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Nutricosmétique : le collagène fait sa révolution en pharmacie
Le collagène est devenu l’ingrédient phare du moment, en cosmétique, comme en nutricosmétique. « D’abord apparu en Asie, où l’on consomme également des plats au collagène, puis aux États-Unis, le collagène à boire a été introduit sur le marché français essentiellement à la sortie du Covid-19 », indique Pascale Brousse, fondatrice de Trend Sourcing. Sa promesse anti-âge, avec sa prise simplifiée, fait mouche et séduit toutes les tranches d’âge jusqu’à la génération Z qui en consomme pour stimuler sa production avant même qu’elle ne commence à décliner, afin de retarder l’apparition des rides (une approche préventive qui consiste à stocker cet ingrédient, nommée « collagene banking »).
Pour rappel, dès 25 ans, la production de cette protéine, présente dans la peau, les os, les tendons, le cartilage et les ligaments, décline avec l’âge. Par exemple, la peau perd, en moyenne, 1 % de collagène chaque année. D’origine marine, animale ou vegan, le collagène à ingérer, pour ralentir les effets du vieillissement de la peau et prévenir les douleurs articulaires (on trouve aussi quelques références « minceur » et « ménopause »), est passé sous les feux des projecteurs. « Ses bienfaits sont facilement compréhensibles », relève notre interlocutrice. Résultat : le marché s’emballe.
Un marché en prise de masse
La pharmacie profite pleinement de cette tendance. Réalisant un chiffre d’affaires de 40 millions d’euros, ce circuit enregistre un bond de + 77 %, en valeur (source OpenHealth Company, cumul annuel mobile, fin 2024). « Il a progressé de 20 millions sur les 12 derniers mois », indique Leslie Martin, directrice marketing au sein du groupe Ea Pharma, en charge de la marque Granions. Qu’on se le dise : « Il ne s’agit pas d’un phénomène de mode, toute la filière s’y met. Depuis 24 mois, un grand nombre d’acteurs du complément alimentaire se sont positionnés sur ce marché promis à plusieurs années de croissance », précise Nicolas Grélaud, directeur général d’OpenHealth Company. Les lancements s’enchaînent et ne se ressemblent pas forcément. Parmi les plus récents, citons Collagène Beauté des 3 Chênes, une version vegan, Collagène Peptides saveur cacao de Vital Proteins, qui décline son best-seller en variante cacaotée, ou encore Collagène+ Beauté de Granions en shot, format nomade, également adopté par la marque Oenobiol (gamme Derma Expert).
À plusieurs, on est plus fort
« En officine, les trois quarts de l’offre développent une visée beauté (peau, cheveux), le quart restant ciblant les articulations, un segment légèrement en déclin, reboosté par l’explosion du marché », reprend Nicolas Grélaud. Pour les références porteuses d’une allégation explicite (anti-âge, articulations, croissance et densité des cheveux, etc.), les formules associent au collagène d’autres ingrédients pour optimiser leur efficacité. Cette alliance synergique forme une tendance forte. Citons le lancement récent du produit Collagen Silicium (avec de la silice naturelle issue de bambou), goût fruits rouges, pour le confort articulaire, sous la marque Biocyte, précurseure et clé du marché (rachetée par Havea), qui se distingue avec sa référence Collagen Flex goût agrumes. Au sein de la sphère de produits estampillés « beauté », « on observe actuellement une ultrasegmentation de l’offre, comme en dermocosmétique, avec plusieurs dosages (2 grammes, 5 grammes, plus de 10 grammes) selon l’effet recherché : hydratation, anti-âge, etc. », souligne Leslie Martin, directrice marketing chez Ea Pharma. Numéro 1 du collagène aux États-Unis, la marque Vital Proteins pousse ses dosages jusqu’à 20 grammes.
Scientifiquement prouvé ?
Développant une action globale, les formules généralistes séduisent tout autant les consommateurs : « Elles permettent de toucher une cible plus large de consommateurs, habituellement féminine, dont les sportifs et les seniors », poursuit notre interlocutrice, citant le succès commercial rencontré par le produit Collagène+ Multi (à base de cinq types de collagène), en comprimés et en poudre, des laboratoires Granions, acteur leader du marché avec 40 % de parts de marché, en valeur (source fabricant). Autre fleuron généraliste, parmi les best-sellers du marché : Collagène Pro sous la marque Aragan (groupe Havea), à base de membrane de coquille d’œuf, riche en collagène, élastique et acide hyaluronique. Face aux critiques émises quant à l’efficacité réelle des produits, le secteur se barde de tests cliniques et de bénéfices scientifiquement prouvés. De quoi creuser encore plus le sillon…
À boire et à manger
Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’innovation galénique est de mise sur ce marché en pleine expansion. Les formes solides (comprimés, comprimés à croquer, gélules, barres, gummies) se doublent de solutions orales (préparations en poudre à diluer, ampoules, sticks, flacons, shots) qui drivent le secteur. Si les poudres représentent l’essentiel des ventes (59 % de parts de marché, en valeur, cumul annuel mobile décembre 2024, source : OpenHealth Company), les liquides à boire, en dépit de leur faible poids (6 %, en valeur) surperforment (+ 67 %, en valeur, OpenHealth Company). Une gestuelle qui démocratise et banalise un peu plus la prise de collagène. Il est d’ailleurs désormais possible de s’installer autour d’une table pour déguster son smoothie ou son latte enrichi au collagène au 48 Collagen café, dédié au bien-être de la peau, à Paris, dans le 9e arrondissement. Ou, plus simple, de se servir, chez soi, un café bio au collagène en glissant dans sa machine à café une capsule Holidermie. Avis aux amateurs.
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