Cambriolages en officine, mutation du luxe, MDD en force… Les actus retail du mois

Sécurité en officine : la vigilance s’impose

Securitas Technology, spécialiste des systèmes de sécurité électronique, tire la sonnette d’alarme face à la recrudescence des cambriolages et actes de malveillance qui visent les pharmacies. En trois ans, ces faits ont augmenté de 17 %, mettant en péril à la fois les stocks de produits et la sérénité des équipes officinales. Une tendance préoccupante, portée par la crise économique et la hausse du coût de la vie. « Aujourd’hui, les pharmacies proposent une large gamme de produits, notamment une offre parapharmacie avec plus de produits plaisir, ce qui peut davantage inciter à passer à l’acte. Le pharmacien est souvent occupé par la délivrance des ordonnances et ne peut donc pas surveiller en permanence les rayons. Il est essentiel et rassurant pour tous de mettre en place des solutions adaptées », souligne Agnès Praden, cotitulaire de la pharmacie éponyme à Alès.

Luxe : de l’exclusif au collaboratif 

Le luxe serait-il rattrapé par la crise ? Longtemps épargnée, l’industrie commence en effet à marquer le pas. D’après Influencia (groupe spécialisé dans l’innovation et les tendances du marché de la communication, à destination des acteurs de la publicité, du marketing et des médias), seul un tiers des maisons de luxe devraient connaître une croissance en 2024, contre 95 % en 2021-2022. Rapport qualité/prix remis en cause, soupçons de greenwashing… Les consommateurs deviennent plus exigeants et repensent leurs achats. Mais une nouvelle génération d’Affluents* bouscule les règles du jeu. Ces jeunes, davantage attirés par les expériences que par la possession, détournent les circuits traditionnels : seconde main, location, et maintenant « co-luxing ». Cette nouvelle forme de consommation collaborative consiste à réaliser des achats groupés entre amis pour profiter ensemble d’un bien de luxe. Selon une étude menée par Kantar en partenariat avec Altiant via le panel propriétaire LuxuryOpinions, 17 % des répondants déclarent être adeptes de ces nouvelles pratiques. Et ces dernières ne sont pas seulement le fait des jeunes générations : elles influencent aussi les plus âgés, témoignant d’un changement de fond dans l’approche du luxe.

*600 Affluents & HNWI (High Net Worth Individuals, c’est-à-dire possédant un patrimoine élevé) dans quatre pays (France, États-Unis, Chine, Émirats arabes unis).

Sport 2000 devient Céraclès Coopérative 

La coopérative multi-enseignes change de nom et devient Céraclès Coopérative Entrepreneurs Commerçants, affirmant ainsi son rôle de marque ombrelle. Avec plus de 700 points de vente répartis sous différentes enseignes, le groupe capitalise sur une diversité d’expertises : Mondovélo, Sneakers Specialist, Ekosport Rent et, bien sûr, Sport 2000 sont autant de piliers qui soutiennent sa croissance et sa notoriété. Ce changement d’identité s’accompagne d’une feuille de route ambitieuse : le plan Sprint 2030 vise à porter le réseau à 1 000 magasins, à franchir le cap de 1,3 milliard d’euros de chiffre d’affaires (contre 831 millions en 2024) et à accélérer sa stratégie omnicanale.

Enseignes : les lauréats 2025 sont…

Chaque début d’année, EY-Parthenon publie son classement des enseignes préférées des Français, offrant ainsi une photographie précieuse de l’état de la distribution dans l’Hexagone. Action réitère son exploit en conservant la première place toutes catégories confondues, avec un record historique de taux de fans à 48,8 % – un niveau jamais atteint depuis la création de l’étude. L’enseigne devance deux habitués du podium : Leroy Merlin (40 %) et Decathlon (36,2 %). Le reste du top 10 évolue peu, si ce n’est Grand Frais qui détrône Amazon (catégorie « Biens culturels ») à la 10ᵉ place. Par secteur d’activité, Sephora s’impose comme la référence incontestée, plébiscitée par toutes les tranches d’âge, de revenus, de genre et de zones géographiques, devant Nocibé, Yves Rocher, Marionnaud et Aroma-Zone, qui complète le top 5. Dans un communiqué, EY-Parthenon résume : « L’image prix reste bien sûr le combat essentiel face à la pression maintenue sur le pouvoir d’achat des ménages : près de 85 % des répondants reconnaissent modifier leurs comportements, en premier lieu par la chasse aux promotions/bons plans, puis par la baisse des volumes achetés, le report vers des produits moins chers (incluant les marques de distributeur) et bien sûr, vers la seconde main. »

MDD : regain discret, impact durable

Selon Olivier Dauvers, expert de la distribution, « les marques de distributeur (MDD) ont à nouveau grappillé des parts de marché, mais plus modestement que les années précédentes, en raison de la fin de la période d’hyperinflation. Elles bénéficiaient alors de la descente en gamme des achats ». Un constat appuyé par les chiffres : à court terme, les MDD s’imposent comme les grandes gagnantes de la consommation. Elles enregistrent une progression continue depuis quatre ans, et atteignent 35,7 % de parts de marché. « Les MDD retrouvent quasiment leur niveau d’il y a dix ans. À l’époque, la guerre des prix sur les marques nationales, déclenchée par Casino en 2013, avait réduit leur compétitivité. L’écart de prix s’était resserré, au profit des marques nationales », explique l’expert. Le retour de l’inflation en 2022 a changé la donne, repositionnant les MDD comme une valeur refuge. Résultat : leur part de marché s’est envolée… mais reste encore bien en deçà de la moyenne européenne. La France n’occupe que la 9ᵉ place sur 28 (Union européenne + Royaume-Uni). En valeur dans les paniers des consommateurs, les MDD représentent 65 % des surgelés salés, 48 % des produits d’entretien, et 32 % de l’hygiène-beauté. E.Leclerc conserve sa place de premier vendeur de MDD, devant Carrefour, le Groupement des Mousquetaires et Système U.

Plan social chez Gifi 

Le spécialiste du bazar à petits prix traverse une zone de turbulences. Gifi a annoncé la fermeture prochaine de 11 magasins dans le cadre d’un plan de sauvegarde de l’emploi, mettant en péril près de 300 postes. Fragilisée par deux années difficiles, l’enseigne avait déjà sollicité, en janvier dernier, un échelonnement de sa dette.

Droits de douane : 90 jours chrono 

Les ministres des Finances de l’Union européenne ont affirmé leur volonté de rester soudés face aux États-Unis pendant les 90 jours de suspension des droits de douane réciproques décidée par Washington le 9 avril dernier. Selon Valdis Dombrovskis, commissaire européen à l’Économie, l’impact des taxes américaines sur l’économie européenne serait limité à 0,2 % du produit international brut (PIB) d’ici 2027 si ces mesures restent temporaires et sans riposte. Les États-Unis, en revanche, pourraient enregistrer une baisse de croissance comprise entre 0,8 et 1,4 %. Mais compte tenu de l’imprévisibilité du président américain, l’Europe sait que ce sursis pourrait vite se transformer en nouvelle tempête commerciale.