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Fermeture tardive après transfert ou pas, ce titulaire ne baisse jamais les bras

Publié le 13 février 2019
Par Francois Pouzaud
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En matière de transfert de pharmacie, rien n’est définitivement acquis. Daniel Bullet, titulaire à Tarbes, est bien placé pour le savoir. Sa licence accordée il y a 4 ans vient d’être annulée rétroactivement. Il compte maintenant sur «   l’ordonnance Réseau   ».

Daniel Bullet, titulaire de la pharmacie Saint-Antoine à Tarbes (Hautes-Pyrénées), a bien mal commencé l’année 2019. Début janvier, il apprend en effet que le jugement rendu par la Cour d’appel de Bordeaux (Gironde), qui vaut décision exécutoire, a annulé sa licence de transfert accordée en mai 2015 par l’Agence régionale de santé (ARS) sur le site de l’ancien Arsenal de Tarbes, soit très exactement à 382 mètres du lieu d’origine de l’officine.

Dès qu’il en sera officiellement informé par le directeur de l’ARS, il ne pourra plus délivrer le moindre médicament. «   Je serai donc dans l’obligation de fermer, les ventes de parapharmacie ne représentant que 5 à 6 % de mon chiffre d’affaires   », obtempère ce pharmacien qui est tout sauf résigné. « J’ai été 33 ans rugbyman et 15 ans marathonien, je n’ai pas peur du combat » , dit-il.

Les deux pharmacies voisines qui avaient déposé un recours dès le début des travaux et perdu dans un premier temps en référé sur le fond devant le tribunal administratif de Pau (Pyrénées Atlantiques) sont prévenues. Le feuilleton judiciaire va se poursuivre.

Les nouvelles règles peuvent tout changer

En 2010, Daniel Bullet avait racheté la pharmacie de Saint-Antoine, alors en liquidation et restée fermée pendant sept mois. «   Tout le monde s’intéressait à cette pharmacie en raison de son potentiel, lié au transfert dans la zone désaffectée de l’Arsenal rachetée par la commune pour en faire un quartier dynamique   », explique-t-il.

Sur ce site qui accueille aujourd’hui des bars et restaurants, un cinéma, un club de sports, une salle de laser game, un pôle médical… mais pas de nouveaux logements, Daniel Bullet, qui développe une activité centrée sur le médicament et l’interprofessionalité, a su nouer d’excellentes relations avec les professionnels médicaux et paramédicaux. Au point d’être à l’origine d’une association regroupant 40 acteurs de santé locaux.

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Ce pharmacien garde espoir car la décision d’annulation de la Cour d’appel de Bordeaux repose sur les découpages IRIS qui, en 2014, prévalaient encore pour délimiter un quartier. Or, en se basant sur ce critère, l’Arsenal et Saint-Antoine ne sont pas le même quartier, motivant ainsi la décision d’annulation du transfert. Mais dans la nouvelle « ordonnance Réseau », le découpage IRIS n’est plus retenu pour définir un quartier. Il suffit donc à ce pharmacien de déposer une nouvelle demande de licence de transfert.

RECOURS AU FINANCEMENT PARTICIPATIF

Pour réaliser son opération, Daniel Bullet avait besoin de 100 000 € – que les banques lui ont refusés en raison de son âge (il est sexagénaire). « Leur frilosité a été à l’origine d’une belle aventure humaine », raconte-t-il. Pour lever les sommes dont il avait besoin, il a fait appel au financement participatif. « J’ai écrit un mail à une quinzaine d’amis, qui a fait boule de neige dans leur entourage et j’ai eu 75 donateurs, chacun versant ce qu’il voulait, de 100 € à 10 000 €. J’ai récupéré ainsi 80 000 € sous forme de prêt avec intérêts, et pour les 20 000 € restants, j’ai modifié mon crédit d’habitation », précise-t-il. Le paiement de sa dette est organisé et placé sous le contrôle d’un comité de surveillance. « Mes créanciers font partie de la compagnie des gens bien », sourit-il. Compagnie auprès de laquelle il a déjà remboursé la moitié de ce qu’il doit.