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Reconversion : quand les titulaires d’officine changent de voie
La reconversion professionnelle a le vent en poupe depuis quelques années. Et les titulaires d’officine ne font pas figure d’exception. « Je constate qu’il y a actuellement davantage de reconversions de la part des titulaires qu’il y a dix ans car le métier se complexifie, avec des normes administratives de plus en plus contraignantes, un comportement inadmissible de certains clients et les collaborateurs à manager », observe Pascale Hauet, pharmacienne et fondatrice de Pragmatic RH, cabinet de conseil et coaching en ressources humaines (RH) à destination des pharmacies. Avant d’ajouter : « Cela concerne toutes les tranches d’âge, et en particulier les 50/55 ans qui ont encore plusieurs années à faire mais qui n’ont plus envie de les passer en tant que titulaires. »
Sortir du cadre
Un ras-le-bol ressenti il y a quelques années par Maryline Steenkeste, ancienne titulaire d’une pharmacie près de Lille, dans le nord de la France. « Je me suis lancée en 2003 à l’âge de 28 ans et j’ai exercé en tant que titulaire pendant 12 ans », raconte-t-elle. Après avoir été confrontée à des soucis de santé, elle décide de jeter l’éponge en 2015. « Ayant une toute petite officine, je travaillais 70 heures par semaine, du lundi matin au samedi après-midi. Je me suis dit que je ne pouvais pas faire cela toute ma vie, d’autant que j’étais maman de deux jeunes enfants. Lorsque j’ai vendu ma pharmacie, j’ai eu l’impression d’être libérée de prison », explique-t-elle. Elle réalise d’abord quelques remplacements en officine, puis devient responsable parapharmacie dans un centre commercial. Elle prend, au fil des années, des responsabilités et occupe à présent la fonction de directrice des concepts dans un centre E.Leclerc. « Je supervise sept entités avec plus de 50 personnes à manager. Il s’agit d’un poste à forte responsabilité que j’ai pu exercer grâce à ma précédente expérience de titulaire qui m’a aidé à acquérir un certain nombre de compétences en gestion d’organisation », déclare-t-elle.
Prime à la reconversion
Cet exemple l’atteste : les titulaires peuvent faire valoir des compétences et des connaissances très utiles pour d’autres métiers. À commencer par les professions liées au bien-être et à la santé alternative, comme naturopathe ou encore aromathérapeute. Autre piste de reconversion : le coaching et la formation. À l’instar de Pascale Hauet, qui a d’abord exercé en tant que titulaire d’officine avant de se reconvertir en coach RH pour les pharmacies. « J’avais un double diplôme en pharmacie et ressources humaines, ce qui m’a permis de basculer vers un poste de directrice RH au sein d’une entreprise, avant de lancer ma propre structure », relate-t-elle. Les titulaires de pharmacie ont aussi la possibilité de travailler au sein des groupements pharmaceutiques, notamment dans l’animation des réseaux d’adhérents. « Certains titulaires peuvent se diriger vers la répartition pharmaceutique. Les grossistes ont besoin de pharmaciens diplômés donc il s’agit d’une voie de reconversion possible », indique Thibault Winka, directeur général de Team Officine, plateforme de recrutement en pharmacie. Leur expérience de chef d’entreprise acquise en tant que titulaire leur permet également d’être à l’aise dans la création d’entreprise.
Le choix du salariat
Certains titulaires font des choix moins radicaux, et décident d’exercer leur métier en tant que salarié, sans le stress relatif à la gestion d’une officine. « Il n’est pas rare que des titulaires en fin de carrière décident de vendre leur officine pour faire du remplacement en pharmacie, afin d’aller jusqu’au bout de leur vie professionnelle de façon moins stressante », confirme Thibault Winka. En revanche, basculer vers d’autres métiers de la pharmacie, comme pharmacien hospitalier ou pharmacien biologiste est peu fréquent, car cela nécessite une formation complémentaire. « De même, il n’y a pas souvent de passage de l’officine vers l’industrie, car l’industrie est aussi très contraignante en termes de stress », analyse Pascale Hauet.
Comment s’y prendre ?
Si certaines reconversions semblent plus évidentes que d’autres pour les titulaires, un changement de cap professionnel reste propre aux aspirations de chacun. Lorsque l’envie est présente, il convient de ne pas se précipiter et d’y aller par étapes. Une des premières choses à faire est de réaliser un bilan de compétences. « Il s’agit d’un travail d’introspection qui permet de mieux se connaître, comprendre ses envies et de poser des bases », indique Julie Krantz, coach experte en reconversion professionnelle. Il est ensuite essentiel de bien redéfinir ses objectifs sur la base de ce travail d’introspection. « Lors de cette première phase, il est important de ne pas se mettre de barrière et de lever les points de blocage comme la peur financière ou le fait de devoir reprendre des études, pour explorer de nouvelles pistes », relate Julie Krantz. L’experte conseille ensuite de réaliser une enquête métier, qui consiste à interroger des personnes pratiquant les professions repérées afin de conforter, ou d’invalider, son choix. « Une fois le projet défini, il faut mettre en œuvre un plan d’action (recherche de dispositifs de financement, réalisation d’une formation, recherche d’emploi, etc.). Il est aussi essentiel d’avoir un plan B, voire un plan C », préconise-t-elle. La motivation et une bonne organisation sont essentielles pour aborder sereinement de nouveaux horizons professionnels.
La reconversion fait de l’œil à de nombreux actifs
Selon une étude menée auprès de 826 actifs par les plateformes d’emploi Hellowork et de formation Maformation, la démission serait une étape pivot dans de nombreux parcours de réorientation.
- Ainsi, sur 535 personnes ayant déclaré avoir quitté leur emploi au cours des cinq dernières années, 44 % étaient directement motivées par un projet de reconversion.
- Parmi les 826 répondants, 440 ont déjà franchi le cap de la reconversion, tandis que 386 envisagent de le faire prochainement. 40 % ont trouvé cette expérience difficile, parmi lesquels 15 % l’ont même jugée très difficile.
- Cependant, la durée du changement de cap professionnel reste relativement brève : 67 % des reconversions sont achevées en moins d’un an, confirmant une tendance à des processus de changements professionnels rapides.
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