatifs qu’en association au THC, une association expérimentée dans certaines douleurs de type neurologique ou spastique (liées à des raideurs musculaires comme celles de la sclérose en plaques). 

Quels sont les produits autorisés ?

Hors médicaments, les produits à base de CBD ne sont pas autorisés s’ils renferment plus de 0,3 % de THC, car ils relèvent alors de la réglementation des stupéfiants. Considéré comme un nouvel aliment (novel food), le cannabidiol a vu son évaluation européenne être suspendue en raison d’un manque de données quant à ses potentiels effets sur le foie, le tractus digestif, les systèmes nerveux et endocrinien, ainsi que la reproduction. Des critères transitoires ont été établis en France pour encadrer la commercialisation des compléments alimentaires comprenant cette substance : ceux-ci doivent notamment respecter une dose maximale journalière de 50 mg, une concentration de 20 % au maximum pour les huiles de CBD, et ne pas dépasser 1 µg/kg de THC.

Dans les compléments alimentaires

Une dose initiale faible de CBD, de l’ordre de 10 mg par jour, progressivement augmentée en l’absence d’efficacité par pallier de 5 ou 10 mg tous les 3 jours, est recommandée par des spécialistes. Une utilisation sublinguale (comprimés sublinguaux ou huile à garder 1 minute sous la langue avant de l’avaler) est proposée pour une action rapide. Les comprimés à avaler se prennent au cours d’un repas comportant un peu de graisses, pour une meilleure biodisponibilité. Le cannabidiol étant insoluble dans l’eau, il ne peut être ajouté dans une tisane sauf, potentiellement, à y adjoindre un corps gras (crème, lait).

À noter : l’huile de graines de chanvre et l’huile essentielle de chanvre ne contiennent pas de CBD.

Quelles sont les précautions ?

Le CBD n’induit pas de dépendance, mais possède, de par son action sur les récepteurs cérébraux, des effets psychotropes. Ne pas dépasser 1 mois de prise reste prudent, sachant qu’il n’a qu’une action symptomatique (une anxiété ou une insomnie chronique justifient un avis médical) et que ses effets indésirables au long cours, notamment hépatiques, sont mal cernés. Fatigue, somnolence, céphalées, troubles digestifs et augmentation des enzymes hépatiques sont rares mais possibles, même à des doses ne dépassant pas 50 mg par jour.

Par ailleurs, le CBD interagit avec de nombreux médicaments, notamment les antiépileptiques, la warfarine, les hormones thyroïdiennes, les immunosuppresseurs (ciclosporine et tacrolimus), la digoxine et la méthadone. D’une manière générale, il convient d’être prudent avec les médicaments à marge thérapeutique étroite. Le cannabidiol est déconseillé avant 18 ans et chez la femme enceinte ou allaitante.

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Sources : « Cannabidiol : ce que vous devez oser demander et savoir », Académie nationale de médecine, 8 décembre 2022 ; « Cannabidiol (CBD) non médical : définition et précautions d’utilisation », Assurance maladie, février 2023 ; « L’indispensable sur… le cannabidiol », Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca), 2022 ; « The safety and efficacy of low oral doses of cannabidiol: An evaluation of the evidence », Clinical ans translational science, 2023 ; « Cannabidiol for moderate-severe insomnia: a randomized controlled pilot trial of 150 mg of nightly dosing », Journal of clinical sleep medecine 2024 ; « Cannabidiol : analyse de produits CBD non pharmaceutiques disponibles sur le marché en France », Mildeca, 1er décembre 2023 ; Petit Livre sur le CBD, Nicolas Authier , éditions First, 2022 ; Le Cannabis pour les nuls !, éditions First, Nicolas Authier,  2024 ; « CBD : Quel impact sur la santé ? », Inserm, avril 2023 ; « Critical aspects affecting cannabidiol oral bioavailability and metabolic elimination, and related clinical implications », Review CNS Drugs, 2020 ; Autorité européenne de sécurité des aliments.