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Pénuries de paracétamol : où en est-on ?
Outre l’augmentation de leur production, les industriels s’organisent pour multiplier leurs sources d’approvisionnement et répondre à la pression liée au contexte épidémique. Et pourtant, il faudra attendre encore un peu avant un retour à la normale sur le marché du paracétamol.
« Il n’y aura pas de retour à la normale prochainement », a déclaré Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), lors du point hebdomadaire du syndicat le 6 janvier 2023. Une réunion a en effet eu lieu le 5 janvier avec l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), les représentants des pharmaciens, des médecins, des patients mais aussi des industriels afin de faire le point sur les approvisionnements en paracétamol et en amoxicilline. Avant une autre qui se tiendra le 19 janvier. Concernant le paracétamol, les tensions d’approvisionnement perdurent pour les sirops pédiatriques ainsi que les ruptures pour les formes suppositoires. La situation devrait s’améliorer mais pas dans l’immédiat, sachant qu’il y a 7 jours de décalage entre la production et la livraison aux officines. « Sur les 15 premiers jours de janvier, les officines vont pouvoir être livrées en moyenne de 30 boîtes de paracétamol liquides, mais les besoins sont estimés à 50 boîtes. Nous allons donc avoir des manquants de façon à peu près certaine », observe Philippe Besset. L’ANSM a d’ailleurs mis en ligne un document sur l’état des stocks industriels.
Augmentation de la production
Pourtant, Sanofi et Upsa, les deux laboratoires fabriquant du paracétamol en France, ont augmenté leur production, leurs usines tournant 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Alors, pour quelles raisons les tensions d’approvisionnement en paracétamol persistent-elles ? La situation épidémique en Chine va-t-elle accentuer le phénomène ? « Upsa n’est pas concerné par les pénuries de paracétamol car nous fabriquons 100 % en France dès réception de nos matières premières, répond Laure Lechertier, directrice de l’accès au marché, de la communication, des affaires publiques et de la responsabilité sociétale d’entreprise (RSE). Nous avons ainsi deux usines qui ont produit 265 millions de boîtes de paracétamol en 2022 [pour la France et l’export, NdlR]. Nous avons beaucoup d’agilité et en fonction de la demande, nous sommes capables d’adapter notre outil de production. Nous n’avons pas non plus de problèmes d’approvisionnement en principe actif : nous nous fournissons à hauteur de 85 % aux Etats-Unis. » La deuxième source est la Chine. « Nous n’avons pas de souci particulier », souligne Laure Lechertier. Néanmoins, dans l’attente d’un approvisionnement 100 % français avec l’ouverture de l’usine de Seqens en 2025, le laboratoire va en 2023 diversifier ses sources d’approvisionnement en Inde.
Les labos diversifient leurs sources d’approvisionnement
Le discours est semblable du côté de Sanofi : « Il n’y a pas de rupture de produits à base de paracétamol. Sanofi continue d’assurer un haut niveau de production, notamment sur ses sites de Lisieux et Compiègne pour répondre à la forte hausse de la demande », explique-t-on. L’entreprise met également l’accent sur ses sources fiables d’approvisionnement : « La situation en Chine n’a pas d’impact sur nos capacités de production à ce stade. Nous avons des contrats d’approvisionnement robustes avec plusieurs fournisseurs dans différents pays qui nous permettent de sécuriser notre approvisionnement en principe actif. Outre la Chine, notre organisation d’approvisionnement comprend l’Inde, la Turquie et les Etats-Unis. Nous avons des plans de continuité en place avec nos fournisseurs qui permettent d’équilibrer géographiquement notre approvisionnement en cas d’évolution de la situation. » Et de préciser que « pour la solution pédiatrique, l’approvisionnement en principe actif se fait exclusivement en Turquie et aux Etats-Unis ».
Une demande française boostée par la triple épidémie
La raison avancée par les deux industriels est la triple épidémie – Covid, bronchiolite et grippe – qui sévit en France et entraîne une forte demande pour les spécialités de paracétamol, adultes ou enfants. En 2022, 476 millions de boîtes de paracétamol, adultes et enfants, toutes formes confondues, ont été vendues, contre 426 millions en 2021. « Concernant notre solution pédiatrique, la demande sur le seul mois de décembre est sans précédent avec la livraison de plus 3,8 millions d’unités en décembre 2022. Jamais nous n’avions mis sur le marché autant de volumes de solution pédiatrique en un seul mois, constate-t-on chez Sanofi. A titre de comparaison, nous avions livré 1,8 million d’unités en décembre 2021. Le précédent record remonte à mars 2020 avec 2,7 millions d’unités livrées. Sur l’ensemble de l’année 2022, les commandes de la part des pharmacies ont augmenté de plus de 40% par rapport à 2021. » Or, Sanofi est leader sur le marché du paracétamol pédiatrique, la part de marché d’Upsa n’étant que de 2 % (29 % pour le paracétamol adulte), même si l’entreprise a doublé sa production, passant de 1 million d’unités fabriquées en 2021 à 2 millions en 2022. Comme l’a résumé Philippe Besset : « Les semaines à venir risquent d’être compliquées. »
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