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Visite dans la pharmacie-herboristerie de Guillaume Kreutter
Guillaume Kreutter a choisi de renouer avec les origines du métier en faisant la part belle aux plantes dans son officine située à mi-chemin entre la gare et le centre-ville de Strasbourg. Lauréat du trophée RSE à PharmagoraPlus en mars, il a également développé sa propre marque de tisanes médicinales.
C’est sans doute l’une des plus anciennes officines de Strasbourg, à deux pas du quartier pittoresque de la Petite France. « Elle est en activité au moins depuis 1890 », estime Guillaume Kreutter, 35 ans, qui l’a reprise en 2018 à deux pharmaciennes partant en retraite et qui exerce depuis juin dernier avec une cotitulaire. L’ancien pharmacien hospitalier avait un patronyme prédestiné pour donner à l’officine une nouvelle orientation. En effet, en alsacien, « kreutter » signifie notamment « herboriste ». La devanture du petit immeuble situé en face du pont construit en 1896 et qui mène les voyageurs en provenance de la gare vers le centreville, s’est déjà mise aux couleurs de Pâques en cette mi-mars. Grande marguerite en papier crépon, corbeille d’œufs et figurines de lapins entourent les sachets et les pots en carton de tisanes et de graines de la marque Le Jardin Aroma, lancée dernièrement par le titulaire de la pharmacie-herboristerie du pont Kuss.
Diplômé de la faculté de pharmacie de Strasbourg où il enseigne la phytothérapie, la pharmacognosie et la botanique, Guillaume Kreutter a également un master 2 de pharmacologie clinique, un diplôme universitaire d’éducation thérapeutique, un autre de phytothérapie et une thèse de sciences dans le domaine du diabète. « J’aurais pu continuer à travailler à l’hôpital, faire de la recherche et devenir professeur à la fac, mais pour plusieurs raisons, cela ne s’est pas fait, raconte-t-il. À l’hôpital, je m’occupais beaucoup de gestion et d’administratif. J’avais envie d’être davantage aux côtés des patients – d’autant que je me suis intéressé à l’éducation thérapeutique – et de faire de la phytothérapie ». Après une dizaine d’années d’exercice à l’hôpital et en clinique, « du jour au lendemain » il saute donc sur l’occasion de prendre, seul, une officine en ville. Un choix qu’il ne regrette pas.
Anciennes fioles de teintures-mères
Comme souvent dans les centres-villes anciens, l’espace est limité : 55 m2 de surface de vente et autant en arrière-boutique où des traces des différentes générations de pharmaciens qui s’y sont succédé sont apparues au moment du grand ménage. Ordonnanciers manuscrits portant les marques des bombardements, anciennes fioles de teintures-mères et vieux pots de pharmacie ornent maintenant le minuscule bureau encombré du titulaire. Quant à l’ancienne salle de préparation, elle sert désormais d’espace de stockage où s’empilent grands bacs en plastique et sacs de jute contenant les tisanes en vrac. C’est là que sont préparés les petits sachets de mélanges de tisanes médicinales qui sont vendus sous la marque Le Jardin Aroma. Un tout petit espace de confidentialité a été aménagé dans le second bureau où peuvent notamment être réalisés les vaccinations, les entretiens pharmaceutiques sur le diabète et les entretiens de phytothérapie.
Livraison une fois par jour
La pharmacie est adhérente du groupement Giphar dont Guillaume Kreutter est le président pour le département du Bas-Rhin. « J’ai choisi ce groupement pour l’éthique, parce que c’est une coopérative, explique-t-il. Cela veut dire qu’on travaille pour soi et c’est d’autant plus important, aujourd’hui, avec le risque de financiarisation des officines et les rachats par des fonds de pension. » Il apprécie également de pouvoir faire une commande unique en étant livré une fois par jour, ce qui évite d’avoir à stocker.
Côté public, la pharmacie comporte deux comptoirs côte à côte : l’équipe compte, outre les deux cotitulaires, une adjointe à temps partiel et un préparateur. Les médicaments à prescription médicale facultative sont présentés sur des linéaires derrière les comptoirs. Quelques travaux ont été réalisés en 2020 grâce à un agenceur local, ancien menuisier, qui a réalisé des étagères sur mesure en bois local. Naturellement, les plantes occupent un gros tiers des linéaires de la surface de vente. Pour tous les autres produits, les choix de références ont été calibrés au minimum tout en permettant de répondre à la demande de la patientèle. En cosmétologie, par exemple, la sélection se concentre sur les produits essentiels pour l’hygiène et l’hydratation de la peau. Les autres linéaires de taille équivalente sont consacrés aux articles du puériculture, aux produits d’hygiène et aux dispositifs médicaux essentiels dont les bas de contention.
Trophée RSE
La phytothérapie occupe tout le reste de l’espace de vente – huiles essentielles, extrait de plantes ou tisanes médicinales. « Le gros travail c’est de sélectionner des produits de qualité et d’origine locale, explique Guillaume Kreutter. Pour notre marque, les plantes sont à 80 % françaises et la moitié vient de producteurs alsaciens. » Une cinquantaine de recettes ont été mises au point et sont vendues en petits sachets pour toutes les indications : sommeil, stress, digestion, cycle féminin, immunité, cholestérol, etc. Les plantes médicinales sont aussi proposées en vrac et, depuis quelques mois, sous forme de pots en carton contenant une douzaine de sachets de tisane individuels, ainsi que des graines de plantes aromatiques à semer. « Nous avons ajouté une petite carte pour expliquer comment les faire pousser et comment les utiliser ensuite », décrit le titulaire.
Un site web dédié aux plantes médicinales doit voir le jour prochainement « pour aider les patients à en faire usage, notamment dans des recettes de cuisine, et qu’ils puissent s’initier à l’herboristerie de manière ludique », ajoute le pharmacien, peu avare de son savoir. Cette orientation vers les plantes l’a naturellement conduit à s’intéresser à la démarche de responsabilité sociétale des entreprises (RSE) des officines et pour laquelle il a reçu un trophée lors du salon PharmagoraPlus en mars. Multicasquettes, Guillaume Kreutter a rejoint depuis quelques mois les groupes de travail mis en place par Giphar pour réfléchir aux problématiques de RSE. Il a été secrétaire général de l’union des syndicats de pharmacie d’officine Grand-Est et est toujours élu à l’union régionale des professionnels de santé.
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