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Cette pharmacie est-elle faite pour moi ?

Publié le 1 juillet 2023
Par Francois Pouzaud
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Du choix de sa pharmacie dépend son mode de vie. Il est donc important pour un futur titulaire, dans la préparation de son projet d’installation, de définir le profil d’officine qui correspond à ses aspirations profondes.

 

« Avant de s’installer, le pharmacien doit réaliser un travail d’introspection, connaître ses aspirations et ses contraintes personnelles, sa situation familiale (mobilité géographique, charges familiales incompressibles, une ou deux sources de revenus, état de santé, adhésion de sa famille au projet), savoir pourquoi il souhaite s’installer et surtout cibler l’officine qui lui correspond  », présente Alain Bidanel, conseiller en gestion à la Cerp Bretagne-Atlantique.

 

Dans le travail à mener, la question de l’exercice et de l’achat, seul ou en association, se pose également pour des raisons économiques, financières et philosophiques (volonté d’être seul maître à bord, autonomie professionnelle, etc.). « Les nouvelles générations sont beaucoup plus en quête d’équilibre entre leur vie personnelle et professionnelle, d’où l’importance de la réflexion en amont sur ce point précis », explique Serge Gilodi, fondateur de Serendipity Conseil.

 

« La typologie de l’officine est un critère de choix très important, car le pharmacien doit se sentir à l’aise là où il exerce », souligne Christian Hayaud, du cabinet Villard (groupe PSP Pharma). Et d’ajouter que « c’est souvent au travers de remplacements et d’intérims que le futur installé découvre ses appétences pour un type de pharmacie ».

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Le lieu d’installation doit être déterminé en fonction du style de vie recherché. La manière de vivre, le fonctionnement d’une officine, le comportement de la clientèle (fidélité, exigences,etc.) sont différents en milieu rural ou urbain. L’environnement n’a pas seulement des significations commerciales, c’est aussi une qualité de vie.

 

« En milieu rural, la clientèle de la pharmacie est captive et fidèle, l’activité fortement liée à l’ordonnance, la concurrence directe et la fréquentation moindres, la stratégie commerciale adaptée, souligne Alain Bidanel. En zone urbaine, la clientèle est volatile, l’activité diversifiée, la concurrence directe vive, la stratégie commerciale incitative, la fréquentation importante et diversifiée, les horaires d’ouverture élargis. »

 

Outre la zone géographique et la typologie de l’officine, la qualité de la population, de l’habitat, de l’environnement, les moyens financiers personnels, l’accompagnement financier avec un investisseur ou un booster d’apport sont autant de critères d’orientation des recherches du pharmacien. La taille et le type d’activité de l’officine sont pris en compte pour fixer plusieurs éléments tels que la rémunération, la capitalisation, le rôle du titulaire au sein de la pharmacie (manager, pharmacien au comptoir, gestionnaire, etc.), l’effectif et les incidences d’un sous-effectif (problème de recrutement, renchérissement des salaires, etc.) ou encore la possibilité de prendre des congés.

La taille chausse bien

 

L’achat d’une officine doit être abordé comme l’acquisition d’un outil de travail et non comme une opération exclusivement financière et spéculative. C’est sous cet angle que Serge Gilodi compare l’acquisition de trois pharmacies : une pharmacie de bourg de 1,2 M€ en exercice individuel (prix de cession : 800 k€, 67 % du chiffre d’affaires hors taxe, 4,4 fois l’excédent brut d’exploitation), une pharmacie de quartier de ville moyenne de 1,8 M€, en exercice individuel (prix de cession : 1,5 M€, 83 % du CA HT, 6,5 fois l’EBE) et une pharmacie de centre-ville de grande métropole exploitée en association (prix de cession : 3 M€, 94 % du CA HT, 7 fois l’EBE). Ces trois pharmacies ont un taux de marge brute globale respectivement de 31,7 %, 31,1 % et 31,2 % du CA HT. L’EBE de ces officines est de 14,6 %, 12,8 % et 13,1 % et elles dégagent un bénéfice de 80 k€, 110 k€ et 200 k€. Pour chacune d’entre elles, les titulaires vivent donc décemment de leur travail.